Elijah Harper, politicien et figure marquante pour les Premières Nations du Canada, est décédé le 17 mai dernier. L’homme à la plume a ancré son message.

 

La Liberté (Manitoba)
Plusieurs centaines de Manitobains – Autochtones, Métis et autres – ont rendu un dernier hommage, le 20 mai dernier, au chef autochtone, Elijah Harper, dont la dépouille était exposée au Palais législatif de Winnipeg.

Elijah Harper, un homme de peu de mots qui a tout de même su laisser une empreinte dans la communauté autochtone du Canada, est mort du diabète à Ottawa le 17 mai dernier, à l’âge de 64 ans.

Elijah Harper est entré en politique en 1981 en tant que député provincial au Manitoba, représentant le Nouveau Parti démocratique (NPD) pour la circonscription de Rupertsland.

« Il était un peu gêné, mais extrêmement humble, se souvient, l’analyste politique, Roger Turenne, qui a rencontré Elijah Harper en 1983, seulement deux ans après qu’il soit élu avec le NPD.

À cette époque, Roger Turenne était un conseiller spécial pour les services en français au Manitoba. Il se rappelle de la panique qui a envahi le NPD cette année-là, lorsque le Parti progressiste conservateur du Canada a obtenu le pouvoir.

« Mon travail était d’informer les membres du NPD qui n’étaient pas branchés, ou qui étaient nouveaux, explique Roger Turenne. J’ai passé beaucoup de temps avec Elijah Harper, à discuter de la Loi constitutionnelle et des droits des francophones au Manitoba. C’était du nouveau pour lui, mais il écoutait très attentivement. C’était un homme réfléchi.

« C’est à travers ces discussions, poursuit Roger Turenne, qu’il a commencé à questionner la présence des Autochtones dans la Constitution. »

Lorsque le premier ministre de l’époque, Brian Mulroney, a lancé ses promesses de réintégrer le Québec dans la « famille canadienne », Elijah Harper a voulu que le peuple autochtone se fasse autant inclure. L’Accord du lac Meech, proposé par le gouvernement Mulroney, ne promettait cependant aucune amélioration aux droits des Premières Nations du Canada.

C’est souvent l’image puissante d’Elijah Harper qui agite une plume d’aigle pour exprimer son désaccord face à l’Accord du lac Meech, qui vient à l’esprit de ceux qui connaissent son nom.

« On entend souvent dire que c’est Elijah Harper qui a tué l’Accord du lac Meech, dit Roger Turenne. En réalité, c’était l’ancien premier ministre de Terre-Neuve, Clyde Wells, qui a annulé le vote planifié. »

Mais il ajoute que le geste « dramatique et symbolique » d’Elijah Harper a créé un plus gros impact.

« Un geste a souvent plus d’influence qu’un fait. Il ne faut jamais négliger l’influence des symboles. L’important, c’est que le monde se souvienne du gros message d’Elijah Harper—celui qui disait au gouvernement : dorénavant, vous ne procéderez plus comme ça; dorénavant, les Autochtones feront partie des discussions au Canada. »

 

Par Katrine Deniset