L’école du Ballet royal de Winnipeg compte une poignée de danseurs francophones ou francophiles, mais ils sont encore peu nombreux.
Seul francophone de son année, le Franco-Ontarien d’Ottawa, Philippe Jacques, a obtenu cette année son diplôme de l’école du Ballet royal de Winnipeg (RWB), après un cursus académique classique jusqu’en 11e année puis trois ans d’études de danse à Winnipeg.
Le danseur aujourd’hui âgé de 20 ans a choisi le RWB pour « la réputation de l’école et la très bonne ambiance qui y règne, raconte Philippe Jacques. Le RWB est connu dans le monde entier. Quand j’ai eu l’opportunité de travailler pendant un mois avec les professeurs de l’école du RWB, lors des auditions, et j’ai tout de suite eu envie de revenir.
« Personne d’autre que moi ne parlait français à l’école du RWB, à part quelques élèves qui disaient juste quelques mots, remarque-t-il toutefois. De même, certains professeurs pouvaient un peu parler français, mais la majorité de nos cours étaient en anglais. J’ai même un peu perdu mon français à cause du manque de pratique! »
Pour sa part, le Franco-Manitobain de 11 ans, Michel Lavoie, vient de terminer sa première année à l’école du RWB. Ses cours se sont déroulés uniquement en anglais, même si « on pouvait parler français avec certains professeurs », affirme-t-il.
Lui aussi était presque le seul à pouvoir s’exprimer en français dans sa promotion, mais sa passion de la danse était plus importante pour lui. « J’ai toujours rêvé d’être dans la division professionnelle du RWB, confie Michel Lavoie. En 2011, j’ai auditionné pour Casse-Noisette car c’était la dernière fois que je pouvais le faire. En 2012, je serai trop vieux!
« J’ai alors découvert que j’aimerais vraiment être sur scène pour danser, devant beaucoup de personnes », poursuit-il. Il a donc intégré l’école du RWB et il prévoit y rester sept ans.
Tremplin vers ailleurs
Si ces deux jeunes danseurs francophones ont choisi d’étudier la danse à Winnipeg, ils n’aspirent pas pour autant à y faire leurs carrières de danseurs professionnels.
« Mon plan est de rester à Winnipeg pendant quelques années pour danser, puis je voudrais essayer d’autres écoles de danse dans le monde, notamment des écoles d’été, confie Michel Lavoie. Je voudrais aller au Ballet national du Canada et en Europe, mais je devrai travailler fort tous les jours car c’est très difficile! »
Philippe Jacques sait, lui aussi, qu’il ne fera certainement pas carrière au RWB. « Je suis plus intéressé par le ballet contemporain, avec des structures plus libres, explique-t-il. Mon corps bouge plus facilement sur du contemporain, or le RWB est d’habitude plutôt basé sur le ballet classique.
« Je ne me ferme pas de portes, assure-t-il, mais j’aimerais plutôt danser au Ballet BC, au Ballet jazz de Montréal ou encore dans une compagnie de ballet contemporain aux États-Unis. »
Une relève
Philippe Jacques rapporte cependant qu’un quart de sa classe de diplômés de l’école du RWB veulent faire carrière au RWB, soit trois sur 12. De plus, huit étudiants de la classe, dont les trois qui souhaitent rester danser à Winnipeg, reviendront au RWB dès 2012-2013 pour intégrer le programme des aspirants de l’école du RWB.
Lui-même en fera partie. « Le programme des aspirants me permettra de continuer à travailler avec l’école du RWB tout en pouvant auditionner ailleurs en même temps, et de revenir au RWB si une audition ne marche pas, se réjouit-il. C’est une transition qui peut durer jusqu’à deux ans maximum. »
Le danseur franco-ontarien n’est pas inquiet de la relève au RWB. « Huit personnes qui reviennent dans le programme aspirants, c’est deux-tiers de la classe, conclut-il. Il y aura bien une relève issue de l’école de Winnipeg au RWB, mais elle ne sera pas forcément francophone ».