Le francophile de Winnipeg, Orlando Braun, producteur artistique de films, présentera pour la première fois trois courts-métrages au Festival de Cannes, en France.

 

Orlando Braun (La Liberté) - Manitoba
Orlando Braun présentera pour la première fois trois courts-métrages au Festival de Cannes, en France.

Le Winnipégois francophile de 30 ans, Orlando Braun, s’apprête à franchir une étape dans sa carrière de producteur artistique de films. Du 15 au 26 mai prochain, il se rendra en effet en France au célèbre Festival de Cannes, au sein duquel il présentera pour la première fois trois de ses courts-métrages.

« Je ne les présente pas dans la compétition, seulement dans le Short Film Corner du Festival, précise Orlando Braun. C’était plus facile car il y a beaucoup plus de films qui peuvent y être présentés, mais il y a tout de même des critères à respecter donc je suis très heureux que mes trois films aient été acceptés! De ce que je sais, je suis le seul du Manitoba à présenter des films à Cannes cette année. »

Orlando Braun présentera deux courts-métrages inédits, 725 et Becoming Lucy, ainsi qu’un troisième que le public connaît déjà, War Bride.

« 725 est une fiction dramatique de 12 minutes au sujet d’une jeune fille forcée au trafic sexuel, et comment elle essaie de s’en échapper, raconte-t-il. L’important, c’est que l’histoire se passe en Amérique du Nord, chez nous. On voulait que les gens réalisent que ce genre de chose n’arrive pas seulement ailleurs.

« Pour sa part, Becoming Lucy est un documentaire dramatique de 19 minutes au sujet de ce que ça a pris à l’américaine Lucille Ball pour devenir «la première femme de la télévision», poursuit-il.
Elle est devenue une icône majeure aux États-Unis, mais elle a eu un début de carrière difficile car personne ne croyait en elle. On ne pensait pas qu’elle pouvait être drôle et savoir chanter et danser en même temps. »

Enfin, « War Bride est un drame de 16 minutes au sujet d’une femme dont le mari rentre de la guerre en Afghanistan atteint du syndrome de stress post-traumatique, décrit Orlando Braun.
Le film raconte leur première nuit ensemble après le retour. Ils ont du mal à reconnecter émotionnellement et sexuellement. »

Si ces trois films peuvent sembler très différents au premier regard, le Winnipégois assure au contraire que « tous mes films ont un lien commun, le sens du devoir et de la justice. Je me suis rendu compte récemment que c’est ce qui m’attire et m’inspire, ce qui résonne en moi.

« Ainsi, on retrouve l’injustice du trafic humain dans 725, celle d’un monde dominé par les hommes dans Becoming Lucy, ou encore celle de la guerre dans War Bride. On retrouve aussi le sens du devoir dans 725 car l’héroïne veut s’en sortir, dans Becoming Lucy car elle continue sa carrière malgré les difficultés, et dans War Bride avec le dévouement de la femme envers son mari et du mari envers son pays. »

Débuts prometteurs

Orlando Braun, qui a obtenu son diplôme de Master en production de films en juin dernier aux États-Unis, ne gravite dans l’industrie du cinéma que depuis trois ans. « Je n’ai pas toujours voulu faire ça, confie-t-il, même si je me souviens d’avoir pris la caméra vidéo de mon père quand j’étais à l’école élémentaire pour faire des films avec mes amis!

« Je m’y suis vraiment intéressé au secondaire, précise-t-il et encore, j’ai commencé en architecture à l’université avant de changer de programme. De même, j’ai d’abord travaillé à MTS télévision avant de me rendre compte que le côté créatif me manquait trop et de reprendre des études de production de films. »

Ce natif du Paraguay, arrivé au Manitoba avec sa famille à l’âge de cinq ans, semble toutefois avoir un talent naturel pour le cinéma. « Le premier film auquel j’ai participé comme producteur associé, It Is What It Is en 2011, a gagné quatre prix et cinq sélections officielles dans divers festivals », se réjouit-il.

Il travaille d’ailleurs sur son premier long-métrage, Walk Away. « C’est une comédie musicale pop rock au sujet d’un couple qui va bientôt se marier quand la femme découvre qu’elle a la sclérose en plaque. Elle décide que le mieux pour tout le monde serait qu’elle s’en aille, mais les deux meilleurs amis du couple ne sont pas de cet avis! On est prêts à commencer à filmer, mais on doit d’abord trouver du financement. »

Pour l’heure, au Festival de Cannes, le producteur artistique espère surtout « créer beaucoup de contacts, que ce soit au niveau créatif ou de l’industrie, conclut-il. Avec mon projet de long-métrage en cours, ces contacts pourraient devenir tout de suite utiles!
C’est une expérience unique pour amener mes projets à un autre niveau. De plus, c’est toujours bon pour la créativité d’être avec d’autres cinéastes du monde entier, d’autant plus que j’aime avoir une coopération internationale dans mes films. »

Par ailleurs, les films War Bride et 725 seront présentés à nouveau cette année dans d’autres festivals, le premier au GI Film Festival à Washington DC et le second à l’Other Venice Film Festival en Californie.

 

Par Camille HARPER-SÉGUY