À vous la parole
La Liberté – Mai 2016

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La logique douteuse du système numérique français

Madame la rédactrice,

La réforme grammaticale et orthographique du français est déjà bien lancée au Canada comme en Belgique, en Suisse, en Haïti et oui, même en France avec l’appui de l’Académie française. Quelques éditeurs courageux ont adopté l’orthographe réformée. Dans plusieurs universités, on permet maintenant aux étudiants d’écrire ‘ognon’, ‘bruler’ et ‘assoir’. À quand la rectification du système numérique?

À partir de 1 et jusqu’à 16, le système se défend bien. Après 16, il faut déjà faire une addition pour exprimer 17, 18 et 19, alors que l’anglais utilise simplement le suffixe -teen.

Les dizaines qui suivent se conforment à une certaine logique, mais seulement jusqu’à 60. Ensuite, c’est le désordre: pour exprimer 70, par exemple, on doit recourir à une addition; pour 77, deux additions sont nécessaires; pour 80, il faut multiplier 20 par 4; pour rendre 90, on a besoin d’une multiplication et d’une addition; enfin, pour exprimer 97, 98 et 99, il nous faut effectuer une multiplication et deux additions.

En anglais, le simple suffixe -ty sert à rendre toutes les dizaines de 20 à 90. Une seule addition ensuite donne les dixièmes de ces mêmes dizaines : seventy-one, seventy-two, etc.

Les Belges et les Suisses ont retenu avantageusement les dérivés latins ‘septante’, ‘huitante’ et ‘nonante’, de même que les Italiens et les Espagnols dans leur langue respective, mais pas les Français. Pourtant, ces mêmes termes étaient autrefois en usage chez eux aussi et il en resterait encore des vestiges dans certaines régions de la France, paraît-il.

Au pluriel, ‘cent’ prend quelquefois un ‘s’; ‘mille’, jamais et ‘million’, toujours. Le nombre 100 s’emploie sans l’adjectif numéral et 1 000 aussi. En revanche, 1 000 000 l’exige.

Au-delà du ‘million’, ‘billion’, également issu du latin, aurait été un choix logique tout comme ‘billion’ en anglais. En fait, il existe en français. Cependant, il ne signifie pas ‘mille millions’ comme dans les langues précitées, mais plutôt ‘un million de millions’, c’est-à-dire 1 suivi de 12 zéros. Le ‘billion’ français équivaut donc au trillion anglais. C’est pourquoi l’italien, le français, l’espagnol et l’allemand ont inventé artificiellement (1) ‘milliardo’ et ‘Milliarde’ pour exprimer ‘mille millions’.

‘Trillion’ existe aussi en français, mais il n’équivaut pas au ‘trillion’ anglais ou au ‘trillione’ espagnol. Le français d’usage courant boude donc l’emploi de ‘trillion’ et préfère encore multiplier des milliards. Pourtant, les dictionnaires de la langue courante reconnaissent son existence comme, d’ailleurs, celle de ‘quadrillion’, ‘quintillion’, ‘sextillion’, etc. Tous ces termes se conforment parfaitement aux règles de morphologie puisqu’ils sont dérivés à partir des éléments étymologiques latins ‘bi’, ‘tri’, ‘qua’, etc.

Cette situation est préoccupante, à tel point que le Petit Robert recommande de ne pas utiliser les termes ‘billion’ et ‘trillion’ pour éviter la confusion (v. ‘billion’). À mon avis, c’est là une position défaitiste. Il conviendrait plutôt d’aligner ces valeurs sur celles d’autres grandes langues internationales comme l’anglais et l’espagnol, n’en déplaise à ces messieurs du congrès des Poids et mesures (1949).

Néanmoins, l’usage a consacré le doublet factice ‘mille milliards’ comme l’équivalent du ‘trillion’ anglais. Donc, pour exprimer le montant de la dette nationale américaine, l’anglais y arrive au moyen d’une simple multiplication: ‘nineteen trillion’, alors que le français, lui, a besoin d’une adition et de deux multiplications: ‘dix-neuf mille milliards’.

