Par Valentin CUEFF

La bibliothèque Millenium a invité le 20 mai, dix drag queens de Winnipeg pour faire la lecture à des enfants. Pour les organisatrices de la rencontre, l’idée était de changer, pour une après-midi, le regard des petits et des grands sur les identités de genre.

 

Devant une soixantaine de bambins attentifs, réunis au coin des ouvrages jeunesse de la bibliothèque Millenium, Pharaoh Moans présente le livre Mary Had a Little Glam, de Tammy Sauer. C’est l’histoire d’une jeune fille, Mary, qui adore arborer les tenues les plus excentriques. Son goût pour les vêtements colorés inspire ses camarades de classe à adopter un style plus glamour.

Comme Pharaoh Moans, neuf autres drag queens sont venues lire un ouvrage jeunesse de leur choix. Les enfants, captivés par la lecture, réagissent en chœur aux rebondissements de l’histoire.

C’était la première fois qu’une rencontre entre reines, parents et enfants avait lieu à Winnipeg. Intitulée Read by Queens, elle a réuni près de 200 personnes.

Des évènements similaires ont récemment eu lieu dans plusieurs bibliothèques à travers le continent : New York, San Francisco, Seattle… Au Canada, les bibliothèques de Toronto et de Halifax ont également mis les queens à l’honneur.

Ces rencontres originales ont attiré l’attention de Karin Borland, coordinatrice des programmes jeunesse à la bibliothèque Millenium.

«  On voit dans les programmes scolaires de plus en plus de discussions sur l’identité de genre, et la différenciation entre genre et sexualité. À la bibliothèque publique, nous voulons nous assurer que toutes les familles se sentent représentées dans nos programmes. »

« Cela implique de faire un pas en avant et de créer des choses plus diverses. Nous étions heureux de prendre part à ce projet, car une partie de notre plan d’éducation comprend de développer plus de programmes orientés LGBTTQ*. »

Ce sont des parents de la communauté queer qui l’ont directement contacté pour mettre en place l’évènement. Parmi eux, Corinne Mason, professeur en études de genre à l’Université de Brandon. Mère d’un enfant de six mois, elle a découvert le concept de « l’heure du conte des drag queens » sur Facebook et souhaitait le voir arriver au Manitoba.

« C’est une idée nouvelle dans les programmes pour les familles, qui est généralement centré sur les familles hétérosexuelles. Nous voulions donner l’opportunité, aux enfants en particulier, de voir les reines et les personnes queer en général comme des personnes inspirantes de la communauté. Des gens qui ne sont pas effrayants mais au contraire merveilleux, ouverts, et très portés sur les questions de famille. »

Sur la popularité soudaine de ces rencontres dans diverses grandes villes d’Amérique du Nord, Corinne Mason n’est pas surprise. « Ce sont des évènements éducatifs, drôles, hauts en couleurs et en paillettes. Ils ont si bien marché qu’on ne doute pas que la bibliothèque de Winnipeg fasse à nouveau appel à nous dans le futur. »