Un recueil de poèmes de Laurent Poliquin, un roman de Jean Chicoine, et une réflexion sur la littérature et l’art au Manitoba contemporain, signée Roger Léveillé, seront tous lancés à la soirée Trois hommes et un couffin lancement.

Jean Chicoine : « Mon narrateur vit dans un état d’un je-m’en-foutisme total. Pour lui, la vie n’est qu’une sorte de jeu. D’où le plaisir de jouer avec les mots qui se dégage du roman. »
Jean Chicoine : « Mon narrateur vit dans un état d’un je-m’en-foutisme total. Pour lui, la vie n’est qu’une sorte de jeu. D’où le plaisir de jouer avec les mots qui se dégage du roman. »

Les mordus des belles-lettres pourront explorer trois facettes de la littérature franco-manitobaine, le 17 juin prochain, lors de la soirée Trois hommes et un couffin lancement, où seront présentés les plus récents ouvrages de Laurent Poliquin, de Jean Chicoine et de Roger Léveillé. (1)

Dans son nouveau recueil de poésie, De l’amuïssement des certitudes, Laurent Poliquin a composé une poésie « plus engagée », qui se veut à la fois le prolongement des textes dotés de considérations plus spirituelles, voire métaphysiques, qu’a déjà publiés l’auteur, ainsi qu’un départ vers de nouveaux sentiers d’inspiration sociale.

« L’affirmation de soi, qui est un geste profondément spirituel, conduit invariablement à un certain engagement social, voir politique, déclare le poète. Dans une des sections du recueil, je raconte l’histoire d’une femme turque qui quitte sa culture, quitte son milieu musulman, et accepte de prendre ses propres décisions. En effet, elle choisit sa destinée, au lieu de rester dans son ancien cadre social où on aurait décidé pour elle. »

| Jeux de langage

Dans son nouveau roman, l’ange, le romancier, Jean Chicoine, nous présente un texte très personnel, écrit à la première personne, qui permet au lecteur de se laisser habiter par les émotions vécues par le narrateur.

« Mon narrateur vit dans un état de je-m’en-foutisme total, lance Jean Chicoine. Pour lui, la vie n’est qu’une sorte de jeu. D’où le plaisir de jouer avec les mots qui se dégagent du roman. Et qui est, en bout de ligne, l’élément le plus le fun de l’ange. J’aime faire des calembours sur les sens français et anglais d’une expression, et avec les écarts de niveaux du langage. L’orthographe, aussi, n’est pas exclue de mes petits jeux ludiques. »

N’empêche que le narrateur du roman, qui a lâché tout ce qui est pris pour acquis par ses voisins – la carrière, la voiture, la maison, sera mis au défi à la rencontre de l’ange, mystérieux personnage qui viendra bouleverser son existence.

« L’ange, c’est un souvenir d’un être très cher dans ma propre vie, confie Jean Chicoine. Écrire ce roman a soulevé des émotions que je n’avais pas ressenties depuis belle lurette. Et c’est pour cela que l’écriture du roman, qui se veut la deuxième partie d’une trilogie, a été difficile à entamer. J’en suis même venu à écrire et publier la troisième partie, la forêt du langage, avant d’en venir à bout. Ce n’est pas le moindrement grave, parce qu’on n’a pas besoin d’avoir lu le premier volume, les galaxies nos voisines, pour comprendre, ou encore savourer, ce qui se passe dans l’ange. »

| Essais sur nos artistes

Sondes, la nouvelle collection d’essais signée Roger Léveillé, offre un panorama de la modernité culturelle franco-manitobaine, en offrant des perspectives sur une brochette d’auteurs et d’artistes, notamment les peintres Dominique Rey, Roger Lafrenière et Mélanie Rocan, ainsi que des dramaturges comme Roger Auger, Claude Dorge et Irène Mahé.

« Je suis toujours dans l’émerveillement quand je considère la richesse de notre scène culturelle contemporaine, déclare Roger Léveillé. Semble-t-il que pour soutenir un seul écrivain, il faut des centaines de milliers de lecteurs. C’est, du moins, ce que rabâchent certains théoriciens de la culture. Or au Manitoba français, les peintres, poètes, romanciers, dramaturges et bien d’autres artistes de qualité pullulent en quantité surprenante. C’est merveilleux, et ça doit être célébré. »

Sondes se veut également une continuation de la réflexion de Roger Léveillé sur sa propre écriture, et sa propre pratique artistique, déjà entamée dans les collections d’écrits Parade ou les autres et Logiques improvisées. « Ce qui relie tous les auteurs et artistes explorés dans Sondes avec mes propres écrits, c’est, je crois, l’expression d’une certaine rupture avec le passé, indique Roger Léveillé. Tous nos arts franco-manitobains s’inscrivent dans ce contexte, et sont l’expression du changement sociétaire, toujours constant, d’ailleurs. »

(1) La soirée Trois hommes et un couffin lancement aura lieu le 17 juin à 19 h à l’Alliance française, 934 avenue Corydon, à Winnipeg. Renseignements : (204) 237-8200 ou [email protected].

Daniel BAHUAUD