La Coalition Abolissons la pauvreté est bien décidée à obtenir gain de cause. Son objectif : convaincre le gouvernement provincial du Manitoba d’augmenter le montant de l’allocation de logement.

 

David Alper. LA LIBERTÉ (PRESSE CANADA)

David Alper, professeur à l’École de service social de l’Université de Saint-Boniface et membre de la Coalition Abolissons la pauvreté.

 

 

 

La Coalition Abolissons la pauvreté (AMP), une coalition multisectorielle composée de représentants des milieux associatif, communautaire, universitaire et des affaires, aspire à ce que tous les Manitobains puissent avoir accès à un logement décent. Sur base des chiffres officiels, elle dénonce un écart trop important entre le montant des prestations de l’aide au logement accordée par le gouvernement provincial du Manitoba et le montant actuel des loyers. « Le montant de l’allocation de logement au Manitoba est d’environ 285 $ par mois, explique le professeur à l’École de service social de l’Université de Saint-Boniface, membre de la Coalition, David Alper. Un montant qui n’a presque pas augmenté depuis 1992. Il est évidemment impossible de trouver un logement pour cette somme! » C’est pourquoi l’AMP demande au gouvernement provincial d’augmenter l’aide financière actuelle.

Des mesures discutées

La Province, par contre, n’envisage pas les choses sous cet aspect et estime qu’une augmentation de l’allocation de logement « représenterait une mesure générale qui ne répondrait pas nécessairement aux besoins individuels », indique l’attachée de presse du Bureau des communications, Rachel Morgan. En revanche, le gouvernement privilégie une série de mesures de soutiens financiers supplémentaires qui répondent mieux aux besoins individuels des Manitobains par rapport au programme d’aide à l’emploi et au revenu, y compris les aides pour le coût du logement. Il existe également de nouvelles mesures importantes de soutien dans le cadre du programme Rewarding Work pour aider ceux qui peuvent travailler à devenir autonomes et à s’éloigner de l’aide gouvernementale. »

Des mesures qui, d’après David Alper, se révèlent insuffisantes, puisque la difficulté d’accès à un logement, à elle seule, engendre toute une série de problèmes. « Les embarras liés au logement mènent à des problèmes de santé, à des problèmes sociaux, à la toxicomanie et autres, analyse le professeur. Une étude récente sur le cas des nouveaux arrivants de l’Afrique francophone, par exemple, démontre clairement que les familles font face à des choix impossibles. En cas de problème de santé, faut-il privilégier le logement ou les soins de santé? Enfin, toutes les difficultés qui découlent de l’absence de toit n’aident évidemment pas à trouver un emploi. »

Plus de logements sociaux

Toujours sur base de l’étude sur les nouveaux arrivants, David Alper note que les plus démunis sont les citoyens les plus stigmatisés. « La pauvreté n’est pourtant pas un choix, lance-t-il. Parmi les personnes qui sollicitent le plus les banques alimentaires, on trouve de plus en plus d’enfants. Les enfants ont-ils choisi la pauvreté? » Il poursuit : « Lorsqu’il est impossible de joindre les deux bouts ou de manger à sa faim, cela crée, qu’on le veuille ou non, des troubles physiques et mentaux. Dans un des pays les plus riches du monde, comment est-il encore possible que des gens souffrent de la faim et ne puissent être logés décemment? »

Également membre de la Coalition du droit au logement, David Alper estime qu’une solution efficace pour résoudre le problème de logement serait que les autorités s’engagent à construire davantage de logements sociaux. « Le logement social figurait anciennement parmi les compétences du gouvernement fédéral, rappelle le professeur. En 1993, le gouvernement fédéral a transféré cette compétence aux provinces. Seules les provinces de Québec et du Manitoba assurent leur rôle dans ce domaine. Mais dans une mesure très limitée au Manitoba, et bien insuffisante. »

David Alper affirme que la Coalition Abolissons la pauvreté va continuer à contacter les groupes de la société civile afin de récolter leur appui dans sa campagne, et ne cessera de faire pression sur le gouvernement jusqu’à ce que ce dernier réponde à son appel. « Notre gouvernement se dit social-démocrate, où sont donc ses valeurs de justice sociale? », s’interroge-t-il.

 

Par Angelika ZAPSZALKA