Il incomberait à toutes les instances compétentes des pays susmentionnés de réhabiliter les termes septante, huitante et nonante pour exprimer 70, 80, 90 et d’uniformiser l’usage du ‘s’ à la fin de ‘cent’ et de ‘mille’ quand le sens l’exige, de replacer ‘billion’ dans sa place logique afin d’aligner sa valeur sur celle d’autres langues et de donner droit de cité au terme ‘trillion’.

Après avoir payé trop longtemps le prix humiliant de sa double origine (arabo-latine), le système numérique français, même partiellement abâtardi, reprendrait ainsi un peu de poil de la bête en retrouvant l’ombre de l’esprit cartésien.

(1) ‘Milliardo’ (italien), vient de ‘mille’ (latin) et du suffixe augmentatif ‘-one’ (italien). ‘Milliardo’ signifie donc ‘beaucoup de mille’.

Marcien Ferland
Le 26 avril 2016
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Générosité rime avec intégrer

Madame la rédactrice,

À l’image de l’adage africain qui dit qu’« il faut un village pour éduquer un enfant », nous croyons à l’Accueil francophone qu’il faut toute une communauté pour accueillir un nouvel arrivant et l’aider à s’établir dans sa nouvelle communauté.

Dans notre belle francophonie manitobaine, plusieurs donnent l’exemple de cet accueil chaleureux, digne et si spécial. Le dernier qui vient de faire preuve de son grand cœur s’appelle Grégory Pascal. Très bien connu grâce à son école de natation qu’il gère avec sa femme, Greg a offert depuis quelques semaines de prendre deux jeunes enfants nouvellement arrivées sous ses palmes pour leur apprendre à nager. Quoi de plus beau dans ce pays aux cent mille lacs!

Pour compléter cette belle générosité, le groupe “le café suspendu” a accepté, tout aussi généreusement, d’aller au-delà de sa mission et de suspendre, non pas des cafés, mais des entrées à la piscine Bonivital. Donc grâce à ces deux organismes, deux enfants recevront des cours qui leur permettront d’être plus en sécurité au contact de l’eau. En raison de l’importance de la sécurité nautique, toute l’équipe de l’Accueil francophone leur dit MERCI!

Merci aussi à tous ceux qui, dans la communauté, ont compris que nous avons besoin d’eux pour mieux accueillir les gens dans la communauté. Certains d’entre eux font des dons matériels. D’autres donnent de leur temps à travers des programmes comme celui du jumelage. L’Accueil francophone garde toujours ses portes grandes ouvertes à toutes les personnes qui veulent s’impliquer dans cette si belle mission.

Au nom de l’Accueil francophone,

Wilgis Agossa
Responsable des communications
Le 30 avril 2016

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Rochelle Squires peut compter sur Réseau action femmes

Madame la rédactrice,

Nous voulons remercier toutes les personnes qui ont décidé de se présenter comme candidates et candidats aux élections provinciales à cause des sacrifices que ce genre d’engagement exige d’eux et de leur famille. Tant d’énergie et d’efforts déployés, tiraillé(e)s que vous avez été entre la famille et le devoir civique. La démocratie ne fonctionnerait pas sans cette générosité de la part de citoyennes et citoyens engagés. Nous vous en sommes reconnaissantes.

Félicitations à toutes les personnes élues. Nous apprécions les efforts du nouveau Premier ministre Brian Pallister qui s’engage à gouverner pour tous les Manitobains et qui démontre son engagement pour une équité homme-femme dans son cabinet. Le Canada a ratifié la Convention (onusienne) pour l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes, ainsi que son protocole facultatif il y a déjà 14 ans. Cela engage le pays et les Provinces et Territoires à une analyse comparative entre les sexes de tout programme, politique et loi. Si l’analyse démontre que les femmes subissaient davantage de conséquences négatives, on doit alors amender le projet pour atténuer les effets néfastes. Comme par exemple le besoin d’analyser le budget afin qu’il soit équitable, Nous constatons avec satisfaction que M. Pallister s’engage à respecter ce principe de gouvernance canadien en nommant quatre femmes au cabinet (presque 30 %). Un geste symbolique!

