Par Thibault JOURDAN
@OropherDorthoni

Les vacances sont arrivées. Pour de nombreux jeunes, c’est aussi la période des emplois d’été, mais trouver un job en français à Winnipeg relève parfois du défi.

Lorsque Laura Nagy s’exprime, on comprend tout de suite qu’elle n’est pas d’ici : son accent l’a trahie. La jeune femme de 22 ans, originaire de Montréal, a débarqué début mai à Winnipeg et compte rester tout l’été au Manitoba.

Arrivée récemment à Winnipeg, la jeune Montréalaise Laura Nagy ne parvient pas à trouver un emploi en français.
Arrivée récemment à Winnipeg, la jeune Montréalaise Laura Nagy ne parvient pas à trouver un emploi en français.

Dès le départ, elle s’est mise en quête d’un job d’été. « Je cherche dans n’importe quel domaine : restauration, emploi bilingue, accueil… J’aimerais travailler en français », indique-t-elle.

Trouver un emploi d’été en français à Winnipeg semble être un véritable défi pour les jeunes. Laura Nagy s’est inscrite dans les agences de placement et a essentiellement postulé sur Internet. Sans succès. « J’avais plus de retours du côté anglophone que francophone, du coup j’ai abandonné la recherche d’un travail en français, reconnaît l’étudiante en droit civil. Je n’ai pas trouvé de services qui promeuvent les postes d’été en français dans la communauté. »

« Je ne pense pas qu’un tel service existe, confirme l’agent au projet jeunesse du Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM), Simon Méthot. C’est aux jeunes de découvrir où sont les emplois, et 80 % des emplois affichés sont déjà pourvus. » En clair, les étudiants doivent s’investir pour dégoter un job et, pour cela, ils doivent encore et toujours travailler la formation de leur propre réseau.

Certains peuvent cependant bénéficier d’aide : le CDEM offre, par exemple, un programme destiné aux jeunes de 15 à 30 ans qui sont sans emploi ni en études et qui font face « à un gros obstacle » (1). « Environ 80 jeunes par an suivent le programme Destination emploi, indique Simon Méthot. On leur apprend à écrire des lettres de motivation ou encore à répondre en entrevue. Et ils sont rémunérés au salaire minimum pendant les six semaines de la formation. »

Pour les autres qui cherchent un travail en français à Winnipeg et qui n’ont rien trouvé grâce à leur réseau, ils peuvent encore se tourner vers l’Université de Saint-Boniface (USB). Depuis environ deux mois, l’USB s’est dotée d’un site Internet qui affiche et recense toutes les offres d’emplois qu’elle reçoit (2). « Les jobs sont aussi bien en français qu’en anglais et je mets à jour le site une fois par semaine, affirme la conseillère d’orientation, Marjolaine Pelletier. L’Université du Manitoba nous avait proposé de faire partie de sa liste d’emplois, mais nous avions refusé. Nous y aurions peut-être perdu notre identité francophone. »

Si ce site Web n’est pas réservé uniquement aux étudiants, il reste cependant très méconnu. En cause, l’absence de sa promotion sur le site de l’université. Les services de l’USB sont en train de plancher sur ce problème et un site d’orientation est à l’étude pour la rentrée prochaine. « La possibilité de sa mise en place reste toujours à discuter, indique le responsable de la communication, Réal Durand. En revanche, le lien du site d’emplois sera au moins affiché sur le site Web de l’Université. » De quoi peut-être devenir, à l’avenir, une référence en matière d’emplois francophones pour les jeunes à Winnipeg.

  • Site Internet du service jeunesse du CDEM ou appeler le 204-237-9788.
  • Site d’emploi de l’USB.