À l’approche de l’Assemblée générale annuelle de la Société franco-manitobaine, le 24 octobre prochain, trois propositions fortes ont été transmises à l’organisme « pour prendre acte de la communauté d’aujourd’hui ».

Nicole Forest Lavergne.
Nicole Forest Lavergne.

La Société franco-manitobaine a récemment reçu trois propositions en vue de son Assemblée générale annuelle le 24 octobre prochain. Demande d’États généraux, formation des membres du conseil d’administration quant à l’histoire franco-manitobaine et plan stratégique avec tous les acteurs de l’éducation : voici un bref résumé des trois propositions transmises à l’organisme porte-parole le 18 septembre dernier. Au total, quinze personnes ont appuyé ces propositions présentées par Raymonde Gagné et appuyées par Léo Robert, en leur nom propre.

Lire les propositions transmises à la Société franco-manitobaine pour la tenue de son Assemblée générale annuelle le 24 octobre 2013.

 

| États généraux de la SFM

« C’est en 1987, la dernière fois que nous avons enclenché des États généraux. Il s’en est suivi des débats publics très constructifs, indique la dépositaire des propositions, Raymonde Gagné. Il me semble nécessaire aujourd’hui de prendre acte de la communauté francophone. Ces trois propositions sont là pour que l’on se regarde dans le miroir. Il faut sonder la communauté et laisser de la place aux membres, plutôt qu’aux organismes, aux individus plutôt qu’aux personnes qui portent un chapeau. »

« Les organismes à l’œuvre aujourd’hui ont été mis sur pied dans les années 1960 à 1970. Or, nous faisons face à de nouveaux défis, de nouvelles réalités, et de nouveaux besoins, renchérit Léo Robert, appuyeur de ces propositions, président de la SFM de 1982 à 1984 durant la crise linguistique du Manitoba, s’exprimant à titre personnel sur le sujet. Ces propositions sont là pour que l’on se demande quels sont les outils que nous avons à notre disposition, et comment nous allons faire, avec nos ressources financières réduites pour affronter les nouveaux défis auxquels nous devons faire face. Conscientiser les gens est aussi l’objectif. »

Aux trois propositions, la présidente de l’organisme porte-parole, Nicole Forest-Lavergne, a tenu à spécifier à La Liberté qu’elle s’exprimerait en son nom propre sur le sujet car son « conseil d’administration ne s’était pas encore rencontré » à l’heure d’écrire ces lignes. « J’ai reçu ces propositions très favorablement, confie-t-elle. Développer la communauté, je ne demande pas mieux. Je ne suis pas surprise. Peut-être qu’il ressortira de ces propositions, comment la SFM peut évoluer et travailler différemment pour défendre les intérêts de la communauté francophone. »

Les propositions font état de nouveaux défis. « Les ressources financières réduites » pour différents organismes comme le mentionne plus haut Léo Robert en sont un exemple. Face aux coupures, la présidente de la SFM tient pourtant à rassurer qu’il y a « beaucoup de pourparlers, du travail fait en dessous de la table » sans toutefois donner d’autres détails.

| Connaître son Histoire

Connaître son Histoire pour ne pas reproduire les erreurs du passé ou vivre les mêmes tragédies, Léo Robert ne le sait que trop bien. « La communauté a un nouveau visage. Sa démographie a changé. Nouveaux arrivants du Québec, de France, d’Afrique et communautés francophones rurales importantes en régions, la communauté francophone, ce n’est plus seulement les Franco-Manitobains de Saint-Boniface ou de Saint-Vital, souligne Léo Robert. Pour accueillir de nouveaux membres il faut construire un cadre de référence commun autour de notre histoire franco-manitobaine. »

il y a aussi une véritable inquiétude car beaucoup de gens qui travaillent dans les différents organismes ne connaissent pas l’histoire du Manitoba. Il faut savoir ce que l’on a dû affronter pour savoir où l’on va.
– Léo Robert

 

