Par Camille HARPER-SÉGUY

Sans jamais avoir suivi de formation artistique, le Franco-Manitobain Georges Druwe sait travailler la vitre, la peinture, la neige, la céramique, et plus récemment le bois.

 

LA LIBERTÉ (MANITOBA)
Georges Druwe s’est découvert une passion pour l’intarsia, entre autres formes d’art auxquelles il a touché dans sa vie.

 

Quand le Franco-Manito­bain Georges Druwe était dans la vie active, il travaillait dans l’enseignement. Il avait donc des congés chaque été et c’est pour s’occuper qu’il a commencé à faire de l’art, jusqu’à se découvrir une passion pour le bois.

« J’ai d’abord fait de la céramique, se souvient-il, mais j’ai vite dû arrêter car je n’avais plus accès à un four à céramique et c’était une trop grosse dépense de m’en acheter un. À la place, j’ai fait de la sculpture en trois dimensions à partir de bûches de bois que je trouvais. C’était moins cher, mais ça prenait beaucoup de temps! »

Il a également fait de la sculpture sur neige au Festival du Voyageur, avec ses élèves, et il y a gagné plusieurs prix.

« En 1987, poursuit-il, mon épouse et moi avons déménagé. Comme notre nouvelle porte avait une vitre ordinaire qui laissait voir à l’intérieur, j’ai décidé de fabriquer un vitrail. Je n’en avais jamais fait.

« J’aimais beaucoup cet art, mais ma femme était inquiète de la poussière de vitre que je respirais, confie-t-il. À la place, j’ai donc commencé à faire de l’intarsia, une forme de sculpture de bois plane en relief. C’est comme un haut-relief, mais pas sculpté dans la même pièce de bois. »

Devenu aujourd’hui son art de prédilection, il précise que « l’intarsia pour moi ressemble beaucoup au vitrail. C’est la même technique. Il faut découper des morceaux de différentes tailles et couleurs qui, rassemblés, forment une image ».

| Autodidacte

S’il a su créer des pièces d’art dans de multiples domaines, Georges Druwe n’a jamais pris un seul cours de technique artistique. « La technique m’est venue naturellement, avec le bon sens, affirme-t-il. Ça venait comme ça, sans que j’y réfléchisse trop. Je me suis laissé inspirer par l’art et l’artisanat que j’aimais bien.

« J’ai quand même fini par lire des livres pour connaître les techniques plus rapides en intarsia, ajoute-t-il, mais c’est surtout en essayant moi-même que j’ai progressé dans mon art! »

Ce don naturel pour la menuiserie semble d’ailleurs couler dans les veines familiales. « Deux de mes frères, qui étaient aussi enseignants, travaillent également le bois comme si c’était naturel pour eux, sans jamais avoir appris la technique, souligne Georges Druwe. Et mon père, qui est mort jeune, fabriquait des meubles et des étagères en bois.

« J’ai donc toujours eu un intérêt pour le bois, assure-t-il. Je le travaille depuis 45 ans. J’ai même construit tout un chalet en bois. Pour moi, le bois est presque un miracle de la nature. C’est un matériau fort mais flexible, qui peut avoir différentes couleurs, densités ou encore textures, et on peut en faire de grandes bâtisses aussi bien que des petites pièces très détaillées. On peut tout faire avec! »

Georges Druwe apprécie aussi le fait que l’intarsia ne nécessite pas une grande quantité d’outils. « Je n’ai besoin que d’une scie sauteuse avec la lame la plus mince possible, pour couper mes morceaux de bois, et d’un dremel, auquel j’ajoute du papier sablé pour limer et polir le bois », se réjouit-il.

Il précise toutefois qu’il « n’est pas un perfectionniste. Je ne polis pas trop mon bois avec le dremel car je veux garder sa texture. De même, ce n’est pas grave si mes morceaux ne se touchent pas parfaitement. Je préfère que ça ait l’air fait à la main ».

Quant au bois, il utilise du cèdre qu’il achète en planches en magasin. « Le cèdre est idéal car il n’est pas cher par rapport aux différents bois d’artisanat, il est facile à travailler et à sabler, et le même bois offre plusieurs teintes donc je peux jouer sur les couleurs », révèle l’artiste de 72 ans.

| Pour soi

L’art, en particulier l’intarsia, est un loisir pour Georges Druwe. C’est pourquoi il ne souhaite pas exposer ses œuvres, ou même les vendre. Il n’a fait que trois expositions dans sa vie, dont une qui a par ailleurs laissé le mauvais souvenir d’une sculpture de bois volée.

« Ce serait comme vendre mes enfants!, confie-t-il. Mais j’en ai donné plusieurs à de la parenté, et j’en ai offert une l’été dernier à ma paroisse des Saints-Martyrs-Canadiens. »

Cette œuvre, qui représente les huit saints martyrs jésuites qui ont donné son nom à la paroisse, est exposée sur la façade avant de l’autel. De 4 x 2 pieds, « c’est ma plus grande pièce jamais réalisée! », signale Georges Druwe.

L’ensemble de ses créations, que ce soit l’intarsia, les sculptures de bois, la céramique, la peinture et les vitraux, est cependant accessible sur l’Internet (www.gdruweplace.com).

« Comme artiste, je suis inspiré par les scènes où il se passe quelque chose, les scènes d’action, analyse Georges Druwe. Ça peut être des gens qui jouent aux cartes, qui pêchent, qui dansent, qui font du sport, qui jouent de la musique. Ça peut aussi être des animaux, mais toujours en mouvement ou en action. J’aime aussi les thèmes historiques, religieux et autochtones.

« Tout comme ma pratique artistique, mes choix d’images sont très spontanés, conclut-il. Je me laisse inspirer par ce qui me parle. Parfois je reproduis une image qui existe, d’autres fois c’est mon propre dessin. Et chaque premier coup de scie dans le bois continue de me stimuler par l’odeur qu’il dégage! »