L’une est historienne et l’autre romancière. Toutes deux sont les récipiendaires de la 56e édition des prix Champlain.

Simone Chaput et Jacqueline Blay ont mis la francophonie manitobaine à l’honneur avec leurs livres respectifs qui se sont vus attribuer un prix Champlain.
Simone Chaput et Jacqueline Blay ont mis la francophonie manitobaine à l’honneur avec leurs livres respectifs qui se sont vus attribuer un prix Champlain.

Ce sont deux francophones du Manitoba qui ont obtenu cette année le prix Champlain. Il s’agit de l’historienne, Jacqueline Blay et de la romancière, Simone Chaput. Tandis que la première est lauréate de ce prestigieux prix dans la catégorie Ouvrage savant-érudition, la seconde a été reconnue dans la catégorie Ouvrage de fiction.

C’est pour le Tome 2 de son livre Histoire du Manitoba français, Le temps des outrages (1870-1916) publié aux Éditions des Plaines que Jacqueline Blay a obtenu le prix Champlain.

Histoire du Manitoba français est un projet qui se développe en cinq tomes. Un travail de longue haleine, mais pour l’auteure, « c’est une histoire qui compte », confie-t-elle.

En 2011, Jacqueline Blay avait déjà obtenu le Prix Champlain pour le premier tome de la série. Avec ce nouveau prix, elle devient ainsi la première à obtenir deux fois le prix Champlain.

Un prix obtenu à la sueur de nombreuses heures de recherches historiques et d’écriture. D’ailleurs, son travail lui a valu les appréciations du jury qui, dans son communiqué, a jugé que cet ouvrage « fait devoir de mémoire en exposant pour la première fois la trahison constitutionnelle dont furent victimes deux des peuples fondateurs du Manitoba, les Canadiens-français et les Métis, après la conversion de leur territoire en province canadienne ».

Et, pour l’auteure, qui accepte ce prix avec beaucoup d’humilité, c’est un exercice qui se devait d’être fait pour la jeune génération. « On ne peut pas continuer de leur dire de parler français et de leur demander d’être fiers de qui ils sont sans leur expliquer pourquoi, revendique-t-elle. C’est une histoire qu’on n’a pas raconté et il faut le faire!

« J’ai cette chance d’être au contact de la jeunesse et je vois comment les jeunes ont soif d’apprendre, poursuit l’enseignante en Histoire à l’Université de Saint-Boniface. Ces jeunes vont amener un nouveau leadership. » Et pour Jacqueline Blay, il faut aider ces jeunes mais aussi les autres générations à connaître leur histoire car, « cette histoire, elle n’est pas dernière nous, cette histoire, elle est vivante », assure-t-elle.

| Fiction

Quant au roman Un vent prodigue de Simone Chaput, lui aussi a attiré l’attention du jury. Publié chez Leméac, ce livre raconte de façon très imagée l’histoire d’ « une famille moderne qui se retrouve au tournant d’un nouveau millénaire », raconte Simone Chaput.

En effet, la romancière se plonge dans la vie d’une famille à l’image de bien d’autres. Une mère qui voyage pour vivre sa passion, celle de répertorier les langues, son mari obsédé par la détérioration de la planète et deux enfants dont l’un vend des voitures alors que l’autre vit de musique. Pour le jury, ce livre qui montre l’être humain en plein milieu des changements du 21e siècle est « une belle réussite d’une écrivaine importante de l’Ouest canadien. »

L’auteure confie que son inspiration a pris sa source du recueil L’Homme rapaillé de l’écrivain Gaston Miron. Cette œuvre, l’a amenée à se poser la question de savoir si « nous pouvons dire actuellement que nous serons les bêtes féroces de l’histoire? » Mais, la romancière est parvenue à la conclusion que, « les bêtes de l’histoire sont petites et pas féroces ».

Ce double Prix Champlain pour le Manitoba permet d’écrire encore une fois l’histoire de la province. Et, Simone Chaput en est toute aussi fière. « Les lecteurs sont invités à venir voir ce qui se passe ici, lance-t-elle. Le prix Champlain, c’est le témoignage de ce qui se fait de bien au Manitoba français. »

En effet, créé en 1956 par le Conseil de la vie française en Amérique, le prix Champlain a pour objectif d’encourager la production littéraire chez les francophones vivant à l’extérieur du Québec mais aussi de susciter un intérêt de la part des Québécois envers les autres francophones d’Amérique.

Wilgis Agossa