À 24 ans, Isaac Girardin n’est pas seulement expert en maniement de bâtons de jonglage. Il est également renommé au Manitoba pour être le spécialiste de leur fabrication.
La passion d’Isaac Girardin, alias le Jester, pour les bâtons de jonglage, ou comme il les appelle, les Jest Stix, est une histoire en pointillés qui remonte à son enfance.
« La première fois que j’ai eu des bâtons de jonglage, j’avais sept ans, se souvient le jeune fabricant de Jest Stix de 24 ans. C’était mon anniversaire et c’était très populaire en Amérique du Nord à ce moment-là, alors le chum de ma cousine m’en avait achetés. »
Isaac Girardin habitait alors à Churchill et il était le seul de ses amis à avoir des bâtons de jonglage. Il a appris tout seul à faire quelques figures, mais ses bâtons ont finalement été détruits et il a oublié son passe-temps.
Toutefois, à 18 ans, Isaac Girardin a eu l’occasion de remanier des bâtons de jonglage à Istanbul, en Turquie, alors qu’il était en vacances. « J’étais en auberge de jeunesse et mon colocataire en avait, explique-t-il. Je les ai essayés et les tours me sont revenus assez vite. Les quelques jours suivants, je n’ai fait que jouer avec ces bâtons. J’ai eu beaucoup de fun, donc quand je suis retourné au Canada, ma priorité a été de racheter des bâtons de jonglage! »
Le jeune adulte est alors parti à la rencontre de divers spécialistes des bâtons de jonglage, notamment au Québec, afin d’améliorer sa technique. « Les bâtons de jonglage sont alors devenus très importants dans ma vie, confie Isaac Girardin. Ça devenait pour moi un choix de carrière. J’ai rejoint un club de jonglage car je voulais aller plus loin.
« J’ai aussi commencé à m’intéresser de près à l’histoire des bâtons de jonglage et aux différents types de bâtons existants », ajoute-t-il.
Fabricant
Isaac Girardin ne prévoyait pas se spécialiser dans la fabrication de bâtons de jonglage, mais le destin a décidé pour lui. « Quand je suis retourné au Manitoba, à Brandon, en 2009, personne ne connaissait les bâtons de jonglage là-bas et très peu à Winnipeg, et personne n’en vendait, raconte-t-il. Or mes bâtons s’abîmaient.
« Comme j’avais déjà une bonne collection de bâtons achetés à Montréal en exemple, et que j’avais vu faire des fabricants, j’ai décidé d’essayer de les faire moi-même, poursuit-il. J’ai fait beaucoup de recherche sur Internet pour trouver du bon bois, de la bonne silicone et une bonne matière adhésive. Mes premiers bâtons ont fonctionné au moins aussi bien que ceux que j’avais avant. »
En plus de cinq heures, il a fabriqué 11 sets de bâtons de jonglage, comprenant chacun un bâton de jonglage et deux bâtons manuels, dans le but d’en revendre dix lors d’une foire artisanale à Brandon.
« J’avais tout vendu en moins de deux heures, et j’avais gagné plus de 200 $, se rappelle-t-il. Ça m’a fait réaliser que je pourrais gagner de l’argent à faire ça, au moins à temps partiel. De plus, ça me donnait l’occasion de partager ma passion pour les bâtons de jonglage. »
Depuis 2011, la fabrication de bâtons de jonglage est donc devenue l’activité professionnelle principale d’Isaac Girardin. « Je fabrique des nouveaux sets toutes les semaines, indique-t-il. Sur une année, j’en crée entre 1 500 et 2 000 sets. Je les vends surtout lors de festivals, où je donne en même temps des cours de jonglage gratuits, et je visite les écoles. » (1)
Par ailleurs, plusieurs magasins au Manitoba vendent désormais ses Jest Stix, et il commence à se faire connaître en Saskatchewan et en Ontario.
Rentable
Et s’il a perdu un peu d’argent au début de son commerce, Isaac Girardin assure qu’aujourd’hui, ses affaires marchent très bien. « Je perdais de l’argent au début car je passais trop de temps à les fabriquer et je n’osais pas les vendre trop cher, mais maintenant, j’ai de très bons prix de mes fournisseurs car je leur achète beaucoup de matière et je vends bien mes Jest Stix, donc je fais du profit, se réjouit-il. Je gagne à peu près le salaire annuel d’un enseignant en début de carrière, parfois davantage. »
Il explique cette réussite par la qualité de ses Jest Stix. « Je suis le seul au Manitoba à m’être spécialisé dans la fabrication de bâtons de jonglage et à faire autant attention à tous les détails, affirme Isaac Girardin. Par exemple, j’ai cherché pendant des mois la bonne silicone, et je travaille toujours à améliorer mes créations. »
La silicone est en effet l’un des éléments qui font une différence de qualité entre ses bâtons de jonglage et ceux d’autres fabricants. « Beaucoup de fabricants utilisent de la gomme noire, mais je préfère la silicone car ça accroche mieux », explique-t-il. Un autre élément est le poids qu’il place aux extrémités du bâton. « C’est la chose la plus importante dans le bâton, et j’ai beaucoup travaillé sur cette question », conclut-il.
(1) Info. et prix : www.skilltoys.ca.
Camille SÉGUY | Journaliste
