Le 9 mars prochain la Petite école de théâtre du Cercle Molière présentera son spectacle de fin d’année. Une excitation palpable chez les plus jeunes mais de nombreuses inquiétudes sous-jacentes.

La troupe des Météores de la Petite école de théâtre se prépare à sa représentation du 16 mars prochain. Sur la photo sont absents : Josée Kornelson et Colin Bazin.
La troupe des Météores de la Petite école de théâtre se prépare à sa représentation du 9 mars prochain. Sur la photo sont absents : Josée Kornelson et Colin Bazin.

C’est un drôle de portrait qui se dessine au Cercle Molière chaque samedi matin entre 9 h et 12 h 30. Le temps de quelques heures, le bâtiment se fait envahir par une poignée d’enfants, des jeunes filles pour la plupart, à l’énergie bouillonnante et aux éclats de rire spontanés.

Ils sont une quinzaine en tout, de 7 à 12 ans, à participer à la Petite école de théâtre, la troupe des jeunes comédiens du Cercle Molière (CM). Et à en juger par l’atmosphère décontractée et un brin cabotine qui plane dans les rangs, on peinerait à croire que les jeunes amateurs affronteront les feux des projecteurs dans quelques jours lors de leur spectacle de fin d’année.

En effet, le dimanche 9 mars à 14 h, les Astros et les Météores, les deux troupes du CM, viendront présenter leur pièce de fin d’année au Théâtre Cercle Molière. Deux représentations théâtrales d’une durée respective d’une vingtaine de minutes, gratuite et ouverte à tous.

« Enseigner le théâtre aux plus jeunes est un vrai défi, souligne l’une des professeures de théâtre de la troupe des 10-12 ans, Ainza Bellefeuille. Alors que les enfants entre 7 et 9 ans rentrent d’emblée dans des mondes imaginaires, avec la tranche d’âge d’au-dessus, il s’agit de les y emmener. L’essentiel est de s’ajuster à chaque groupe et de les laisser développer leurs idées. »

Chez les Météores, la troupe des 10-12 ans, il n’aura pas fallu y aller à deux fois pour convoquer leur imaginaire. Décidée à présenter Mission géminiprix, une pièce signée David Saint-Paul, la jeune troupe entend ainsi transporter le public sur Uranus. Enfilant le costume de spationautes aussi incompétents qu’irréfléchis, la troupe d’Alexandre Quesnel et d’Ainza Bellefeuille partira ainsi à la rencontre du troisième type. Une intrigue simpliste mais idéale pour clôturer un spectacle jeunesse.

Parce qu’il faut bien garder à l’esprit que du haut de ses 12 ans, la Petite école de théâtre se veut avant tout formatrice pour les nouvelles générations de Franco-Manitobains. Comme son nom l’indique modestement, l’enjeu n’est pas de proposer un théâtre nouveau mais bien plus de donner les outils nécessaires afin de former de futurs comédiens.

| La nouvelle crise
de vocation?

De futurs comédiens qui se font pourtant de plus en plus rares. Alors que les années précédentes, quatre ateliers de théâtre étaient proposés pour les enfants de 4 à 18 ans en tout, désormais seuls les jeunes âgés de 7 à 12 ans ont accès à une formation.
Et tandis que les troupes des Comètes et des Étoiles filantes ont disparu du tableau, présentant toutes deux moins de sept participants, l’inquiétude teinte la voix d’Irène Mahé, en charge de la Petite école de théâtre.

« Nous avons dû fermer ces deux troupes en raison du manque d’inscriptions, déplore-t-elle. C’est désolant, surtout pour les quelques enfants qui n’ont pas pu continuer le théâtre à cause de ça. C’est la première fois que la situation se pose et je ne me l’explique pas. »

Un premier facteur consiste pourtant bel et bien en la difficulté qu’a le Cercle Molière à acquérir de la visibilité.

« Financièrement, ce serait compliqué de nous rendre dans les écoles alors nous envoyons des feuillets à Winnipeg et dans les villages alentour, explique Irène Mahé. Nous ne pouvons pas non plus organiser de formation en campagne car il n’y a pas suffisamment d’animateurs. En somme, on essaie déjà de faire marcher le théâtre à l’intérieur de Saint-Boniface. »

Aux yeux d’Ainza Bellefeuille, c’est davantage la concurrence intrinsèque au CM qui est en cause dans ce déficit progressif d’étudiants.
« Déjà l’an passé nous avions exceptionnellement choisi de laisser ouvert un groupe qui ne comprenait que quatre élèves, confie-t-elle. Mais le Festival théâtre jeunesse fait vraiment de la concurrence à la Petite école de théâtre. Ce ne sont absolument pas les mêmes formations mais de plus en plus, les élèves laissent la seconde pour aller vers la première. »

Chloé LE MAO