L’auteure-compositrice-interprète manitobaine Kelly Bado a été sélectionnée pour participer à l’émission de téléréalité musicale québécoise La Voix, diffusée sur TVA. L’artiste a la musique dans le sang depuis son jeune âge. À dix ans, elle intégrait la chorale de son école et de son quartier. Ses goûts musicaux sont éclectiques. De Adèle, en passant par Alicia Keys ou Sam Smith ou encore Aretha Franklin. Entrevue avec La Liberté.

Par Marie BERCKVENS

Pourquoi as-tu eu envie de participer à La Voix?

Kelly Bado : Je pense que c’est une émission qui vaut la peine qu’on l’essaye. C’est vrai qu’on ne chante pas nos propres compositions, mais c’est un programme qui te donne une plateforme. Ça permet de t’exprimer, même sur une chanson d’autrui, en tant qu’artiste. J’ai déjà participé à des concours moins complexes, je dirais. Ici, c’est un autre calibre.

J’ai participé à mon premier concours il y a quatre ans. Le public était plus réduit. On était juste quatre concurrents. À mon 2e concours, on était 24. Ici, à La Voix, nous sommes une centaine de participants qui passons les auditions. Petit à petit, j’ai monté les échelons. Là, je me dis que c’est une autre chance.

Une chance pour se faire connaître?

K.B. : De se faire connaître, mais surtout d’apprendre. Tu apprends les codes de la télé, tu apprends à transmettre des émotions avec une chanson. Et puis, tu choisis un coach, quelqu’un qui va te donner du mentorat. C’est tout son univers qui t’est offert. C’est une chance incroyable.

Justement, lors de ton audition à l’aveugle, tous les fauteuils des juges se sont retournés en entendant ta voix. Tu avais choisi Garou. Pourquoi lui?

K.B. : Je suis une grande fan. Depuis la Côte d’Ivoire, mon pays natal, j’ai toujours écouté Garou. J’ai toujours aimé sa musique, sa voix. Jamais je n’aurais cru qu’un jour, j’allais avoir l’opportunité de le rencontrer et encore plus, de travailler avec lui! C’est déjà un rêve qui se réalise.

Les émotions devaient être fortes…

K.B. : Je ne pense pas que j’étais plus stressée que je ne le suis à un festival, par exemple. À chaque fois que je monte sur scène, il y a toujours une même crainte. Je me dis : Qu’est-ce qu’ils vont penser? Est-ce qu’ils vont se connecter à mes chansons? Ici, on ne te voit pas quand tu chantes. C’est vraiment la voix et l’émotion qui comptent. Il faut vraiment que les gens y croient. Je m’estime vraiment heureuse qu’ils aient connecté. Cela veut dire que, quelque part, il y a quelque chose.

En participant à une telle émission, que veux-tu représenter? Il y a un message que tu voudrais faire passer?

K.B. : Je suis canadienne maintenant. Je suis très contente d’être ici. Mais mes racines, la Côte d’Ivoire, ont toujours fait partie de moi, de ma culture, même de mon style de musique et de ma façon d’écrire. J’ai toujours été fan de musiques du monde. J’adore les artistes originaires de différents pays d’Afrique. Donc, je représente cette culture dans ma musique, parfois dans mon habillement.

Ce que j’espère faire passer comme message, c’est qu’il n’y a pas de barrière. Quand j’ai commencé, ce n’était pas évident. Mais les gens ont aimé ma sincérité. Je veux donner espoir aux artistes qui viennent d’ailleurs, et qui ont l’impression que leur diversité est peut-être trop différente. Moi, j’y suis arrivée. Ce n’est pas « gagner » qui veut dire que tu y es arrivée. C’est le cheminement qui est important. Au fur et à mesure, le petit concours du quartier auquel j’ai participé a évolué en un concours à l’échelle d’une ville, et puis en une compétition à l’extérieur de la province. Là maintenant, c’est La Voix à Montréal. Ça veut dire que c’est possible.

Pour le moment, tu travailles avec l’organisme Santé en français comme adjointe administrative. Estce que tu poursuis un rêve de mener une carrière d’artiste à part entière?

K.B. : Ce que je peux dire, c’est que mes collègues sont vraiment extraordinaires. Ils m’ont toujours soutenue depuis le début. J’aime mon travail, j’aime aussi la musique, ça fait partie de moi. Je laisse juste le vent me porter.

Et si un jour le vent te porte vers une carrière solo…

K.B. : Alors oui, pourquoi pas, évidemment. On verra ce que l’avenir me réserve. (rires)

Quels sont tes atouts dans le contexte de l’émission?

K.B. : Je dirais mon désir de tout faire. J’ai appris en écoutant, en imitant. C’est comme ça que j’ai commencé à développer mon côté soul. Des gens me disent : Oui mais tu ne sais plus qui tu es quand tu imites. Je pense qu’au final, tu te trouves toujours. J’aime les langues aussi, je chante en espagnol ou encore en lingala (une des langues du Congo, ndlr). Peut-être qu’un jour, je chanterai en allemand, qui sait?! (rires)