Fabriquée en Espagne et installée dans le clocher de l’église Saint-Antoine-de-Padoue, à Batoche, «Marie-Antoinette» a sonné lors de l’historique bataille de Batoche de 1885. Mais son histoire ne se termine pas là!
Tout au long du 20e siècle, elle apparaît et disparaît à plusieurs reprises. Mais voilà qu’elle sera enfin remise au diocèse de Prince-Albert, et ce sera l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNMSJM) qui en sera la gardienne. Pas étonnant que l’adjudant, Paul Desrosiers, et le doyen de l’UNMSJM, Guy Savoie, jubilent, et ont hâte à son dévoilement officiel, le 20 juillet prochain, à Batoche.
Disparue en 1885, retrouvée en 1930 et disparue à nouveau, la cloche qui a retenti pour annoncer l’affrontement historique des Métis de Riel et de la milice coloniale de Middleton, à Batoche, a désormais trouvé une demeure.
Enlevée de l’église Saint-Antoine-de-Padoue, lors de la bataille de Batoche, en 1885, qui a vu la défaite des Métis aux mains de la milice coloniale du Canada, la cloche de Batoche retentira à nouveau, le 20 juillet prochain, en Saskatchewan.
« La cloche sera dévoilée dans le cadre du rassemblement métis Batoche Days, sur le terrain des Métis à Batoche, explique l’adjudant de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNMSJM), Paul Desrosiers. C’est lors d’une messe, présidée par l’archevêque de Prince Albert, Mgr Albert Thévenot, qu’elle sera présentée. »
Fabriquée à Tolède, en Espagne, la cloche a été installée le 4 septembre 1884 dans le clocher de l’église Saint-Antoine-de-Padoue, à Batoche. « À l’époque, chaque cloche portait un nom, explique Paul Desrosiers. Le premier évêque du diocèse de Saint-Albert (aujourd’hui désigné Prince Albert), Mgr Vital Grandin, l’a baptisée «Marie-Antoinette». »
C’est à Batoche qu’a eu lieu, en mai 1885, la bataille décisive entre les quelque 250 Métis, guidés par Louis Riel et Gabriel Dumont, et les 916 soldats du général Frederick Middleton. Suite à la défaite des Métis et la reddition de Louis Riel, la cloche a disparu.
« Ce sont des soldats de Millbrook, en Ontario, qui s’en sont emparé, explique le doyen de l’UNMSJM, Guy Savoie. Et ce ne sera qu’en 1930 qu’on retrouvera sa trace, puisqu’elle sera installée à la caserne des pompiers de Millbrook. »
En 1931, Marie-Antoinette a subi une blessure grave, lors d’un incendie à la caserne. Arrosée par l’eau froide utilisée pour mater les flammes, la cloche, fabriquée d’airain, s’est fendue.
Par la suite, la cloche a abouti aux locaux de la Légion de Millbrook. « Les légionnaires se vantaient d’avoir en leur possession «un trophée de guerre» », fait remarquer Paul Desrosiers.
En 1991, une délégation de la Fédération des Métis du Manitoba (MMF), s’est rendue à Millbrook pour contempler la cloche. « C’est alors que la communauté métisse a eu vent de l’emplacement de la cloche, explique Paul Desrosiers. Et quelques mois plus tard, des inconnus sont rentrés de force à la Légion et ont pris la cloche. »
Depuis lors, Marie-Antoinette est toujours restée cachée et l’UNMSJM n’a pas souhaité dévoiler son emplacement actuel jusqu’à son prochain retour à Batoche.
En effet, le 20 juillet prochain, la cloche sera finalement remise à Mgr Thévenot en mains propres par son actuel détenteur. « Chaque diocèse catholique est administré par une corporation épiscopale gérée par son évêque, explique Guy Savoie. Et, selon le concile de Trente, conclu en 1563, tous les avoirs d’un diocèse appartiennent à sa corporation. »
Or, s’agit-il de la bonne cloche? « En plus de la fente causée par l’incendie de 1931, on y retrouve l’insigne de Mgr Vital Grandin, sans parler des deux lettres manquantes qui ont été rapportées par plusieurs historiens », explique Guy Savoie.
Étant donné que l’église Saint-Antoine-de-Padoue, à Batoche, est aujourd’hui un musée historique national de Parcs Canada, l’archevêque de Prince Albert a demandé à l’UNMSJM de devenir le gardien de la cloche. « Nous sommes heureux et fiers de nous en occuper, déclare Guy Savoie. Après tout, nous sommes l’organisation-mère de toutes les associations métisses, et notre mandat est culturel. »
« Mgr Thévenot voulait qu’on fasse réparer la cloche, en guise de symbole d’une réconciliation entre les Métis de Batoche qui, lors de la Résistance du Nord-Ouest, se sont rangés contre le clergé de Batoche, explique Paul Desrosiers. Nous l’avons fait réparer par un soudeur professionnel, Léo Nolette. Cet ancien résidant de Saint-Adolphe a fait un travail d’expert qui permet de faire sonner la cloche. Et on peut toujours voir la fente qui, après tout, fait partie de son histoire. »
La prochaine étape de la saga de Marie-Antoinette aura lieu le 20 juillet, à Batoche, lors de son dévoilement officiel. « Par la suite, l’UNMSJM en fera un item éducatif, explique Paul Desrosiers. Nous la ferons circuler dans nos associations. C’est curieux, mais très agréable, de constater qu’après s’être rendue chez elle, à Batoche, Marie-Antoinette continuera de voyager. »
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