Nous regrettons par contre que si peu des élus progressistes-conservateurs connaissent le français et la communauté francophone. Ceci ajoutait un défi supplémentaire dans le choix des ministres et quel ministère leur confier. Nous sommes quelque peu inquiètes du choix de Mme Rochelle Squires comme ministre des Affaires francophones, étant donné le fait qu’elle ne parle pas le français. Nous voulons cependant croire qu’avec son énergie et sa bonne volonté d’avoir bien voulu accepter un tel défi qu’elle fera des efforts pour connaître notre communauté en priorité, qu’elle participera à nos activités et tentera d’apprendre notre langue. Nous sommes heureuses qu’elle soit nommée aussi bien à la Condition féminine et au ministère du Sport, de la Culture et du Patrimoine.

Nous félicitons donc Mme Squires d’avoir accepté les responsabilités qui lui sont confiées. Elle peut compter sur nous pour partager l’histoire de notre communauté et des besoins particuliers des femmes francophones, de leurs familles et de la communauté. Nous espérons que toute l’équipe ministérielle saura apprécier la valeur ajoutée et la vitalité de la francophonie. Nous souhaitons nos meilleurs vœux à ce nouveau gouvernement progressiste-conservateur.

Gisèle Saurette-Roch
Présidente intérimaire
Réseau action femmes MB, inc.
Le 4 mai 2016

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À la rencontre des Métis et des grands-mères africaines

Madame la rédactrice,

Un jour au Québec, j’ai reçu un appel téléphonique de Pauline Hince, membre de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba, me disant qu’elle coordonnait des ateliers de tradition culturelle autochtone et qu’elle recherchait une personne-ressource d’origine Anishnaabeh parlant la langue française. Elle me voyait comme étant celle qui pourrait répondre à ses espérances pour transmettre durant quelques jours des enseignements permettant un retour aux sources afin de revitaliser les racines culturelles de la nouvelle génération métisse du Manitoba. De plus, elle désirait me faire venir pour démarrer et animer un Cercle de dialogue interculturel entre grands-mères métisses et africaines.

Dans mon for intérieur, j’avais toujours espéré rencontrer la communauté métisse de la Rivière-Rouge, ayant beaucoup de respect et d’admiration pour la façon dont ils avaient survécu et traversé l’histoire canadienne. J’ai saisi l’occasion en proposant tout d’abord à Pauline Hince de prolonger mon séjour afin que la communauté puisse mieux profiter de mon expertise, et pas seulement pour offrir plusieurs types d’ateliers ou formations. Il s’agissait plutôt de poser les bases d’un Cercle coopératif dans une perspective de transmission des savoirs et savoir-faire, pour dynamiser le milieu afin de s’assurer une relève parmi les participant(e)s aux ateliers.

Comme j’avais publié un livre Une pédagogie de la spiritualité amérindienne (2013 (Éditions l’Harmattan) et que je venais justement de mettre sur pied un projet intitulé Autour de l’Arbre de Vie, dans ma région (Lanaudière), il suffisait de s’inspirer de la même démarche en tenant compte des objectifs spécifiques de la communauté métisse. La pédagogie par symboles que j’ai développée et appliquée au fil de mes trente dernières années d’expérience est une approche tout à fait unique et novatrice. En plus d’initier les participants-tes au Cercle de Vie, elle les invite à explorer les dimensions profondes de leur être, en faisant appel à l’intuition, aux perceptions, aux ressentis et à la créativité comme moteur de transformation.

Une éthique basée sur le respect et l’authenticité régule les actions sous forme d’activités ludiques inspirées de la tradition autochtone. Je pense au Bâton de la Parole comme outil et mode de communication efficace permettant de développer le dialogue interculturel pour une meilleure inclusion et intégration de la personne et son expression artistique afin de libérer l’énergie créatrice affermissant la construction identitaire.

Nous avons repris le concept Autour de l’Arbre de Vie et l’avons adapté plus largement en deux étapes, soit pour un séjour en octobre–novembre dernier et plus récemment, en février-mars, notamment durant la période du Festival du Voyageur.

De plus, en tant qu’artiste multidisciplinaire, j’ai eu l’opportunité d’exposer mes œuvres récentes au Musée de Saint-Boniface. L’exposition Aanji Maajitawin – l’art de revitaliser la tradition proposait une réflexion enclenchée par les dégâts environne­mentaux qui risquent de porter atteinte à la pérennité des ressources naturelles puisées en forêt, dont dépendent les connaissances et savoir-faire autochtones.

