Tenue par des francophones à Sainte-Anne, la ferme familiale de Seine River Shepherds se transmet de génération en génération.

 

© 2013 La Liberté (Manitoba)
Randy Eros, Solange Dusablon et leur fils Michel Eros.

 

Un peu après Sainte-Anne, le long de la rivière Seine, quelque 125 moutons passent tranquillement l’hiver dehors. Sur la ferme de Seine River Shepherds, qui appartient à la famille de Solange Dusablon depuis 1934, les chiens de berger veillent.

« Nous avons commencé l’élevage de moutons il y a 30 ans, raconte Solange Dusablon. Ma mère m’avait appris à filer la laine et j’avais envie de pouvoir contrôler notre production de laine alors on a commencé par acheter six moutons, puis 12, puis 24 et nous avons eu jusqu’à 225 moutons en pâturage. »

Le troupeau est composé de deux races principales : L’Île-de-France et le Rideau Arcott. Si la première est connue pour la qualité de sa viande, la deuxième donne souvent de très bonnes laines.

« Notre production se fait moitié viande moitié laine, affirme Solange Dusablon. Au début, j’ai commencé à filer la laine et la tricoter et j’ai compris à quel point cela prenait du temps. C’est pour ça qu’on a commencé à faire du feutre. C’est plus rapide, c’est plus rentable et c’est très chaud.

« Il faut commencer par tondre la laine explique-t-elle. Ensuite, on l’envoie en Alberta où elle est cardée, on fait le feutre en frottant la laine avec de l’eau chaude, on le sèche et avec ça, on taille et on coud des vestes, des manteaux, des mitaines ou encore des chaussons. »

Dans une telle production, l’année est donc rythmée selon un cycle très précis. Le couple et son fils s’organisent toujours pour faire l’agnelage en avril, car l’hiver ne fait pas de cadeaux aux jeunes agneaux. C’est donc à la fin août qu’un boucher reconnu par la Province vient à la ferme pour la première fois de l’année. Mais la plus grosse demande de viande arrive souvent au temps des Fêtes, une période très chargée pour la famille qui doit également avoir une réserve de vêtements en feutre de laine.

« Les gens viennent souvent nous voir pour acheter des habits en feutre de laine pendant le temps des Fêtes, raconte Solange Dusablon. Je passe tout l’été à coudre pour être capable de répondre à la demande. Mais en hiver, c’est le paradis pour moi, car il n’y a pas beaucoup de travail auprès des moutons, car ils ne sont pas en pâturage. Donc je passe mes journées à coudre. »

Et pour l’avenir, le fils du couple, Michel Eros compte bien devenir copropriétaire d’ici trois à cinq ans pour reprendre progressivement l’élevage et le développer encore plus.

 

Par Sabine TRÉGOUËT | @SabTregouet