La paroisse Saint-Pie a cessé d’exister en 2015. L’ancienne église, qui date de 1967, a récemment été mise sur le marché. Sa vente à un particulier est en cours. Le point sur la situation.

Par Gavin BOUTROY

Niché à l’intersection des autoroutes 75 et 201, Letellier affiche une population d’environ 200 personnes. Lorsque la paroisse a fermé ses portes en 2015, le nombre de paroissiens était estimé à une dizaine. Un particulier a l’intention de convertir l’ancienne église en résidence privée.

L’économe de l’archidiocèse de Saint-Boniface, Richard Fréchette, explique que le lieu a dû être désacralisé.

« L’église a suivi un rituel de désacralisation, effectué par l’évêque, pour en faire un lieu d’utilisation profane. La pierre de l’autel, les reliques et les autres objets sacrés, comme les calices, ont été enlevés. » Si l’église de la paroisse fondée en 1889 (première église construite en 1879) est devenue un lieu profane, c’est pour s’assurer que le cimetière reste un lieu sacré. La recette de la vente de l’église, affichée à 99 900 $, sera placée dans une fiducie. L’économe de l’archidiocèse précise : « Les intérêts perçus sur la vente de l’église serviront à l’entretien perpétuel du cimetière de l’ancienne paroisse de Saint- Pie. »

Pareillement, les terrains autour de l’église de l’Enfant- Jésus à Richer avaient été vendus en 2015, afin de créer une fiducie pour l’entretien du cimetière. Des résidents avaient alors dénoncé le démantèlement du patrimoine du village.

Pour Richard Fréchette, les défis des paroisses francophones du Manitoba rural ne sont pas symptomatiques d’une église en crise.

« Chaque paroisse change avec le temps. Si dans certaines paroisses nous avons une décroissance, dans d’autres il y a une croissance. Par exemple, nous avons construit une nouvelle église vietnamienne pour quatre millions de dollars. Elle a ouvert ses portes cet été, et elle est magnifique.

« Letellier, dans les années 1950 et 1960 était un village de familles de fermiers. Un père, une mère, et six à dix enfants. La majorité était francophone. Ça ne prenait pas beaucoup de monde pour remplir l’église. [L’église pouvait recevoir environ 100 personnes assises, ndlr.]

« La ferme moyenne était de 600 à 1 500 acres. De nos jours, la ferme moyenne dans la région fait entre 10 000 et 15 000 acres. Et maintenant une famille moyenne, c’est un père, une mère et deux enfants. »

« Le visage du diocèse change avec le temps. L’église est toujours la dernière à fermer ses portes, dans la vie d’un village. » En février 2017, l’hôtel de Letellier avait été détruit par un incendie, peu après la célébration de son centenaire. Début novembre, Caisse Groupe Financier a annoncé la fermeture de sa succursale à Letellier, en raison du faible nombre de transactions à cette succursale.

La messe continuera à être dite en français à Saint-Joseph et Saint-Jean-Baptiste, villages situés à proximité de Letellier.