J’ai beaucoup appris en dirigeant le Cercle des grands-mères africaines et métisses. À travers leurs récits et symboles, plusieurs paroles de sagesse nous ont été révélées, témoignages que nous avons pu rendre public par une exposition de leurs œuvres et une vidéo. Le partage est essentiel entre nous pour assurer la survivance et la pérennité de nos savoirs et savoir-faire. Je me suis dis que cette pratique devrait s’intégrer entièrement dans les mœurs de la société canadienne, pas seulement lorsque nous bénéficions d’un financement pour ce faire. Elle devrait devenir un art de vivre, basée sur de véritables liens d’amitié et des valeurs coopératives ou communautaires.

J’ai eu le privilège d’apprendre aux côtés d’Aînés métis comme Paul Desrosiers et Dolorès Gosselin, qui transmettent généreusement leurs méthodes pour faciliter l’apprentissage auprès de la relève, que cela soit pour la fabrication d’un tambour ou pour découvrir comment établir une relation spirituelle avec cet instrument.

Mon long séjour m’a permis de rencontrer des membres de la communauté métisse ainsi que le monde de la francophonie pour mieux observer et cerner leurs enjeux et besoins. Avec une grande ouverture de cœur et d’esprit, j’ai consulté le milieu de l’éducation afin de discuter ensemble de méthodes permettant de faciliter l’intégration de la perspective autochtone et métisse dans les milieux scolaires et communautaires. En espérant pouvoir revenir et contribuer à relever de nouveaux défis qui nous attendent tous et toutes, je souhaite que mon humble contribution apportera une pierre de plus à l‘édification et la revitalisation de la nation métisse et francophone au Manitoba.

Migwetch et baama pii, paix dans le grand Cercle de l’Unité!

Dolorès Contré Migwans
Le 3 mai 2016

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Les politiciens font des gaffes

Madame la rédactrice,

Félicitations à Bernard Bocquel pour son éditorial sur Greg Selinger (La Liberté du 27 avril au 3 mai 2016). Quand pendant la campagne électorale j’entendais monsieur Pallister lui reprocher, chaque fois qu’il ouvrait la bouche, la hausse de 1 % de taxe provinciale, j’en avais des frissons de colère. Car pour chaque  Manitobain l’augmentation était bien peu en considérant la somme énorme qu’elle apportait au trésor public. C’était la seule chose qu’il avait contre lui. J’ai hâte de le voir à l’œuvre, ce monsieur Pallister.

En ce moment, je suis les primaires chez nos voisins du Sud. Les Américains, qui ont toujours choisi un homme distingué et cultivé, choisiront-ils un homme sans éducation et sans manières, qui se vante même de ne pas lire de livres? Il sait que les statistiques qu’il cite à tour de bras ne sont pas toujours vraies, mais prétend que ce n’est pas à lui d’aller les vérifier.

« Seul celui qui ne fait rien ne fait jamais de gaffes, mais toute sa vie en est une ». Eh oui! Les politiciens font des gaffes, mais ils font quelque chose…

Annette Saint-Pierre
Le 2 mai 2016

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La Société franco-manitobaine répond à l’analyste Raymond Hébert

Madame la rédactrice,

Dans sa chronique publiée dans La Liberté du 27 avril au 3 mai, Raymond Hébert pose la question : « À quand l’ovation pour notre PDG? ». À cette question, je réponds : « À quand un peu de bon sens et de respect? » Chaque fois qu’il en a l’occasion, M. Hébert se « penche » sur les dossiers communautaires, au point d’être obsédé par la SFM et son PDG, Daniel Boucher. Le rapport des États généraux a plus de 70 pages? Seul un paragraphe, p. 46, compte, pour lui. Les États généraux sont une consultation communautaire pour un projet de société? Il ne parle que de la SFM et de sa restructuration.

 

Je ne referai pas un bilan des écrits de M. Hébert vis à vis de la SFM, si ce n’est pour dire que le conseil d’administration est engagé depuis le 15 octobre dernier à gérer le changement, quel qu’il soit, à l’interne autant qu’à l’externe. Les membres qui ont été élus l’ont été sur une promesse et un mandat de changement.

