Le gouvernement du Manitoba a déposé un projet de loi visant à augmenter les frais de scolarité des universités, tout en promettant qu’ils resteraient parmi les moins chers au Canada.

La Liberté ACTUEL
Nicolas Audette, président de l’Association des étudiants de l’Université de Saint-Boniface.

Dans leur dernière campagne électorale provinciale, les Néo-démocrates avaient proposé d’augmenter les frais de scolarité des universités au même niveau que l’inflation, soit 2,8 % pour la prochaine année. Chose promise, chose due, ils ont déposé le 10 mai dernier un projet de loi en ce sens.

« Nos frais de scolarité sont parmi les plus bas au pays et nous comptons bien rester parmi les provinces où l’éducation postsecondaire est la plus accessible, explique la ministre de l’Enseignement postsecondaire et de l’Alphabétisation, Erin Selby. Nous voulons aussi que nos étudiants viennent à l’université pour leur désir d’apprendre, et pas seulement parce que ce n’est pas cher. »

La hausse est devenue nécessaire pour assurer un enseignement et des services de qualité, assure-t-elle. Elle ne croit toutefois pas que cette mesure affectera l’accessibilité aux études, car plusieurs autres programmes sont en place pour aider à réduire la facture des étudiants. « Quand nous sommes arrivés au pouvoir en 1999, il n’y avait qu’un système de prêts, alors nous avons ajouté un programme de bourse et nous l’augmentons chaque année, dit-elle.

« Nous offrons aussi à tous les Manitobains ainsi qu’à tous ceux et celles qui viennent étudier au Manitoba un remboursement de l’impôt sur le revenu représentant 60 % des frais », ajoute-t-elle.

Si le projet de loi est accepté par l’Assemblée législative, la hausse entrera en vigueur dès le semestre d’automne.

Certains détails à revoir

Du côté des étudiants, on préfère étudier le projet de loi avant de se positionner officiel­lement. « Nous travaillons de concert avec les autres associations étudiantes du Manitoba pour analyser le projet de loi et voir ce qui nous convient et ce qui ne nous convient pas, explique le président de l’Association étudiante de l’Université de Saint-Boniface, Nicolas Audette.

« Mais déjà, il y a certaines choses qui nous surprennent un peu, comme le gel au taux d’inflation qui n’en est finalement pas vraiment un », avance-t-il.

En effet, selon les documents remis aux associations étudiantes, si l’augmentation des droits de scolarité dépassait le taux d’inflation, le montant en surplus serait déduit du financement du gouvernement aux universités.

« Au final, ça ne change rien pour les universités, le gouver­nement peut économiser en donnant moins d’argent aux universités et ce sont nous, les étudiants, qui paierons plus, précise Nicolas Audette. Ce sont des détails comme ceux-ci qu’on aimerait revoir avec la ministre. »

Une rencontre était d’ailleurs prévue entre Erin Selby et les associations étudiantes cette semaine.

Les droits de scolarité en chiffres

Le Manitoba se classe au troisième rang des provinces ayant les plus faibles frais de scolarité. La moyenne s’établit à 3 500 $ par année, mais il peut y avoir un très grand écart selon le programme d’études. Ce sont aussi les univer­sités elles-mêmes qui fixent leurs frais. Par exemple, une année en droit à l’Université du Manitoba coûte environ 9 300 $, alors qu’une année en arts coûte approximativement 3 400 $.

Ailleurs au pays, les droits de scolarité s’élèvent en moyenne à 6 000 $ en Ontario (les plus élevés) et à 2 500 $ au Québec (les plus bas). Le Québec vit d’ailleurs une vague de protes­tation sans précédent qui vise à faire reculer le gouvernement sur la décision d’augmenter de 82 % les droits de scolarité sur sept ans.

 

Vincent RÉGIS | Journaliste à La Liberté | Contact