Les jurés ont fait leur choix : sept des dix lauréats sont des femmes, la plupart ayant marqué la vie française de leur province ou territoire en 2017.
Journal – en collaboration avec Jean-Pierre DUBÉ (Francopresse)
Ce 3e palmarès des personnalités influentes de la francophonie canadienne se distingue par deux exceptions : pour la première fois, un lauréat du Québec est choisi et une reconnaissance posthume est accordée à une bâtisseuse que Francopresse a honorée lors du premier Top 10 en 2015.
Une influence d’ampleur nationale
Le travail de quelques-uns des lauréats a une incidence nationale. C’est le cas du député néo-démocrate de Drummond, François Choquette, qui est reconnu comme champion des langues officielles au Parlement, notamment pour ses tentatives de rendre obligatoire la nomination de juges bilingues à la Cour suprême du Canada. Selon le jury, le néo-démocrate québécois a pris de relais du député acadien Yvon Godin, qui a quitté la vie politique en 2015.
Deux autres lauréats sont au Top 10 pour la deuxième fois après avoir été reconnus en 2016. Il s’agit de la professeure de sciences politiques de l’Université d’Ottawa, Linda Cardinal, et de l’expert en droit constitutionnel d’Ottawa, Mark Power.
Des jurés ont noté que la titulaire de la Chaire de recherche sur la francophonie et les politiques publiques est « parmi les intellectuels les plus attachés à la francophonie canadienne » et « très présente dans l’actualité nationale ». La politicologue a notamment été reçue à l’Ordre du Canada en 2017.
Le plaideur de Juristes Power a participé à une douzaine de litiges devant la Cour suprême. La mégacause qu’il mène au nom des conseillers scolaires et des parents francophones de la Colombie-Britannique, présentement en appel, pourrait également aboutir devant le plus haut tribunal.
La culture
Apparaissant à la toute première édition du palmarès, en 2015, l’Ontarienne Paulette Gagnon était porte-parole du Regroupement des organismes culturels de Sudbury, qui dirige depuis 2010 le projet de construction d’un grand centre des arts. La native de Hearst est décédée subitement en octobre, à la veille d’une annonce fédérale de 12 millions permettant d’assoir le financement de la future Place des Arts de sa ville d’adoption. De toutes parts, Paulette Gagnon a été qualifiée de « grande dame de la culture francophone », après avoir longtemps œuvré au plan national dans le domaine du théâtre et présidé entre autres la Fédération culturelle canadienne-française.
Tout au Nord, la relève dans le secteur culturel se dessine. L’Association franco-culturelle de Yellowknife a réussi lors d’un rassemblement unique à « doubler la population francophone » de la capitale ténoise durant toute une semaine.
La directrice générale Pascaline Gréau a persuadé ses collègues de l’Ouest du pays et du Nord d’y tenir du 10 au 17 septembre et pour la première fois deux évènements de l’industrie musicale : Chant’Ouest et Contact Ouest. « Un coup de maître », souligne le journal L’Aquilon.
En Atlantique, l’importante action régionale
Parmi les autres lauréats se trouve l’Acadien Frédéric Dion, le directeur général de l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick. Le jury a souligné son dynamisme, ses capacités de communicateur et son influence provinciale dans plusieurs dossiers critiques : le changement climatique, la participation des femmes et la pleine municipalisation.
Toujours en Atlantique, la nouvelle directrice générale de la Société nationale de l’Acadie, Véronique Mallet, a repris la barre de l’organisme après des mois tumultueux marqués notamment par le départ de son président (René Cormier, au Sénat) et de plusieurs employés. L’Acadienne revient dans son milieu d’origine après un séjour à Ottawa à titre de DG de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne.
Dans l’Ouest : affaires, santé et patrimoine
L’influence de la lauréate manitobaine, Mariette Mulaire, s’étend à l’international. Cofondatrice et PDG du World Trade Centre de Winnipeg, elle siège au Conseil de l’Association des 300 WTC. En 2017, l’ambassadrice du commerce en français était porte-parole des Rendez-vous de la Francophonie. Elle a fait ses armes au Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba.
La directrice du Département de santé communautaire du Collège de médecine à l’Université de la Saskatchewan, Anne Leis, défend avec passion la vie française dans sa province et au national depuis plus de 30 ans. L’ex-présidente de l’Association provinciale des parents fransaskois et vice-présidente de la Société santé en français a été reconnue en 2017 par la Compagnie des Cent-Associés. C’est pourquoi elle se retrouve au palmarès, cette année.
Le palmarès souligne aussi la contribution de Claude Roberto au patrimoine albertain, qui a œuvré 32 ans aux Archives provinciales de l’Alberta et a laissé sa marque sur la collection d’archives en français. La lauréate est largement reconnue pour sa passion pour l’histoire des francophones de l’Ouest. La Française d’origine est arrivée à Edmonton en 1977 pour y faire un doctorat en archéologie.
La sélection de Francopresse
La sélection de Francopresse est orientée selon la définition suivante de l’influence : le pouvoir qui accompagne une fonction, l’innovation ou la mobilisation, ainsi que la capacité d’agir au moment opportun. « On a un palmarès de dix personnalités », note Andréanne Joly, la coordonnatrice de Francopresse, « mais on avait plusieurs dizaines de candidatures. C’est bien de constater la variété. Par exemple, il y avait des représentants de minorités culturelles dont on a beaucoup parlé dans nos journaux. La liste des candidats est vraiment le reflet d’une société dynamique et changeante. »
Le choix est effectué en fonction des critères suivants : une appartenance reconnue avec une ou des communautés francophones et une influence positive s’étendant au plan régional (Ouest, Nord, Centre, Atlantique) et national. Les critères de sélection des lauréats n’ont pas changé en trois ans, mais l’approche quant au choix des jurés s’est confirmée : une majorité de journalistes s’impose pour former un jury indépendant et représentatif des régions. Ils ne sont pas tous recrutés au sein de l’Association de la presse francophone. Andréanne Joly précise : « Ça donne un bon équilibre entre nos membres et la contribution de la SRC et une journaliste qui est à la maîtrise. Ça permet de multiplier les points de vue. »
Voici les membres du jury :
-Jeanne Beaudoin, ex-DG, Association franco-yukonnaise,
-François Bergeron, directeur général, L’Express de Toronto,
-Camille Gris-Roy, journaliste, SRC Manitoba,
-Sandra Inniss, ex-journaliste, L’Aquilon,
-Pierre Jury, éditorialiste-en-chef, journal Le Droit,
-Réjean Paulin, chroniqueur, Francopresse et-Pascal Raiche-Nogue, journaliste, Acadie Nouvelle.
Cette année, le palmarès a profité de la présence au jury des deux quotidiens membres de l’APF, Le Droit et Acadie Nouvelle. « Les quotidiens font souvent des reportages sur des enjeux nationaux, conclut la coordonnatrice. Ça permet de garder un équilibre entre les influences nationales et régionales. »