À la radio le jour ou DJ la nuit, Sara Enns est musicienne par passion. Armée de son accordéon, elle sert de guide aux participants de New Thoughts on Marching Bands, un tout nouveau concept de fanfare inopinée. N’importe qui peut y participer. Sa dernière partition, Where we were born, est dédiée au quartier de Saint-Boniface et sera interprétée pour Nuit Blanche. (1)
Par Morgane LEMÉE
« Et si on créait une fanfare avec un concept de musique beaucoup plus spontané? » C’est ce que Sara Enns s’est dit, il y a maintenant deux ans, avant de créer New Thoughts on Marching Bands. La Winnipégoise de souche passait un été au Yukon et s’était lancée dans un projet pour le festival d’art Riverside de Dawson City. « Je trouvais que le domaine de la musique n’avait pas encore exploré cette idée. J’ai sillonné la ville en long et en large, et je me suis sentie inspirée par certains endroits. J’ai donc commencé à composer. »
L’idée, bien qu’étonnante, est simple : créer de la musique directement avec l’espace. En s’inspirant d’un endroit spécifique, elle compose un morceau selon un certain parcours, qui influencera les notes et les sons de sa partition. « Il y a des passages où l’on fait du bruit en harmonie et d’autres où l’on est libre d’improviser. Le but est de rassembler les gens et de partager un moment fun et joyeux, en musique. »
Que ce soit seule ou avec une foule de 100 personnes, Sara Enns ne sait jamais qui formera cette fanfare improvisée. Un point reste très important : tout le monde peut participer. « Enfants ou grands-parents, c’est pour n’importe qui. C’est très facile de suivre. On invite souvent les gens que l’on croise à nous rejoindre. Même les gens qui klaxonnent, c’est une participation! Les gens sont libres d’apporter leur instrument s’ils le souhaitent, mais ce n’est absolument pas nécessaire. »
“Le point de départ est à l’image
de cette méditation sur la naissance
de notre province”
Sara Enns
Après deux expériences à succès, Sara Enns a composé deux nouveaux morceaux pour Nuit Blanche 2017, dont un sur le quartier de Saint-Boniface. Pour celui-ci aussi, elle s’est inspirée de chaque recoin du quartier, jusqu’à enregistrer le son des cloches de la cathédrale pour composer. « Après avoir traversé le cimetière en silence, j’espère que nous pourrons accéder à la cathédrale à la fin du parcours. Les dernières notes de la partition sont en fa, pour s’accorder avec le son des cloches. »
Sara Enns a donné au morceau bonifacien un titre bien réfléchi : Where we were born. Les paroles, bien que courtes, en disent long. D’où venons-nous? Où allons-nous? Où sommes-nous nés? La fanfare part symboliquement de la statue de Louis Riel dans le quartier de Saint-Boniface, dont Sara Enns trouve les racines riches en histoire. « Le point de départ est à l’image de cette méditation sur la naissance de notre province, et vers où on se dirige en partant de là. Qu’est-ce que cela veut dire d’être au Manitoba? Que signifie notre histoire? Et toute cette réflexion tourne autour des points d’eau. »
L’eau, l’élément clé de cette partition. C’est pourquoi, après être passée par le parc Provencher et le Jardin de sculptures, en harmonie avec le coucher de soleil, la fanfare de Sara Enns se baladera au long de la Rivière Rouge. « Comme beaucoup d’autres endroits, notre rivière est synonyme d’une riche histoire. Cette rivière, tumultueuse, fructueuse ou brutale, était essentielle et indestructible à l’époque et je pense qu’elle l’est toujours aujourd’hui. »
Where we were born est le troisième morceau d’une série de quatre. Enfin, pour l’instant. Car la compositrice espère bien créer encore beaucoup d’autres morceaux. « Pour l’instant ça marche très bien. Je voulais vraiment partager ce projet avec Winnipeg, et j’espère le partager un peu partout, pour le reste de ma vie! »
(1) Pour ceux qui souhaitent participer à la fanfare Where we were born, départ de la statue de Louis Riel (rue Aulneau) le samedi 30 septembre 2017 à 18 h 45.
Nuit Blanche et Saint-Boniface
D’abord exclusif au centre-ville puis au quartier de la Bourse, l’évènement culturel Nuit Blanche s’étend depuis cinq ans aux rues de Saint-Boniface. L’année précédente, plus de 6 000 personnes les parcouraient entre 18 h et 4 h, faisant palpiter la vie artistique et culturelle du quartier.
Certains établissements sont fidèles au rendez-vous cette année : la Maison des Artistes et son marché de nuit, Les Éditions du Blé et leur bibliothèque éphémère ou bien le CCFM et sa dernière exposition.
Parmi les nouveautés, Rallye francophone d’Envol 91 FM, un concours qui invite à publier sur les réseaux sociaux des photos de la soirée Nuit Blanche et Tisse-moi un conte, qui aura lieu à la Bibliothèque de Saint-Boniface. Le Théâtre Cercle Molière donnera vie à une nouvelle activité, Living Colour, présentée par ÉZÈ Studio.
Après une année d’absence, le Musée de Saint-Boniface participe avec un chœur nocturne. Il y a deux ans, le Musée accueillait environ 500 personnes, dont la majorité visitait le quartier de Saint-Boniface pour la première fois, comme l’explique Mélissa Courcelles, chef de projet pour la Fête de la culture. « Nuit Blanche ouvre les portes de Saint-Boniface à toute la ville. Cette chance unique d’explorer le quartier durant la nuit est très intéressante et a un impact sur la communauté, qui gagne de ces grandes visites nocturnes et interactives. »