Présents à Boston au moment des attentats à la bombe du 15 avril dernier, Gérald Boulet et Marcel Sorin décrivent le chaos qui a suivi les incidents, et décrivent les émotions qu’ils ont vécues.

 

La Liberté (Manitoba) - Sous le choc à Boston
La jubilation d’avoir terminé un marathon avant le choc des attentats. Justin Mangin, Marcel Sorin et Gérald Boulet.

Lorsque deux explosions ont secoué, le 15 avril dernier, le centre-ville de Boston, alors que la ville américaine accueillait son célèbre marathon, Gérald Boulet et Marcel Sorin venaient de terminer de courir les 42 kilomètres du parcours. Les Franco-Manitobains estiment qu’ils se souviendront toujours de l’évènement tragique, et des émotions fortes qu’ils ont vécues.

« Nous étions en train de décompresser, Gérald, Justin Mangin et moi, dans une salle de massage, explique l’enseignant d’éducation physique et résidant de Lorette, Marcel Sorin. C’était mon tout premier marathon de Boston et j’étais fier de mon coup. C’est alors qu’un officiel de la course est venu indiquer à mon chiropracteur que j’allais être son dernier patient de la journée, puisqu’il s’était produit des incidents. »

« Sur le coup, personne n’était certain si les deux explosions avaient été causées par des transformateurs électriques défectueux ou des bombes, enchaîne le comptable et résidant de Lorette, Gérald Boulet. Justin, qui est mon beau-frère, et moi, nous sommes regardés. Des explosions? Était-ce bien vrai? Nos premières réactions ont été l’incrédulité. »

Le trio a donc décidé, pour des raisons de sécurité, de se rendre à l’hôtel. « Je me disais qu’il fallait tout de suite que je rentre à la maison, et que ma famille devait être très inquiète à mon égard, indique Gérald Boulet. Je me demandais aussi si j’étais en sécurité, puisqu’on ne savait pas s’il y aurait d’autres attentats. J’ai cinq enfants, et je me disais qu’une famille a besoin des deux parents pour bien fonctionner. »

Dans la rue, Gérald Boulet, Marcel Sorin et Justin Mangin ont vu passer des véhicules policiers et d’urgence. « En nous dirigeant vers la bouche de métro la plus proche, il était évident que tout le centre-ville était sous le choc, déclare Marcel Sorin. Les gens étaient très agités, et tout le monde se parlait des incidents. Deux autres bombes avaient été trouvées et désamorçées. Il y avait un incendie à la Bibliothèque municipale JFK. Cet évènement était-il lié aux attentats à la bombe? L’incertitude était palpable. »

Bien que les Franco-Manitobains ne se soient pas retrouvés dans le feu de l’action, ils ont été profondément secoués par les attentats à Boston.

« Je suis rentré à Winnipeg tard le soir, du 16 avril, et je ne suis pas allé au travail le lendemain, raconte Gérald Boulet. J’étais encore sous le choc. C’était mon 2e marathon de Boston, et j’étais ravi d’avoir complété la course. D’être passé d’une grande joie au choc d’un attentat à la bombe a été un stress énorme. Je n’en suis pas encore tout à fait revenu. De temps à autres, les émotions fortes reviennent me secouer. »

Marcel Sorin éprouve les mêmes sentiments. « J’ai réussi avec énormément de difficulté à parler de l’incident avec mes élèves, explique-t-il. J’avais souvent les larmes aux yeux. Je leur expliquais que lorsqu’on m’a annoncé la nouvelle, j’étais curieux et excité, en me disant que c’était un peu comme une émission de CSI. C’est peut-être une réaction initiale normale à une situation inhabituelle et extraordinaire, mais j’en ai quand même honte. La vie n’est pas comme les émissions de télé, ou encore un bulletin de nouvelles qu’on peut éteindre en appuyant sur un bouton.

« Je pense aux trois personnes décédées, et aux blessés, poursuit-il. Surtout au garçon de huit ans qui a perdu la vie, et à sa sœur qui a perdu une jambe. J’ai quatre enfants, dont un âgé de huit ans. C’est une situation terrible, un geste insensé. Je prie pour les victimes et leurs familles. Et, malgré la cruauté du geste, je prie pour les personnes responsables. Sont-ils des dérangés? Des gens qui ont été abrutis par la vie? En ce moment, on n’en sait rien. »

 

Par Daniel Bahuault