Le gouvernement va octroyer 497 millions $ sur deux ans pour appuyer les échanges commerciaux. On pense Asie, Europe et États-Unis. Mais il est aussi question d’évasion et de prédation fiscale.

Budget fédéral
«Depuis cinq ans, soutient le président du World Trade Centre de Winnipeg, Raymond Lafond, on parle beaucoup de commerce avec la Chine et l’Inde. Mais c’est probablement plus facile de faire des échanges avec l’Europe. C’est un marché très important pour nous. »

Le Canada a annoncé en septembre 2013 un accord de libre échange avec la Communauté européenne. L’entente en voie de négociation favoriserait surtout le secteur agroalimentaire de l’Ouest canadien et permettrait la création de milliers d’emplois.
« Au Manitoba, selon le comptable agréé, les francophones sont bien placés pour les échanges avec la France et la Belgique. On a aussi un programme d’immigration francophone en place qui donne de très bons résultats. »

Le WTC Winnipeg se penche présentement sur des opportunités de développement dans la région frontalière commune de la Saskatchewan, du Manitoba ainsi que des États du Montana et du Dakota du Nord. De nombreux champs d’exploitation de gaz de schiste y sont en pleine expansion.
« Il y a des occasions d’affaires dans la région de Bakken, au Montana, explique Raymond Lafond, où les petites villes vont devenir des grandes villes. Les entreprises de Winnipeg et de Brandon sont très bien placées pour aider cette région à établir des services de toutes sortes et surtout dans l’industrie de l’hospitalité.

«  Le Montana est prêt à accueillir les entreprises du Manitoba, précise le président. On a fait des rencontres avec des sénateurs américains qui supplient pour de l’aide à établir des liens avec nos gens d’affaires. »

Le WTC établi à Saint-Boniface a dirigé une mission commerciale dans les États voisins en novembre 2013. Il tiendra le 28 février prochain à Brandon une exposition-conférence sur les occasions d’affaires dans la région de Bakken.

Sur la côte ouest, les préoccupations commerciales sont d’un autre ordre. « Le budget fédéral permet d’examiner la question de l’équité fiscale, signale le président de la Société de développement économique de la Colombie-Britannique (SDEBC), Michel Malifat. Il y a bien des abus d’évasion et le fédéral va tenter de corriger ça.
« Le gouvernement a éliminé le programme des immigrants investisseurs après l’avoir gelé pendant deux ans, souligne le gestionnaire de fortunes privées chez CIBC Wood Gundy. « Il y avait trop de demande, surtout du côté asiatique. »

On estime que 43 000 Chinois bien nantis étaient sur une liste d’attente en vue d’immigrer en Colombie-Britannique.
« On permettait aussi aux étrangers de faire des investissements en fiducie non taxés, poursuit Michel Matifat. C’étaient des montants que Revenu Canada ne pouvait pas toucher pendant cinq ans. C’est très logique d’avoir terminé ce programme.

Côté prédation fiscale, le président de la SDÉBC signale que « des grandes compagnies asiatiques profitaient de certains traités fiscaux pour faire du magasinage à l’étranger pour réduire leur charge fiscale. Le gouvernement a pris des mesures pour empêcher ça, pour que ces sociétés soient aussi imposées au Canada. »

Michel Matifat accorde de bonnes notes au budget fédéral pour le maintien des taux d’imposition actuels. « C’est bon pour les contribuables autant que pour les sociétés. On va également serrer la ceinture des fonctionnaires et des ministères pour deux ans, ce qui est positif.

« Sur la question de la formation à l’emploi, on s’attendait à plus, déplore-t-il. Le taux de chômage chez les jeunes est au-dessus de 15 % ici et un grand nombre s’en vont travailler en Alberta. On ne fait pas assez pour nos jeunes. »

Un vœu pour le budget de 2015? Raymond Lafond recommande de baisser la dette. « Ce n’est pas assez de réduire le déficit, ce serait le temps de faire un peu d’épargne. Mais c’est devenu une chose improbable pour les gouverne­ments. »

Michel Matifat : « Quelques milliards de dette, ce n’est pas si mal, comparé aux autres économies et considérant le niveau du PNB (produit national brut) actuel. Ce qui est important, c’est de maintenir nos mesures fiscales pour que l’économie roule. »

Jean-Pierre DUBÉ,
APF