Le prochain concert de la chorale des Intrépides aura un petit goût de tristesse pour ses membres. Il marquera en effet la fin d’une époque, celle de Marcien Ferland à la direction musicale de la chorale.

Avec le départ de la chorale de Marcien Ferland, c’est une nouvelle page qui s’ouvre pour la chorale des Intrépides.
Avec le départ de la chorale de Marcien Ferland, c’est une nouvelle page qui s’ouvre pour la chorale des Intrépides.

Le 25 mai prochain, la chorale des Intrépides sera en concert au Centre culturel franco-manitobain (CCFM). Les membres se préparent à ce spectacle qui aura une note toute particulière car, ce sera le tout dernier pour son directeur artistique, Marcien Ferland. « On vient à un temps où on s’adapte à l’idée, mais ce n’est pas facile », avoue la présidente du Conseil d’adminis­tration, Michelle Bourgeois.

Après un demi-siècle à la direction de la chorale, Marcien Ferland se prépare à passer le témoin à un successeur pour le moment inconnu. « Ça fait plusieurs années que je pense à ça. Depuis quelques mois, j’ai décidé que c’était le temps », affirme-t-il. Et c’est non sans peine qu’il quitte car, cette chorale, il l’a vue grandir. Il en a même été le fondateur. Mais aujourd’hui, « ce bébé est devenu très grand, ironise-t-il. C’est le temps de passer à autre chose ».

| Les souvenirs du passé

« Au départ, c’était censé être juste un petit regroupement de personnes qui devaient se réunir pour chanter lors du Congrès annuel de l’Association d’éducation des canadiens français du Manitoba, se souvient Marcien Ferland. J’étais jeune professeur à La Broquerie. On s’est réunis quatre fois, ici même à l’École Marion. C’était en 1960! »

C’est donc ce petit rassemblement improvisé le temps d’un évènement qui a finalement donné naissance à la chorale des Intrépides. En effet, le premier spectacle fut un succès à tel point que l’année qui a suivi, « tout le monde a voulu continuer l’expé­rience », se rappelle Marcien Ferland.

Depuis, la chorale a beaucoup évolué. Le répertoire de chant aussi. « La chorale a vraiment grandi avec le temps, témoigne Michelle Bourgeois qui y a consacré une vingtaine d’années de sa vie. On a grandi avec Marcien. C’était comme avoir des leçons de chants gratuits. »

Marcien Ferland se remémore des souvenirs qu’il emportera avec lui. « C’était une famille. Les voix étaient jeunes et vigoureuses et on a fait de très grands concerts, lance-t-il. Et après chaque concert, on se rencontrait toujours dans une maison pour faire la fête. On s’amusait comme des fous. Et le lendemain, il fallait faire le ménage.

« Un jour, en faisant le ménage, on a vu un dentier, poursuit-il. Ça donne une idée de l’intensité de la fête. » Mais la dynamique de la chorale a beaucoup changé dans les dernières années.

| Quel avenir pour les Intrépides?

La chorale des Intrépides d’aujourd’hui n’est plus celle des années 1970 et 1990. Avec les années, elle a perdu de sa jeunesse. « On a maintenant beaucoup d’octogénaires et même une nonagénaire, informe Marcien Ferland. Ça paraît dans les résultats au niveau de la voix. Dans les grosses années, on avait des sopranos qui pouvaient donner des La et des Si bémols. Donc la musique en souffre. »

D’ailleurs, la chorale pense de plus en plus à sa relève. Car actuellement, seuls quatre adolescents et quelques jeunes adultes y figurent. L’avenir de la chorale repose-t-elle sur l’incertitude? « Non, répond Marcien Ferland. On a encore des possibilités mais moins de choix quant au répertoire. Il faudrait renouveler la chorale, trouver plus de jeunes. »

« On veut faire l’effort d’aller trouver des jeunes, confie Michelle Bourgeois. Les écoles secondaires, quand ils finissent, il n’y a pas de place pour eux. » La chorale compte aussi sur les petits Intrépides pour assurer la pérennité de la chorale des Intrépides.

Mais le besoin le plus urgent reste de trouver un nouveau directeur musical. « On cherche toujours », lance Michelle Bourgeois. « J’ai trois noms en tête mais je vais en discuter avec le conseil après le concert », renchérit Marcien Ferland.

En attendant de trouver un remplaçant, la chorale présentera dans son répertoire du 25 mai prochain l’une des dernières compositions de Marcien Ferland, une œuvre écrite pour rendre hommage à Georges Forest inspiré d’un écrit de Louis Riel.

Et pour clore en beauté, les Intrépides interpréteront la célèbre chanson Ne me quitte pas de Jacques Brel. Mais ceci n’empêchera pas son directeur artistique de poursuivre son chemin vers d’autres aventures. « Ce n’est pas la fin de la chorale. C’est juste une nouvelle porte qui s’ouvre », conclut Marcien Ferland.

Wilgis AGOSSA