Le journal communautaire en français de Sainte-Anne, Kes Kis Passe, doit se remettre en question après avoir perdu son plus gros donateur. Le volet financier n’est qu’un défi parmi plusieurs pour les journaux locaux.

La rédactrice en chef du Kes Kis Passe, Diane Connelly, tire la sonnette d’alarme sur le besoin de soutien du journal communautaire pour faire face à ses défis financiers.

Lancé en septembre 2006 par le Comité culturel de Sainte-Anne et imprimé à 600 exemplaires tous les mois, le journal local en français de Sainte-Anne, le Kes Kis Passe, connaît aujourd’hui des difficultés financières.

« Depuis le début, on recevait chaque année un don de 1 000 $ de notre donateur principal, mais cette année ils ont décidé de ne plus nous donner d’argent car ils ont redéfini leurs critères de dons », explique la rédactrice en chef du Kes Kis Passe et membre du conseil d’administration du Comité culturel de Sainte-Anne, Diane Connelly.

« Sur un budget annuel global d’environ 5 000 $, c’est pour nous une grosse perte, poursuit-elle. Après les commandites et les dons individuels, le Comité culturel pouvait couvrir les frais restants car ils n’étaient que de 50 ou 60 $, mais on ne pourra pas donner 1 000 $. »

Le Comité culturel a déjà pensé à des solutions, dont utiliser le Fonds communautaire Sainte-Anne à Francofonds, qui lui appartient, mais ça ne couvrirait qu’à peine la moitié de la somme perdue.

Sonnette d’alarme

Diane Connelly garde toutefois espoir que la situation s’arrangera. « On n’en est pas à décider d’arrêter le Kes Kis Passe, mais on veut tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard, confie-t-elle. On veut que les gens se rendent compte que tout n’est pas acquis pour garder un journal et qu’ils s’impliquent dans sa survie. »

Dans le numéro d’avril 2012, le Kes Kis Passedemande à la communauté son avis sur ce qu’il faudrait faire pour se sortir des défis actuels. Le Comité culturel espère de l’aide financière, mais aussi humaine. « Ce serait le fun d’avoir un comité du journal dans la communauté, au lieu de tout laisser faire au Comité culturel, estime Diane Connelly. Le Kes Kis Passe est un outil important qui appartient à la communauté, pas au Comité culturel. »

Le Comité culturel a déjà approché la Corporation de développement communautaire (CDC) qui se dit prête à l’aider, si ce n’est financièrement, au moins pour aller chercher des dons. « La CDC a dit qu’elle pourrait faire pression sur la Ville de Sainte-Anne pour nous », rapporte Diane Connelly. Le Kes Kis Passe a jusqu’à juin prochain pour prendre une décision sur son avenir. « J’ai l’impression qu’on va continuer encore pendant un an, le Comité culturel absorbant les coûts, mais si aucun organisme ne vient à notre secours, alors on risque d’arrêter la publication », conclut la rédactrice en chef.

Solutions d’ailleurs

La survie des petits journaux locaux comme le Kes Kis Passe est un défi pour plusieurs d’entre eux, et chacun développe ses propres solutions pour y faire face.

À Saint-Léon par exemple, Le Montagnard a haussé de 2,50 $ le prix de son abonnement pour combler son manque à gagner en 2010. « Ça a suffi et on n’a pas perdu d’abonnés, se réjouit la présidente du Montagnard, Marie Labossière. On a aussi beaucoup d’annonces publicitaires de nos organismes. On n’a pas trop à se plaindre. »

Elle remarque par ailleurs que le plus grand défi du Montagnard n’est pas financier, mais plutôt de « trouver une relève pour me remplacer, car j’aurai bientôt 79 ans ».

À La Broquerie, Le Papier de chez nous était presque en déficit quand sa rédactrice en chef actuelle, Joan Ouellette, est entrée en poste en 2011. « On a poussé pour avoir plus d’annonces, se souvient-elle. On a eu une bonne réponse de la communauté. Ça va mieux maintenant, mais c’est un travail constant et difficile à bien faire quand on est tous bénévoles et qu’on n’a pas toujours le temps. »

Quant à Saint-Pierre-Jolys et Saint-Malo, chaque village avait jusqu’au début des années 2000 son propre bulletin géré par sa Chambre de commerce, mais les factures pour chacun devenaient de plus en plus difficiles à payer.

« En 2002, j’étais la présidente de la Chambre de commerce de Saint-Pierre-Jolys et je m’inquiétais pour la survie de notre bulletin, le BCR Chaboillé, raconte la rédactrice en chef actuelle des pages de Saint-Pierre-Jolys, Rachelle Edmunds. On finançait tout au fur et à mesure, on n’avait aucun fonds disponible d’avance.

« J’ai donc proposé qu’on jumelle les deux bulletins de Saint-Pierre-Jolys et Saint-Malo en un seul journal mensuel, poursuit-t-elle. On est aussi allés chercher des commanditaires prêts à payer d’avance pour l’année. »

Les discussions entre les deux Chambres de commerce ont eu lieu en 2002 et la fusion des deux journaux a commencé en 2003. Les deux communautés gardent chacune un côté du journal mais elles partagent les coûts de publication.

« Ce jumelage a très bien été accepté par les deux commu­nautés et on n’a maintenant plus d’inquiétudes financières, conclut Rachelle Edmunds. Et depuis février 2012, les deux côtés du bulletin ont même adopté un nom identique, le Chambers’ Bulletin. »

 

Camille SÉGUY | [email protected]