La Province continue de l’avant dans son intention de faire fusionner les petites municipalités rurales. Or, Saint-Claude doit composer avec des voisins qui ne veulent rien en savoir.
Les 92 municipalités rurales du Manitoba ayant moins de 1 000 habitants devront présenter un plan de fusionnement au plus tard le 31 décembre. C’est ce qui découle du dépôt, le 1er mai dernier, du projet de loi 33 – l’Acte de la modernisation des municipalités – par le ministre provincial des Administrations locales, Ron Lemieux.
Or, certaines municipalités bilingues, notamment le Village de Saint-Claude, éprouvent toujours des difficultés à faire avancer le projet que leur impose la Province.
« Nous avons adopté, à la fin de mars, une résolution comme quoi nous allions fusionner avec la Municipalité rurale de Grey, qui nous entoure, indique le maire de Saint-Claude, Norm Carter. Or, cette dernière, s’estimant forcée par la Province, a adopté une résolution déclarant qu’elle n’allait pas fusionner. Nous voulons respecter les directives de la Province, mais nous sommes dans une impasse. »
La situation se complique de par le fait que l’Association des municipalités du Manitoba (AMM) s’est déclarée contre l’amalgamation obligatoire des municipalités, appuyant ainsi l’entêtement de la Municipalité rurale de Grey.
« Toutes les municipalités sont déjà obligées par la loi d’équilibrer leurs budgets annuels, indique le président de l’AMM, Doug Dobrowolski. Nous connaissons un bon nombre de municipalités dotées d’une population inférieure à 1 000 résidants qui fonctionnent efficacement. Et puisque les coûts pour les ponts, les centres communautaires et la réfection des routes rurales ne seront pas affectés par la fusion, nous estimons qu’obliger les municipalités s’amalgamer est sans fondement. »
En outre, les résidants de Saint-Claude préfèreraient, malgré le projet de loi 33, ne pas fusionner avec la Municipalité rurale de Grey.
« Lorsque le gouvernement a annoncé, le 30 janvier, son intention d’obliger le fusionnement des petites municipalités, nous avons organisé un sondage auprès des résidants, explique-t-il. La majorité ne s’y intéressait pas. Près d’un tiers éprouvait de vives inquiétudes et voulaient plus de renseignements.
« Je les comprends, poursuit-il. Saint-Claude et la Municipalité rurale de Grey partagent déjà les services d’urgence et de pompiers, d’eau potable et des égouts, sans parler du dépotoir. Nous nous réunissons pour faire de la planification régionale. »
Par ailleurs, les résidants de Saint-Claude sont très engagés sur le plan local. « Lors de nos dernières élections, notre taux de participation était de 65 %. Cela fait depuis 1963 que nous avons quitté la Municipalité rurale de Grey. Nous avons notre propre corporation de développement communautaire et des services bilingues. La francophonie nous tient à cœur. Alors à dire vrai, nous n’aurions pas choisi la fusion si elle ne nous était pas imposée. »
Selon Ron Lemieux, le fusionnement permettra de réduire les coûts administratifs et augmentera l’efficacité des municipalités lorsqu’elles préparent des mesures d’urgence.
« Les épargnes pour les contribuables pourraient s’avérer énormes dans de nombreuses régions, déclare le ministre. Une récente étude, publiée par le Rural Development Institute de Brandon, indique que les municipalités rurales atteignent un taux d’efficacité financière maximum lorsqu’elles ont environ 3 000 résidants et une assiette fiscale de 130 000 $.
« De plus, poursuit le ministre, dans certains cas, à cause du fusionnement, la qualité de vie des résidants augmentera, car certaines municipalités pourront enfin recevoir des services d’eau et des égouts. »
En outre, la Sous-section 3 de la Section 4 du projet de loi 33 prévoit explicitement la protection des services bilingues.
« Les services resteront les mêmes, ou seront améliorés, déclare Ron Lemieux. Pour le premier ministre, Greg Selinger, et moi, il s’agissait d’une priorité sur laquelle il fallait insister fermement. »
Norm Carter dit « se réjouir » de cette provision. « Le geste, qui aura force de loi, a soulagé un bon nombre d’inquiétudes à Saint-Claude, déclare-t-il. Par contre, cela ne règle pas notre impasse actuelle. »