Graphiste depuis presque 20 ans, Eric Ouimet monte sa toute première exposition d’ouvrages personnels, Vie nocturne. Douze images de sérigraphie ancrées dans une nostalgie pour son village natal de Sainte-Agathe, et dans des petits moments puisés du quotidien.

par Daniel BAHUAUD

Eric Ouimet aime son patelin d’origine. Beaucoup. Des 12 images présentées dans son exposition, Vie nocturne (1), six se réfèrent à son enfance passée à Sainte-Agathe.

« J’habite Grande Pointe, et je travaille à Winnipeg. Pourtant, mes pensées me conduisent souvent à Sainte-Agathe, sur la terre où j’ai grandi, située au sud du village. Les images du passé surgissent beaucoup. »

Ainsi, dans l’image Ferme familiale, le graphiste de 36 ans dépeint une moissonneuse-batteuse, dans laquelle on aperçoit la silhouette d’un conducteur, et d’un enfant assis sur ses genoux. « C’est mon pépère Jean-Léon Ouimet, qui est décédé l’an dernier. Le garçon, c’est peut-être moi. Mais ça pourrait aussi être un cousin. Pépère vivait juste à côté de chez nous, sur le chemin Ouimet.

« La famille Ouimet a toujours ces terres, situées en face de l’église de Union Point. C’est pourquoi j’ai décidé d’en faire une image, La p’tite église, où l’on voit aussi la vieille station-wagon de ma marraine et de mon parrain. »

Autres images de la série : La saison de hockey, où l’on voit l’arène de Sainte-Agathe ; Road Trip, qui met en vedette l’hôtel du village et Working Late, image où l’on voit un agriculteur, installé dans une grange, et qui effectue des réparations sur un tracteur.

Eric Ouimet : « Ces souvenirs, je les porte depuis une bonne dizaine d’années. Mais ce n’est que depuis la dernière année que je travaille à les concrétiser. J’ai installé un studio de sérigraphie dans mon sous-sol. Il fallait fabriquer les machines pour imprimer les images.

« J’ai choisi d’imprimer Vie nocturne en quatre couleurs. Chaque couleur exige que j’utilise une différente encre quatre fois sur une même image. Il faut être précis, en utilisant un écran de soie ayant 250 fils par pouce carré. Même avec ça, je n’ai pas toujours été satisfait du résultat. Généralement, il faut imprimer 30 exemplaires pour en avoir entre cinq ou 14 gros maximum de bons. »

Vie nocturne, c’est plus qu’un regard sur le passé d’Eric Ouimet. Le premier concepteur-infographiste de l’Ouest canadien à Radio-Canada a puisé dans des souvenirs plus récents. « Ce sont les petits moments que j’aime savourer au jour le jour, explique-t-il. Une image, Ça sent bon, montre deux personnes assises à une table de La Belle Baguette. J’aime siroter un café dans ce resto de Saint-Boniface. Et puis, comme pigiste, c’est moi qui ai créé le logo de l’entreprise! »

Autre image, plutôt loufoque : Now That’s a Big Moose! On y voit un homme qui promène un chien en laisse. Mais puisqu’il marche devant une des grandes vitrines du magasin de la Baie d’Hudson, sur l’avenue Portage, image donne l’impression est qu’il promène l’orignal empaillé en montre dans le présentoir.

Enfin, il y a Coming Home.

« C’est moi, qui descends d’une passerelle d’avion à l’aéroport de Winnipeg, après un voyage à l’étranger, explique Eric Ouimet. Je voulais décrire en image la satisfaction, et la fatigue, du retour chez soi. »

Pour ce qui est de l’avenir, Eric Ouimet songe déjà à sa prochaine exposition. « J’ai franchi le seuil. J’ai enfin réalisé une exposition très personnelle, qui n’a rien à voir avec mon boulot de graphiste. Ces images sont de moi, pour moi et le public. Maintenant, les idées viennent plus rapidement. Je les note tout de suite sur le dictaphone de mon téléphone intelligent. Je note tout : une image, un souvenir, un agencement de couleurs, voire même un parfum. Je ne veux rien perdre. »

(1) Vie nocturne est en montre à la Maison des artistes visuels francophones jusqu’au 24 mars, les mercredi, vendredi et samedi, de 12 h à 17 h 30. Les jeudi, l’exposition est présentée de 12 h à 19 h.