Né dans une famille d’habiles conteurs, Raymond La Flèche émerveille les jeunes depuis près de 40 ans. Avec Les Trois cochons et le mystérieux visiteur (1), il a relevé le défi de transformer un conte oral en texte voué à la lecture.

Par Daniel BAHUAUD

Vous inventez des histoires à raconter depuis 1979…

Raymond La Flèche : J’ai commencé à Rivière-La-Paix, en Alberta, lors de ma toute première année d’enseignement. Les jeunes de la 1re et de la 2e année aimaient beaucoup ça. Alors j’ai tout simplement continué. J’en ai inventé toute une brochette.

D’où vient ce penchant pour les histoires racontées?

R. L. : Les La Flèche ont toujours apprécié et raconté des histoires amusantes, mystérieuses ou effrayantes. Je me souviens encore d’histoires de loups-garous ou de Ti-Jean le Bouillon que racontaient mes parents, Berthe et Martial.

Ce goût de conter très canayen a été renforcé quand les La Flèche ont quitté le Québec pour s’installer à Sainte-Anne, en 1885. Il y avait des familles métisses installées sur un coin de notre terre appelé « Le Faible », parce que les Métis étaient très pauvres, et souvent affamés. Mon arrière-grand-père Louis et mon grand-père Irénée les ont laissé vivre à cet endroit. Ils ont pris connaissance des contes métis.

Et voilà qu’en 2017, vous publiez votre premier conte…

R. L. : Ça fait très longtemps qu’on me demande de publier mes contes. Je me suis longtemps dit que je ne publiais pas parce que j’étais occupé. J’enseignais. Et puis il y avait la famille. Mon épouse, France, et moi, avons élevé cinq enfants. Mais la vraie raison, c’est que j’avais peur de traduire une histoire orale en texte écrit. Est-ce qu’elle aurait le même impact si on n’entendait pas ma voix, et si on ne voyait pas les gestes qui accompagnent mon récit?

Qu’est-ce qui vous a convaincu qu’il fallait finalement passer à l’écriture?

R. L. : Une rencontre. Il y a quelques années, je rendais visite un ami à l’Hôpital Sainte-Anne. En sortant, j’ai croisé trois anciens élèves de La Broquerie, qui étaient dans la début vingtaine. L’un d’eux venait de perdre son grandpère. Dans la peine de son deuil, il m’a demandé de lui raconter mon histoire de sasquatch. C’est là que j’ai eu le déclic. Ce jeune homme avait entendu un conte à l’âge de six ans et l’avait retenu pendant plus de 15 ans. Il fallait conserver ça! Alors quand Raymond Poirier, l’ancien propriétaire d’Apprentissage Illimitée m’a invité à publier, j’ai accepté.

Écrire Les Trois cochons et le mystérieux visiteur, c’était un défi?

R. L. : Et un plaisir! Carole Freynet-Gagné et Jean-Paul Gagné, les nouveaux propriétaires d’Apprentissage Illimitée, m’ont bien encadré. J’ai commencé avec l’idée d’écrire quatre ou cinq phrases pour accompagner chacune des 35 images que je proposais, un peu comme si je préparais un Power Point. On a réduit ça à 21 dessins. Et Jean-Paul a adapté mon récit en jolis vers.

Côté images, j’ai été vraiment choyé. Chantal Piché, l’illustratrice, a produit des images qui correspondent exactement à ce que j’imaginais. C’est inouï! C’est une jeune artiste talentueuse.

Les Trois cochons et le mystérieux visiteur est un récit qui propose plusieurs messages que vous tenez à coeur…

R. L. : Oui. Certainement un message écologique. J’ai grandi à la campagne, près d’un marais qui n’existe plus. Je voulais inciter les jeunes à réfléchir sur la bonne intendance de la nature. Pas juste les jeunes. Tout le monde.

Alors un premier livre. Il y en aura d’autres?

R. L. : Sans doute! Maintenant que j’ai vu comment ça se fait, ce sera peut-être plus facile. En tous les cas, j’ai encore bien des contes à adapter en livre. Et j’en invente toujours.

(1) Les Trois cochons et le mystérieux visiteur sera lancé le 17 décembre à 13 h à la maison Chaboillez, près du Fort Gibraltar à Saint-Boniface.