Environ 40 % des propriétaires des petites et moyennes entreprises manitobaines prendront leur retraite d’ici cinq ans. Joel Lemoine et Denis Rémillard discutent du défi posé aux gens d’affaires francophones.

 

LA LIBERTÉ PRESSE-CANADA)

Joel Lemoine : « Le CDEM discute souvent avec les nouveaux arrivants qui ont de l’expérience en affaires de la possibilité d’acheter des entreprises francophones. »

Le gouvernement provincial a annoncé, le 11 décembre dernier, la création d’un centre de ressources pour gens d’affaires cherchant à transférer leur entreprise à de nouveaux propriétaires. Une annonce qui plait aux entrepreneurs franco-manitobains, qui se posent cependant des questions sur la place accordée à la langue dans la succession des entreprises.

« À l’échelle du Manitoba, les propriétaires des petites et moyennes entreprises (PME) de la génération du Baby Boom approchent l’âge de la retraite, a rappelé le premier ministre, Greg Selinger. Le Centre de ressources sera un guichet unique qui leur offrira tous les conseils et appuis nécessaires à la bonne gestion de la succession de leurs entreprises à une nouvelle génération d’entrepreneurs. »

« Les services qu’offrira la Province seront très utiles, déclare le copropriétaire de l’entreprise winnipégoise Les Jardins Saint-Léon, Denis Rémillard. À l’heure actuelle, plusieurs firmes privées offrent des conseils en vente et succession d’entreprise. Or, trop souvent, elles se contredisent. Il est difficile pour un entrepreneur de démêler les conseils légitimes de la promotion de services financiers supplémentaires qui sont offerts. »

La Province estime qu’environ 40 % des propriétaires des PME manitobaines se retireront d’ici cinq ans. Selon Denis Rémillard, il est davantage important pour les francophones Baby Boomers de bien planifier leur succession, afin de protéger un legs linguistique dans le monde des affaires.

« J’ai la francophonie dans les trippes, déclare-t-il. Idéalement, j’aimerais un jour pouvoir vendre mon commerce à un francophone ou, du moins, à quelqu’un qui verra au maintien des services bilingues. C’est quelque chose qui doit être bien planifié. Sinon, un commer­çant risque tout simple­ment de vendre au premier venu, qui ne sera pas nécessairement ouvert au bilinguisme. Pour éviter un tel scénario, il faut être bien outillé. Peut-être que le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM) pourrait faire du réseautage avec les corporations de développement locales et autres organismes pour créer une banque d’entrepreneurs francophones ouverts à prendre la relève de nos commerces. Chose certaine, il nous faut plus de ressources dans le domaine de la succession d’entreprise. »

Conseiller en finances et en affaires au CDEM, Joel Lemoine, dit bien accueillir l’idée. « À l’heure actuelle, nous offrons des formations sur la succession, rappelle-t-il. Mais il y a toujours lieu d’offrir plus. À Winnipeg, le réseautage informel entre gens d’affaires francophones se fait déjà assez aisément. Mais en région, c’est moins évident. Nous pourrions certainement faciliter ces contacts. C’est une idée que nous devrons discuter, et dans un délai plutôt bref, puisque d’ici quelques années, les opportunités pour les jeunes francophones d’acheter des entreprises existantes seront énormes. »

Par Daniel Bahuaud