La deuxième proposition demande ainsi à la SFM de former en une ou plusieurs fois par année les membres de son conseil élu sur l’histoire du Manitoba français et de l’organisme porte-parole. Même si les membres du conseil d’administration sortant « représentent le nouveau visage de la communauté, explique Nicole Forest-Lavergne », il semble pour Léo Robert qu‘« il y a aussi une véritable inquiétude car beaucoup de gens qui travaillent dans les différents organismes ne connaissent pas l’histoire du Manitoba. Il faut savoir ce que l’on a dû affronter pour savoir où l’on va ».

| L’éducation

La troisième proposition concerne l’éducation, « il s’agit de donner un rôle crucial à la SFM dans le dossier scolaire, central, dans le développement de la communauté, développe Raymonde Gagné. Au lieu que la Coalition de la petite enfance, la Division scolaire franco-manitobaine et l’USB travaillent dans leur coin, il faudrait travailler ensemble pour être plus efficace et effectuer les rattrapages à faire en matière d’éducation ».

Pourtant, la présidente de la SFM avance qu’« à la SFM, on travaille à la mise en place d’organismes. Une fois qu’ils sont mis sur pied, on les laisse gérer. Mais on a travaillé fort dans le secteur de la petite enfance et à la désignation de l’Université de Saint-Boniface ».

| Qui se présente sur le CA?

Au-delà de la formation des membres, le défi de trouver des gens prêts à donner de leur temps pour siéger sur l’organisme politique demeure. Au cours des dernières années, la SFM a rarement vu une course aux élections avec débats d’idées. À l’heure d’écrire ces lignes il n’y avait d’ailleurs encore aucune candidature au poste de conseiller de la région rurale et urbaine, aucune non plus au poste de conseiller de la région Sud, déjà vacant l’an passé. « Patrice Harvey, le secrétaire-trésorier, et moi-même, venons tous les deux de Saint-Pierre-Jolys, donc on aimerait avoir quelqu’un d’une autre municipalité pour balancer ça ». « Peut-être que l’on connaît moins bien les gens ailleurs, poursuit-elle, que l’on n’a pas contacté les bonnes personnes, peut-être que l’on ne si prend pas de la bonne façon ».

Seul nouveau visage à se présenter sur le conseil de la SFM le 24 octobre prochain, Walter Kleinschmit, président sortant de l’Association des résidents du Vieux Saint-Boniface. L’homme d’affaires a particulièrement à cœur d’engendrer des « initiatives pour mieux valoriser notre héritage physique, la présence visuelle, l’existence, la survie et l’épanouissement de notre communauté et de notre langue au Manitoba ». Autre point fort, il demande « plus de transparence des états financiers de l’organisme et de sa gestion de fonds, d’octroi et de la distribution financière aux organismes associés ».

Walter Kleinschmit approuve la deuxième proposition concernant la formation des membres du conseil d’administration quant à l’histoire franco-manitobaine, « je m’aperçois que notre histoire n’est pas bien connue et que nos succès du passé sont pris pour acquis ». Lui-même avoue pouvoir bénéficier de la formation pour les membres élus, « personnellement je ne connais notre histoire seulement depuis 1954 ».

Un seul nouveau visage à se présenter, et pourtant, il semble que grand nombre de francophones peuvent siéger sur le conseil d’administration. « On essaye d’avoir une variété de personnes autour de la table, assure Nicole Forest-Lavergne. Des femmes, des hommes, des jeunes, des plus âgés, de différentes régions, et des gens spécialisés dans différents domaines. »

La présidence est briguée par le vice-président sortant, Mamadou Ka, qui a confirmé sa candidature à La Liberté mais qui n’a pas souhaité faire de plus amples commentaires pour le moment. Nicole Forest-Lavergne, elle, cède sa place car elle  souhaite désormais « être plus présente pour ses petits-enfants » et laisser sa place à « des gens qui ont plus d’idées ».

 

adobe-pdf-logo Pour télécharger le document des propositions cliquez ici.

 

Par Manon BACHELOT