Verdoyant, ou décomposant, le bois est un puissant symbole des quatre saisons de la vie humaine. Même lorsqu’il est réduit, dans un haïku, à sa plus simple expression. Bertrand Nayet explique.

Bertrand Nayet estime que sans le bois, les premiers feux de nos ancêtres n’auraient été que feux de paille.
Bertrand Nayet estime que sans le bois, les premiers feux de nos ancêtres n’auraient été que feux de paille.

« Le haïku est une forme d’expression poétique que j’affectionne énormément, lance le poète, Bertrand Nayet. Compact, mais chargé d’images fortes, il doit, en trois lignes, aller vers l’essentiel. Ainsi, il perdure dans la pensée et le cœur du lecteur, bien longtemps après l’avoir lu. »

Bertrand Nayet en sait quelque chose. Le Franco-Manitobain a dirigé la création de sur une même écorce, un nouveau recueil de quelque 250 haïkus, le fruit de 62 poètes québécois, acadiens et manitobains. (1)

« Sur une même écorce a pour thème le bois, explique Bertrand Nayet. Le bois est présent dans chacune de nos vies, qu’on en soit conscient ou pas. En fait, c’est une matière qu’on prend pour acquise. Mais sans le bois, il n’y aurait pas de feu, de foyers ou encore de maisons. Sans le bois, nous n’aurions pas de meubles ou d’outils comme le marteau ou le rabot. »

Bertrand Nayet a d’abord eu l’idée du recueil en 2012, l’Année internationale de la forêt. « Le haïku me semblait un mode d’expression idéal pour explorer l’importance du bois, explique-t-il. Avant tout, un haïku est un petit poème à savourer, à méditer après une lecture initiale. Et parce qu’il est si court, il permet d’explorer une petite facette de la signification du bois. Par le haïku, on arrive à faire sortir ces facettes du fouillis du quotidien. »

Sur une même écorce est divisé en quatre parties, représentant les quatre saisons. Ainsi, certains auteurs ont écrit sur la chute des feuilles à l’automne, ainsi que d’autres aspects de la transformation de la forêt au fil des saisons. D’autres ont choisi de décrire l’impact de la forêt, ou encore de la transformation du bois, chez les humains.

« Tout le monde s’est retrouvé un marteau dans les mains, ou encore à contempler une forêt, précise Bertrand Nayet. Tout le monde a vu un sapin de Noël jeté aux poubelles, ou encore un violon, utilisé ou mis de côté. Le recueil mise sur de telles images, et les sentiments qui peuvent y être évoqués. Si les arbres se replient au début de l’hiver, un humain peut également se replier sur lui-même avec les premières neiges. »

En feuilletant sur une même écorce, le lecteur pourra savourer des poèmes de plusieurs auteurs franco-manitobains, notamment Gisèle Beaudry, Lucette Jobin, Denise Préfontaine, Vivianne Roy Mazerolle ainsi que Nicole Coulson, qui a également contribué deux photos au recueil. Bertrand Nayet a lui-même écrit huit haïkus. L’auteur se dit fier du résultat, mais confie que la sélection des textes n’a pas été de toute aise.

« Je suis fondateur et animateur d’un atelier manitobain de haïkus, le Kukaï Rouge, explique le Franco-Manitobain. Mon idée première était d’inviter les membres du Kukaï Rouge à contribuer au recueil. Les Éditions David ont été emballées par le concept, tout en me proposant de ne pas limiter la sélection à des auteurs manitobains, étant donné l’universalité du thème. J’ai donc lancé l’appel de textes, et reçu des centaines de haïkus. La sélection n’a pas été facile. Il a fallu d’abord lire les textes, pour évaluer leur qualité et entamer un premier tri. La deuxième ronde s’est avérée encore plus difficile. En bout de ligne, certains textes ont été rejetés tout simplement pour éviter la redite. J’ose espérer que le résultat, un recueil dépouillé que l’on peut lire à petites doses, de façon dégagée, plaira aux lecteurs. »

(1) sur une même écorce sera lancé le 23 avril prochain à 19 h à la Maison Gabrielle-Roy, située 375, rue Deschambault, à Saint-Boniface. Lors de l’évènement, les auteures Tatiana Arcand, Louise Dandeneau et Lise Gaboury-Diallo liront des extraits de leurs plus récents ouvrages littéraires. Des auteurs qui ont contribué au recueil seront de la partie. L’entrée est gratuite.

Daniel Bahuaud