La diarrhée épidémique porcine pourrait encourir des centaines de millions $ de pertes pour l’industrie du porc au Canada. Au Manitoba, les producteurs se mobilisent pour faire respecter davantage les protocoles de biosécurité.
La confirmation, le 23 janvier dernier dans le comté ontarien de Middlesex, du premier incident canadien de diarrhée épidémique porcine (DEP), inquiète plus d’un producteur de porc au Manitoba. Surtout que d’autres cas ontariens du virus mortel et facilement transmissible ont été confirmés.
« Dès que nous avons été informés du premier incident, le 24 janvier dernier, nous avons tenu une conférence téléphonique d’urgence avec des vétérinaires de la Province, indique le directeur général de Manitoba Pork, Andrew Dickson. Le but était d’évaluer la situation au Manitoba, et de discuter des mesures à prendre pour réduire la possibilité que la maladie ne se répande chez nous. »
En effet, la DEP est une maladie extrêmement infectieuse qui, tout en ne posant aucun danger pour les humains, a causé la mort de plus d’un millions de cochons aux États-Unis depuis qu’elle a été dépistée en mai de 2013. Une fois présente sur une ferme, la maladie peut faucher la totalité des porcelets âgés de trois à cinq semaines.
Le 30 janvier, le ministre canadien de l’Agriculture, Gerry Ritz, a autorisé l’importation du vaccin iDEP+, afin que les vétérinaires puissent s’en servir sur les troupeaux canadiens. Des études préliminaires indiquent que le vaccin iDEP+ facilite le développement, chez les truies, des anticorps nécessaires pour combattre la maladie.
| 35 % de l’industrie américaine touchée
En outre, Manitoba Pork et les producteurs ont discuté davantage des mesures à prendre les 5 et 6 février, lors du Manitoba Swine Seminar, tenu à Winnipeg.
« Étant donné le grand nombre de camions transportant des cochons des fermes infectées du Minnesota, le plus grand danger pour les producteurs manitobains est de provenance américaine », a indiqué Andrew Dickson.
« L’industrie canadienne vend plus de cinq millions de bêtes chaque année aux États-Unis, souligne le vice-président et chef d’exploitation de l’entreprise d’alimentation HyLife, Claude Vielfaure. Nos camions reviennent vides, mais ils ont pris contact avec les bêtes possiblement infectées. Chaque semaine, les chances d’une contamination augmentent.
« Le plus inquiétant, c’est que lorsque la DEP infecte une étable de truies, il faut entre quatre à cinq semaines pour que ces femelles développent une immunité à la maladie, poursuit-il. L’étable doit donc être bien nettoyée, et fermée durant cette période de stabilisation. Pour HyLife, dont les opérations porcines sont de grande envergure, la fermeture complète de nos opérations représenterait environ 20 millions $ en revenus perdus. Si l’industrie canadienne était profondément touchée, les pertes pourraient se chiffrer dans les centaines de millions $. »
À présent, environ 35 % de l’industrie américaine a été touchée par la DEP. Selon Claude Vielfaure, la solution à la menace que représente cette maladie est de faire appel « à toutes les précautions possibles ». « Les protocoles de biosécurité doivent être strictement respectés, affirme-t-il. Nos camionneurs doivent se doucher chaque fois qu’ils visitent une étable. Les camions doivent être lavés et désinfectés. Chez HyLife, nous sommes confiants que nous respectons toutes les consignes. Nous estimons que nous pourrons éviter des incidences de la DEP. Mais nous sommes vigilants. »
Au moment d’écrire ces lignes, quatre cas de DEP avaient été signalés en Ontario.