Par Katrine DENISET

La participante au programme d’entreprise d’été du CDEM, Candace Lipischak, a dessiné la cloche sur les t-shirts de Batoche.

LA LIBERTÉ (MANITOBA)
Candace Lipischak : « J’offre des services locaux en graphisme aux gens du milieu rural, qui auraient autrement besoin de se déplacer ». (photo : Gracieuseté Candace Lipischak)

La carte d’affaire de Candace Lipischak précise qu’elle fait du « graphisme » et de la « mise en page ». La carte ne parvient toutefois pas à mettre en évidence les multiples talents que possède l’entrepreneure de 37 ans.

Candace Lipischak était parmi les huit entrepreneurs participants au programme de démarrage d’entreprise du CDEM, Été en affaires, au cours des quelques derniers mois. Le programme, souvent utile pour ceux qui souhaitent réaliser leur plan d’affaires, a assisté Candace Lipischak autrement. Il lui a plutôt fourni les ressources qui lui manquaient, comme un ordinateur portatif, pour faire avancer son entreprise, existante depuis six ans déjà.

« C’est incroyable comment cet ordinateur facilite mon travail, affirme-t-elle. Je peux maintenant concrètement montrer à mes clients ce que je fais pour eux, que ce soit des cartes, des dépliants, ou des logos. Ça me permet de faire les corrections avec eux. »

Depuis le début de l’été, Candace Lipischak s’est immergée dans toutes sortes de projets. Elle a, par exemple, été infographiste pour le journal francophone du secondaire, l’Érudit. Sa réputation déjà bien établie avec l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba grâce à un logo qu’elle avait créé pour le 125e anni­versaire de l’Union, a donné à Candace Lipischak une autre opportunité de représenter sous forme de logo un plus récent évènement marquant dans l’histoire métisse.

« Le président de l’Union nationale métisse, Gabriel Dufault, m’a approchée pour me demander si j’étais intéressée de créer un dessin pour symboliser le retour de la cloche de Batoche, explique-t-elle. J’ai dessiné la cloche à main levée, et le logo a été beaucoup utilisé, comme par exemple sur des t-shirts. Je suis moi-même Métisse, alors je suis vraiment fière d’avoir pu incorporer ma culture dans mon travail. »

L’entreprise de Candace Lipischak, qu’elle dirige depuis son domicile dans la localité manitobaine d’Otterburne, s’appelle Productions Canart Productions : une dénomination qui englobe à la fois son prénom et son métier artistique, et plus important encore, une dénomination qui annonce intrinsèquement ses services bilingues.

Son adolescence vécue à Île-des-Chênes et son amour inconditionnel pour la campagne manitobaine ont certainement influencé la décision de Candace Lipischak de quitter Winnipeg pour démarrer son entreprise. Mais son raisonnement ne s’est pas arrêté là.

« En 2000, j’ai été diagnostiquée avec la sclérose en plaques, raconte-t-elle. Je me suis rendu compte après un moment qu’un emploi de neuf à cinq, ça ne fonctionnerait plus pour moi. Créer ma propre entreprise était la meilleure décision pour gérer ma santé : ça me permet de me reposer et de choisir mes heures. En même temps, j’offre des services locaux en graphisme aux gens du milieu rural, qui auraient autrement besoin de se déplacer. »

Sa maladie n’empêche pas Candace Lipischak d’exceller dans son domaine, et dans toute autre démarche créative. Elle a d’ailleurs inspiré les juges du concours vidéo pour les entrepreneurs Manitobains et Saskatchewannais détenant un handicap, Just Watch Me, qui l’ont déclarée gagnante. Les douleurs qui viennent parfois déranger ses mains ne l’arrêtent pas non plus de cultiver son jardin, ou de frapper la batterie pour son groupe de musique, Cash Only.

Mais que voulez-vous, une carte d’affaire n’admet pas l’espace qu’il faut pour inscrire « graphiste, mise en pagiste, Franco-Manitobaine, Métisse, jardinière, musicienne, modèle pour les entrepreneurs handicapés »!