Pour révéler l’engouement de certains pour la reconstitution historique, le cinéaste Jeff Riddell a tourné sa caméra sur les membres de la Compagnie de La Vérendrye.

Jeff Riddel organise une séquence du film La Compagnie, avec des membres des Forces de Lord Selkirk.
Jeff Riddel organise une séquence du film La Compagnie, avec des membres des Forces de Lord Selkirk.

«J’ai toujours voulu comprendre ce qui motive les mordus de la reconstitution historique, lance le cinéaste winnipégois, Jeff Riddell. Ce sont des gens fascinants. Un féru d’histoire aime lire ou visiter un musée. Mais le reconstituteur s’immerge dans sa passion. Il fabrique des costumes d’une authenticité ahurissante. Et il se réunit avec d’autres, avec lesquels il étale de façon dynamique sa passion devant le grand public. »

À la fin de l’été 2013, Jeff Riddell a en effet réussi à mieux comprendre les recréateurs d’histoire, en tournant son nouveau documentaire de langue anglaise, La Compagnie, film qui explore l’engouement des membres de la Compagnie de La Vérendrye pour l’histoire militaire française du 18e siècle, et pour les explorations de La Vérendrye dans l’Ouest canadien. (1)

« Mon épouse, Lianne, et moi avons réalisé La Compagnie ensemble, explique Jeff Riddell. Il a d’abord fallu convaincre le câblodistributeur MTS qu’il s’agissait d’un sujet d’intérêt pour sa série Stories from Home. Puisque 2013 a marqué le 275e anniversaire de la construction, par La Vérendrye, du Fort Rouge, on nous a donné le feu vert. J’ai jubilé! Cela faisait depuis que je tournais des vignettes de la série Manitoba Moments pour la CTV, au début des années 2000, que j’avais le goût de raconter cette histoire.

Pour ce faire, le couple a accompagné la Compagnie de La Vérendrye à quelques évènements, pour les filmer en pleine interaction avec le public. « Je me suis occupé de tourner les scènes qui démontrent la Compagnie en action, faisant ce qui a fait sa réputation au Manitoba, explique Jeff Riddell. Ces portions du film, parce qu’elles ont été prises sur le vif, ressemblent un peu à des images tirées d’une série de téléréalité. De son côté, Lianne s’est entretenue avec les membres de la Compagnie, dans une série de tête-à-tête plus intimes, qui permettent de faire ressortir leurs personnalités ainsi que les intérêts et valeurs qui les ont conduits vers la Compagnie. Il y a autant d’explications qu’il y a de membres. »

Vers la fin de La Compagnie, Jeff Riddell étend son regard sur d’autres organismes qui font de la reconstitution historique, entre autres les Forces de Lord Selkirk, groupe qui récrée l’époque de la présence militaire britannique au temps de la colonie de la Rivière Rouge.

« J’ai filmé une escarmouche entre les Forces de Lord Selkirk et la Compagnie de La Vérendrye, explique le cinéaste. C’est le genre d’affrontement que les deux groupes organisent de temps à autre pour divertir le public, notamment lors du Festival du Voyageur. Pour cette séquence, j’ai voulu plonger les spectateurs en plein milieu de l’action. La séquence a donc l’allure d’un film de guerre, ce qui change à nouveau le ton du film. N’empêche qu’on ressent tout de même l’ambiance ludique qui sous-tend ce combat fictif. Et c’est en effet en tournant cette séquence que je me suis rendu compte que la reconstitution historique est, du moins en partie, un jeu qui fournit aux participants l’occasion de retrouver leur cœur d’enfant. Ce n’est certes pas la seule raison de vouloir en faire, mais le plaisir de se costumer et de «faire semblant» y joue certainement pour quelque chose. »
(1) Le film La Compagnie sera présenté le 25 février de 18 h 30 à 21 h au Park Theatre, situé au 698, rue Osborne, à Winnipeg. L’entrée est gratuite.

Daniel BAHUAUD