Denis Lessard.
Denis Lessard traite de la relation à l’autre et la sexualité à travers ses œuvres exposées au Martha Street Studio jusqu’au 18 octobre.

Jusqu’au 18 octobre, le Martha Street Studio accueille l’exposition Intimacies, trois projets, trois artistes, dont le Montréalais Denis Lessard qui présente ses Douze historiettes.

Entre les murs gris du Martha Street Studio, trois pièces, trois artistes homosexuels et leurs trois projets artistiques se font écho jusqu’au 18 octobre dans le cadre de l’exposition. Tous traitent de la relation à l’autre et la diversité des formes qu’elle peut revêtir. L’escalier tortueux qui y mène symbolise l’entrée dans l’intimité du Winnipégois Kegan McFadden, du Torontois Jim Verburg’s et du Montréalais Denis Lessard.

Sur une étagère, reposent Douze historiettes, le projet de Denis Lessard, artiste pluridisciplinaire, critique d’art, traducteur et professeur d’histoire de l’art à Montréal. Douze historiettes est le fruit de la rencontre de douze anecdotes de vie curieuses et de douze barbes dessinées au crayon de plomb qu’il a décidé de réunir sur douze cartes postales.

Qui a dit que les poils au menton ne peuvent pas être dignes d’intérêt? « Malpropre, primitive, spirituelle ou travaillée, la barbe s’inscrit dans un contexte social et historique. C’est ce qui m’a toujours passionné », raconte l’artiste. Barbe des moines orthodoxes, grecque antique, indienne, sumérienne, du Christ et bien d’autres, Denis Lessard en a déclinés plusieurs.

Ces barbes reposent sur des cartes postales. Sans visages. Des visages que l’on s’imagine par les histoires racontées au dos de ces cartes. Des anecdotes de vie courtes et drôles, laissées en suspens. Une palette de rencontres, de sensations, de frustrations glanées ici et là. Un baiser fougueux sur la terrasse d’un immeuble,  le souvenir d’un inconnu croisé dans les douches d’un vestiaire, un détail sur le visage de Francis, son professeur de flûte, un petit matin de lecture au milieu de nulle part, nu, dans une tente…

Ces cartes aux couleurs pâles portent les marques noires de leur envoi postal. « J’ai fait le choix de faire don de mes œuvres, narre Denis Lessard. J’ai envoyé certaines de mes œuvres aux personnes concernées par mes anecdotes, d’autres à des personnes du milieu artistique ou simplement des gens qui s’intéressent à la barbe. »

À travers ses cartes très intimes, Denis Lessard montre que la relation à l’autre et la sexualité comportent un spectre de possibles. « Dans les années 1980, les artistes voulaient choquer pour remettre les modèles sociaux de relation en cause. Aujourd’hui nous employons d’autres moyens, comme l’art conceptuel, mais le but est le même », souligne Denis Lessard.

 

Par Manon BACHELOT