Depuis cette date, nous avons entrepris des consultations auprès de la plupart des organismes en ce qui concerne le plan stratégique communautaire qui sera présenté à l’automne prochain. Le temps nous a manqué dans certains cas, mais nous savons, par leur présence le 23 avril dernier, que les organismes ont compris les intentions des États généraux, c’est-à-dire que la restructuration de la SFM n’est pas LE projet de société recherché par les États généraux, mais bien UN élément parmi tant d’autres, dans un grand plan stratégique communautaire.

Lorsqu’il a été question du projet de loi 6 sur l’Appui à l’essor de la francophonie manitobaine, là encore le Conseil des organismes a répondu en très grand nombre à notre appel. Nous avons bâti et, dans certains cas, rebâti des passerelles avec des communautés qui dialoguaient moins avec la SFM.

En d’autres mots, nous avons déjà entrepris le changement. À notre façon. Et non pas poussés dans le dos par un « expert », mais selon notre ordre du jour.

Les États généraux sont un processus citoyen, rassemblés par une communauté qui accepte sa diversité et qui a choisi de bâtir sur ses forces; le 23 avril dernier, nous avons acquis les outils nécessaires pour avancer vers une communauté en harmonie. Notre travail, comme citoyens, est de faire en sorte que les meilleurs intérêts de cette communauté soient respectés.

On dit que les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Dans le cas de la SFM, de son CA et de son personnel, il faut toujours se rappeler que la gouvernance d’un organisme à but non lucratif avec un mandat de porte-parole de la communauté auprès des instances politiques gouvernementales est un mandat à multiples facettes, parfois complexes. Cependant, une vérité demeure : le sort du poste de PDG de la SFM n’est pas un sujet de discussions ou de spéculations publiques, mais un dossier interne de ressources humaines, dont la seule responsabilité revient au CA de la SFM.

  1. Hébert énonce une vérité de La Palice lorsqu’il écrit : « Il n’y a aucun changement sans changement ». Parfois, il faut écouter ses propres conseils.

Jacqueline Blay
Présidente de la SFM
Le 10 mai 2016

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Le Manitoba est vraiment venu au monde le 15 juillet 1870

Madame la rédactrice,

L’éditorial de la semaine passée signé Bernard Bocquel, « Revisitons la narrative sur le 12 mai 1870 », a le mérite de faire connaître davantage l’histoire de l’Assemblée législative d’Assiniboia. L’existence et le rôle de cette Assemblée ont été documentés dans une étude publiée en 2010, le jour même que le gouvernement du Manitoba dévoilait sa Politique manitobaine concernant les Métis. (Voir en ligne : L’Assemblée législative d’Assiniboia)

Si Riel peut être considéré le premier premier ministre du Manitoba, c’est en partie parce qu’il a présidé les séances de cette Assemblée qui a siégé du 9 mars au 24 juin 1870. On y a légiféré sur les questions de l’heure et on y a préparé la création du Manitoba. L’acte historique de l’Assemblée s’est déroulé le 24 juin lorsqu’elle a entendu le rapport de l’abbé Noël Ritchot sur les négociations qu’il venait de compléter à Ottawa : l’Assemblée a consenti à adopter la Loi sur le Manitoba.

Aujourd’hui, la Province du Manitoba agit comme si le Manitoba avait été créé le 12 mai, 1870. Or, il s’agit d’une date tout à fait arbitraire, puisque la Loi sur le Manitoba adoptée par le Parlement fédéral a tout simplement reçu la sanction royale ce jour-là. Il était prévu que la Loi allait être proclamée le 15 juillet. Les représentants du Manitoba, eux, ne s’étaient pas encore prononcés sur cette Loi.

Dûment élue par la population, l’Assemblée législative d’Assiniboia a étudié le texte de la Loi avant d’y consentir. Et c’est ce consentement accordé par une Assemblée majoritairement métisse qui a fait que le Manitoba n’est pas tout simplement une créature concoctée par John A. Macdonald et le gouvernement fédéral. Il est le fruit du long et laborieux travail des habitants de la Rivière-Rouge qui, mettant de côté toutes leurs différences religieuses, linguistiques et nationales, se sont entendus pour fonder une nouvelle entité politique qui allait permettre au Canada de prendre la forme que l’on connaît aujourd’hui, s’étendant jusqu’à l’océan Pacifique.

