Le Manitoba pourrait adopter une loi, la première au Canada, qui assurera aux étudiants étrangers un accueil sécuritaire et de qualité.

 

Nicolas Audette. (La Liberté-Manitoba)
Nicolas Audette.

La ministre provinciale de l’Enseignement post­secondaire et de l’Alphabé­tisation, Erin Selby, a déposé le 13 mai dernier un projet de loi inédit au Canada visant à garantir la bonne qualité de l’accueil des étudiants étrangers au Manitoba.

« Le Manitoba accueille quelque 5 700 étudiants étrangers chaque année, qui contribuent à notre économie à hauteur de plus de 153 millions $ par an, souligne Erin Selby. De plus, ils enrichissent nos communautés et nos écoles en y ajoutant de la diversité culturelle. Il est donc important de leur garantir la meilleure protection possible s’ils choisissent de venir faire leurs études au Manitoba. »

Concrètement, le projet de loi prévoit que toute école voulant recruter des étudiants internationaux, publique comme privée, devra signer et respecter un code de conduite établi par la Province. Des contrôles seront effectués et en cas de violation du code, des amendes devront être payées et les droits de recrutement à l’international de l’institution fautive seront suspendus, voire annulés.

Cette initiative de la Province réjouit l’Université de Saint-Boniface (USB) qui, avec 18,5 % d’étudiants internationaux à l’hiver 2012-2013, accueille la plus grosse proportion d’étudiants étrangers parmi les institutions postsecondaires de la province.

« Ce projet de loi va dans le sens de notre philosophie depuis longtemps, assure le directeur des services aux étudiants de l’USB, Christian Perron. On suit le code de déontologie du Bureau canadien de l’éducation internationale, donc on recrute déjà de façon honnête et transparente. La seule grande différence, c’est que désormais on devra être directement redevables à la Province, avec certainement des rapports à lui remettre.

« De plus, en obligeant les écoles à se vendre telles qu’elles sont réellement, la concurrence sera plus juste, se réjouit-il. C’est positif pour nous car à l’USB, par exemple, les étudiants interna­tionaux ne paient que deux fois les frais d’inscription des locaux. Ailleurs, ça peut aller jusqu’à trois fois. »

Le président de l’Association étudiante de l’USB (AEUSB), Nicolas Audette, constate pour sa part que « les étudiants internationaux n’ont pas signalé de problèmes particuliers à l’AEUSB. On n’a jamais reçu de plainte. S’il y en a qui sont mécontents de leur accueil, je ne les connais pas ».

De plus, il assure que « l’USB fait vraiment des efforts pour s’assurer que les besoins de tous les étudiants sont reconnus. Pour ce qui est des étudiants internationaux, le Bureau international leur offre plusieurs services pour mieux les accueillir et faciliter leur intégration.

« Une équipe de bénévoles va les accueillir à l’aéroport, et puis ils ont une semaine d’accueil avec des formations sur la météo, les changements culturels et sociaux auxquels s’attendre ici par rapport à leurs pays d’origine, ou encore sur les comportements acceptables ou non ici, précise-t-il. C’est assez bien organisé. »

Christian Perron affirme par ailleurs que « même si on doit faire quelques corrections à nos pratiques du fait de la loi, on les aurait faites de toute façon car on met déjà l’individu au centre. On veut continuer à s’améliorer ».

Il souhaite notamment travailler à mieux connaître les attentes des étudiants internationaux, afin de leur fournir des informations claires et complètes avant même qu’ils ne quittent leur pays d’origine pour venir étudier à l’USB.

« En effet, ça ne fait jamais de mal de donner plus d’infor­mation aux étudiants interna­tionaux, confirme Nicolas Audette. En sachant mieux à quoi s’attendre, ils se sentiront encore plus à l’aise à l’USB. »

Erin Selby résume que « cette loi garantira aux étudiants étrangers de bons services au Manitoba, que ce soit pour le logement, la sécurité, le soutien ou encore l’éducation. On veut qu’ils aient une bonne expérience pour qu’ils la partagent à d’autres.

« Le recrutement d’étudiants internationaux est un marché de plus en plus compétitif, poursuit-elle, et on sait bien que les jeunes ne pensent pas au Manitoba en premier. On souhaite qu’avec une telle loi, ils soient davantage attirés par notre province. »

Erin Selby espère que le projet de loi sera adopté avant la fin de la session parlementaire actuelle, le 13 juin prochain. Toutefois, le code de conduite ne sera établi qu’au printemps 2014. « On va d’abord tenir des consultations pendant un an, auprès des institutions qui travaillent déjà à recruter des étudiants étrangers, dont l’USB, afin de développer les détails de ce code de conduite avec leurs conseils », conclut-elle.

Par Camille HARPER-SÉGUY