L’histoire du Musée Saint-Joachim de La Broquerie se conjugue désormais au passé. Sauver la maison qui l’abritait de la destruction, c’est le seul espoir qu’il reste à la famille Fournier.

Le porte-parole de la famille Fournier, Bernard Fournier, espère que la maison de son enfance trouvera un nouveau propriétaire.
Le porte-parole de la famille Fournier, Bernard Fournier, espère que la maison de son enfance trouvera un nouveau propriétaire.

Situé à une centaine de mètres de l’aréna de La Broquerie, le Musée Saint-Joachim encore appelé la P’tite maison des traditions n’est plus qu’un bâtiment jaune, quasi vide et croulant sous le poids des saisons. D’un pas hésitant, les deux mains enfouies dans les poches, l’un des membres de la famille Fournier à qui appartient la bâtisse, Bernard Fournier y pénètre. C’est peut-être l’une des dernières fois qu’il franchira cette porte.

La P’tite maison des traditions est presque en ruine. Des vitres brisées et des écritures sur les murs intérieurs trahissent le passage de quelques visiteurs indésirables. Qui sauvera la P’tite maison des traditions du vandalisme et de la destruction? « Si quelqu’un veut bien la déménager et la rénover, je suis consentant de la donner », confie Bernard Fournier. (1)

Debout au milieu de ce qui avait autrefois servi de cuisine, Bernard Fournier reste immobile. Plus un pas! Les souvenirs se succèdent. Ce bâtiment vieux de plus de 100 ans lui raconte une multitude d’histoires. « C’est l’une des plus vieilles maisons de La Broquerie, note Bernard Fournier.

« Cette maison appartenait à mon père, Narcisse Fournier, poursuit-il en regardant autour de lui. Il l’a achetée en 1946 de Philippe Alexandre St-Laurent qui l’a construite au début des années 1900.

« J’ai habité ici!, lance-t-il d’une voix pleine de tristesse. On était 12 enfants. Moi, j’avais ma chambre en haut. » Autrefois, le bâtiment était situé sur la rue principale. Il a été déménagé il y a une vingtaine d’années sur le terrain de la Municipalité de La Broquerie lorsqu’un membre de la famille Fournier avait proposé d’en faire don à la municipalité afin qu’y soient entreposés les artéfacts et les objets historiques des habitants.

La p’tite maison des traditions a servi de Musée pendant une quinzaine d’années. Mais exposée aux intempéries, le bâtiment a perdu de sa solidité. « Ça n’a jamais été électrifié depuis que c’est ici, déplore l’agent de projets de la Société de développement communautaire, Richard Turenne. Les artéfacts n’étaient pas entreposés dans de bonnes conditions. »

Suite à une évaluation du bâtiment faite l’année dernière pour connaître le coût des rénovations, « nous avons pris la décision difficile de plier boutique », informe l’ancien président du Musée, Gäétan Bisson.

« Pour des fins de sécurité on ne pouvait plus faire venir des gens pour faire des tournées », ajoute Richard Turenne. Afin d’effectuer les rénovations nécessaires pour que le bâtiment soit à nouveau aux normes, il aurait fallu au moins 50 000 $. Faute de personnes pour financer ce gros projet, la solution a alors été de se débarrasser de tous les artéfacts.

« Il y avait plus de 1 000 artéfacts et objets historiques ici », confie Richard Turenne. En attendant leur propriétaire ou de trouver un nouveau musée pour les accueillir, ils sont pour la plupart entreposés au presbytère. « Le Musée de Saint-Boniface et de Saint-Claude ont manifesté leur intérêt pour prendre certains objets », souligne Richard Turenne.

En sortant de ce qui fut sa maison d’enfance, Bernard Fournier laisse libre cours à ses émotions. « Ça me fait de la peine d’une manière parce que je n’imaginais pas que tout ça pourrait finir comme ça, dit-il d’une voix tremblante. Je n’ai pas envie que tout ça brûle. »

À tous ces sentiments, se mêle aussi un peu de colère. « La Municipalité n’aurait pas dû l’accepter s’ils savaient qu’ils ne voulaient pas l’entretenir, se désole Bernard Fournier. Même de petits villages comme Sainte-Geneviève ont leur Musée qui est bien géré. Ceci aurait dû être mieux entretenu. »

Mais la Municipalité n’en veut plus. Elle a d’ailleurs exprimé à la famille Fournier son désir d’utiliser son terrain pour d’autres fins. Désormais, le seul espoir de la famille est de trouver un nouveau propriétaire pour la maison. « Au moins, si quelqu’un le prenait, peut-être que je pourrais un jour aller prendre le café chez lui », conclut Bernard Fournier avec un brin d’espoir.

(1) Ceux qui sont intéressés à avoir le bâtiment peuvent contacter Richard Turenne au 204-371-0379.

Wilgis Agossa