La date de fondation de la Province du Manitoba est bel et bien le 15 juillet, lorsque la Loi sur le Manitoba a été proclamée. Tout comme la fête du Canada est le 1er juillet. Prétendre que la fête du Manitoba a lieu le 12 mai laisse tomber l’acte essentiel du consentement de l’Assemblée législative des représentants de la population de la Rivière-Rouge. On y perd le rôle essentiel joué par la population métisse, ses représentants et les habitants qui ont librement décidé d’adhérer au pacte confédératif.

L’Union nationale Saint-Joseph du Manitoba prévoit tenir son pique-nique annuel le 22 juin cette année. Nous aurons une pensée pour l’acte historique de l’Assemblée législative d’Assiniboia et ses membres qui ont consenti à faire de ce territoire la première province à se joindre à ce tout nouveau Canada fondé trois ans plus tôt. Nous invitons toute la population de se joindre à nous pour y célébrer l’immense contribution des Métis au pays tout entier.

Vive les Métis!

Paulette Duguay
Présidente
Union nationale métisse
Saint-Joseph du Manitoba
Le 12 mai 2016

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Des questions suscitées par les États généraux

Madame la rédactrice,

Les discussions qu’ont suscitées les cafés citoyens et les États généraux m’interpellent. L’analyste politique Michel Lagacé a regretté que peu d’attention ait été accordée à La Liberté (et autres médias) ainsi qu’au patrimoine pour assurer l’avenir de la francophonie manitobaine. Or, il est clair que sans ses médias pour rendre compte des évènements et sans la valorisation de son patrimoine, l’avenir de la francophonie manitobaine est menacé.

Comme le Manitoba vient de se doter d’une ministre unilingue anglaise des Sports, de la Francophonie et de quoi encore, on peut douter de son appui à la cause. Qu’à cela ne tienne, voici quelques questions :

  1. On connaît les impératifs de l’Histoire qui ont conduit les Canadiens français du Manitoba à se considérer comme des Franco-Manitobains. Récemment, beaucoup d’entre ceux qui le pouvaient ont revendiqué leurs racines métisses, bien que pour plusieurs ces racines représentent seulement une fraction de leur héritage culturel familial. Rappelons que le Festival du Voyageur n’a pas été créé principalement, si je ne m’abuse, pour célébrer l’héritage métis, mais celui des « Canadiens » que furent les Voyageurs, pères de la nation métisse. Devant ce qui semble constituer un effritement de l’héritage canadien-français, vécu parallèlement à une indifférence pour le Québec, que devient le concept même de Canada français dans les provinces anglophones? En est-ce la fin?
  1. La francophonie manitobaine affirme son identité « bilingue », que celle-ci soit française-anglaise ou anglaise-française. L’ex-sénatrice Maria Chaput voulait élargir le concept de francophone afin qu’il englobe les francophiles et autres amis des francophones. En insistant sur l’identité essentiellement bilingue des francophones du Manitoba, est-ce que cela ne nuit pas aux demandes pour des services « en français »? Le rapport des cafés citoyens, qui est bilingue – pourquoi bilingue? – laisse entendre qu’on peut être francophone en parlant surtout en anglais. Par ailleurs, il incite les francophones à se parler en français entre eux et à leurs enfants, ce qui indique qu’ils ne le font pas ou pas assez. Cela étant, pourquoi les anglophones réfractaires à l’idée d’avantager les francophones voudront-ils financer des services en français pour des personnes qui, au quotidien, pratiquent peu la langue?
  1. L’identité linguistique bilingue des francophones du Manitoba se veut ancrée dans la langue française. Or, à son tour, dans quoi cette langue française manitobaine sera-t-elle ancrée? Nulle part dans les discussions cet aspect n’a-t-il été abordé. Ni par rapport à la francophonie canadienne, ni la québécoise, ni l’européenne. La langue française du Manitoba est-elle appelée à se nourrir d’elle-même, en autarcie?

Bernard Mulaire | Montréal (Québec) | Le 6 mai 2016

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