Le problème de l’itinérance et de la santé mentale restent toujours d’actualité. Pourtant en mars dernier, le projet pancanadien Chez soi de la Commission de la santé mentale du Canada prenait fin malgré son grand succès.

CHEZ SOI est une étude portant sur la priorité au logement.
CHEZ SOI est une étude portant sur la priorité au logement.

Lancé il y a cinq ans dans cinq communautés à travers le Canada, dont Winnipeg, le projet At Home/Chez soi de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) misait sur l’accès au logement pour sortir de problèmes de dépendance et de santé mentale.

« Aujourd’hui, dans la plupart des villes canadiennes, les personnes ayant des problèmes de dépendance ou de santé mentale doivent d’abord se guérir avant de pouvoir accéder à un logement permanent, révèle la directrice du logement et de l’itinérance à la CSMC, Catharine Hume. Ça ne fonctionne pas pour la plupart d’entre eux.

« Ce que At Home/Chez soi a voulu essayer, poursuit-elle, c’est de leur offrir tout de suite un accès à un logement permanent dans le quartier de leur choix, sous deux conditions. La première est qu’ils paient 30 % de leur loyer et la seconde est qu’ils acceptent de rencontrer une fois par semaine une équipe de soutien, chez eux ou dans la communauté, qui les aidera à gérer leurs problèmes dans le but de garder leur logement. »

Après cinq ans d’expérience, Catharine Hume affirme que les résultats sont probants. « On a découvert que si on travaillait à partir des impacts que leurs dépendances peuvent avoir sur la garde de leur logement, plutôt que directement sur leurs problèmes eux-mêmes, nos participants étaient beaucoup plus motivés à changer leurs comportements. »

Selon les besoins, les équipes de soutien peuvent inclure des infirmières, des psychiatres, des travailleurs sociaux, des professionnels en santé mentale ou toute autre personne ayant de l’expérience dans ce domaine.

« Nos participants ont accès à de nombreuses services en tous temps », se réjouit Catharine Hume.

| À Winnipeg

À Winnipeg, le projet At Home/Chez soi, qui a été créé dans les deux langues officielles car il est pancanadien, s’est plutôt déroulé en anglais.

En effet, « 70 % de la population itinérante à Winnipeg est Autochtone et parle anglais, donc on a très peu eu recours au français, explique Catharine Hume. En revanche, avec les populations autochtones, l’aspect culturel était très important dans leur guérison. On a donc intégré des Autochtones dans nos équipes de soutien à Winnipeg ».

Au total à Winnipeg, plus de 500 personnes ont été sélectionnées pour participer au projet pilote. Quelque 275 d’entre elles ont bénéficié des services de soutien, qui comprenaient 28 personnes, et de logement de la part de 36 propriétaires, tandis que les 230 autres formaient le groupe témoin. Celles-ci étaient suivies par les équipes de soutien, mais elles n’avaient pas accès à un logement.

Les gouvernements fédéral et provinciaux impliqués ont accepté de financer une année supplémentaire de transition pour que nos résidants continuent à bénéficier des logements et de l’accompagnement.
– Catharine Hume.

 

« L’objectif du projet pilote était de voir son efficacité, d’où la nécessité d’un groupe témoin, justifie Catharine Hume. On a en effet trouvé que la qualité de vie et la stabilité au niveau du logement étaient plus élevées pour le groupe qui a vraiment bénéficier d’At Home/Chez soi. »

Et si le projet pilote a officiellement pris fin en mars 2013, ses résultats probants lui font déjà connaître une expansion. « Les gouvernements fédéral et provinciaux impliqués ont accepté de financer une année supplémentaire de transition pour que nos résidants continuent à bénéficier des logements et de l’accompagnement, se réjouit Catharine Hume.

« Et pour la suite, on continue à dialoguer dans l’espoir de continuer le projet d’une manière ou d’une autre, conclut-elle. On espère ne pas avoir à retirer nos participants de leurs logements. »

Par ailleurs, plusieurs courts-métrages documentaires sur le projet At Home/Chez soi à travers le Canada sont disponibles sur le site Internet de l’Office national du film. On y rencontre des participants, mais aussi des propriétaires de logement qui ont accepté de faire partie de cette expérience pilote.

Par Camille HARPER-SÉGUY