Alain Nadeau est pompier volontaire à La Broquerie depuis l’âge de 19 ans. 38 ans plus tard, il a obtenu le Prix du chef pompier volontaire de l’année attribué par l’Association des chefs pompiers du Canada.

Par Gavin BOUTROY

L’Association des chefs pompiers du Canada, qui regroupe chefs pompiers bénévoles et professionels, vous a honoré du Prix du chef pompier volontaire de l’année à Vancouver le 20 septembre.

J’étais vraiment surpris, je n’en revenais pas lorsque le président de l’Association des chefs pompiers du Canada m’a appelé. C’était l’assistante à la directrice administrative et l’un de mes lieutenants qui m’avaient nominé.

Je suis très reconnaissant. J’ai passé deux nuits à Vancouver, et l’association a fait un don de 3 000 $ à une charité de mon choix. J’ai choisi La Fondation canadienne des pompiers morts en service.

Cela fait maintenant 12 ans que vous êtes chef de la brigade à La Broquerie. Qu’est-ce qui vous pousse à continuer?

Quand j’avais 19 ans, je ne voulais par me joindre à des organismes et des comités où ça n’avance pas, où ça prend deux semaines pour prendre une décision. Comme pompier, lorsqu’on a un appel, on ne fait pas de meeting. On agit tout de suite. C’est satisfaisant, et j’aime aider le monde.

Quand je suis devenu pompier, la plupart des pompiers de la caserne étaient déjà là  lorsque j’avais fait une tournée de la caserne avec ma classe de maternelle. Maintenant j’ai 57 ans, et je commence à avoir comme pompiers des jeunes auxquels j’ai donné des tournées quand ils étaient en maternelle. C’est fun de donner des tournées, les enfants écoutent vraiment ce que je leur dis. Je le sais parce qu’il y en a qui s’en rappellent et qui m’en parlent 20 ans plus tard.

Être pompier volontaire, c’est plus qu’éteindre des incendies…

En ce moment par exemple, je prends beaucoup d’appels de gens qui veulent savoir s’ils peuvent brûler des choses. Il y a aussi la formation de pompiers, les tournées des écoles, les inspections de bâtiments, les inspections pour les feux d’artifice, les tâches administratives, les accidents de la route…

On a 60 à 100 appels sérieux par année. Environ 40 % sont des incendies, un autre 50 % sont des accidents routiers. Avec la police et l’ambulance, nous sommes les premiers avertis.

À quelle sorte de risques faites-vous face?

En 38 ans, je n’ai jamais perdu de collègue, mais c’est passé proche. On a déjà eu des blessures sérieuses. On arrive aux incendies plus tard qu’en ville, alors il y a plus de risques d’explosion.

Les traumas psychologiques sont probablement aussi prévalents en campagne qu’en ville. J’ai vu des choses que je n’oublierai jamais. Les voitures vont vite sur les autoroutes, et les accidents sont très violents. Il y a aussi le fait que souvent c’est de la parenté. Il faut savoir se détacher de la situation pour un bout de temps. J’ai eu par exemple un feu chez mon oncle,j’ai aussi vu un ancien chum de l’école dans un accident routier très sérieux.

Après un appel traumatisant, on en jase à la caserne. Si c’est plus grave, on fait venir des pros. C’est à mesure qu’on parle que sortent les émotions, le pire c’est de ne pas en J’avertis les jeunes, ça n’a rien à voir avec le physique, ou la force. Réagir à un traumatisme n’est pas un signe de faiblesse.

En 38 ans, vous avez dû vivre des épisodes particulièrement mémorables…

On avait eu un appel où une voiture avait été écrasée sous la pelle d’un tracteur dans l’allée privée d’une propriété. L’auto avait été écrasée sur la madame au volant de la voiture, et elle est restée coincée 20 minutes. Je me souviendrai toujours de sa face lorsque que l’on a enlevé tout le toit du char. Elle était vraiment contente de sortir