N’ayez pas peur! Le but de cette dictée-là n’est pas de vous faire revivre le cauchemar de vos années d’école. Comme l’explique le directeur de la Maison Gabrielle-Roy, Sébastien Gaillard, peu importe le nombre de fautes, cet exercice est avant tout l’occasion de redécouvrir ensemble l’auteure bonifacienne, tout en s’amusant.

par Valentin CUEFF

Sortez vos stylos, ne trichez pas sur le voisin, et répétez-vous bien les règles de grammaire. Dans quels cas accorde-t-on le participe passé avec l’auxiliaire avoir, déjà? Et « appeler » au subjonctif imparfait, ça prend un seul L ou deux?

Les férus d’orthographe, les contrariés de la langue française, et tous les autres, ont rendez-vous le 22 mars pour la première dictée Gabrielle Roy, qui prendra place à l’Université de Saint-Boniface (1).

Un exercice d’écriture qui vise avant tout à rassembler, et non pas à créer de la compétition, indique son instigateur, Sébastien Gaillard.
« C’est une façon de s’amuser avec quelque chose qui était perçu comme austère. L’esprit de cette dictée, c’est de ne pas faire de gagnants qui écrasent les autres. La compétition amène de l’injustice. Ce qui n’est pas le but. Que vous fassiez trois fautes ou 50, ça n’a aucune importance. Le but c’est de passer un bon moment et de dédramatiser la langue française, de ne pas avoir honte de faire des fautes. »

Pour cet événement, qui survient dans le cadre des 15 ans de la Maison Gabrielle-Roy, il s’est inspiré de la dictée de l’auteur français Michel Butor, qu’il organisait en Haute-Savoie (France), avant de venir s’installer au Manitoba.
« Je trouvais l’approche de Michel Butor judicieuse. Il ne voyait pas la dictée comme une activité élitiste. Il voulait que ce soit une fête de la langue. Comme il le disait, tout le monde fait des fautes. »
« Plutôt que de fêter la « langue de Molière », parce que ça commence à être un peu dépassée, je trouvais ça intéressant de célébrer l’icône de la littérature franco-canadienne et de créer un événement fédérateur. »

Une dictée pancanadienne

Et pour fédérer autour de l’œuvre de la Bonifacienne, Sébastien Gaillard ne s’y est pas pris à moitié.

La dictée, filmée par les Productions Rivard, sera retransmise sur notre site web du journal, et dans pas moins de sept Alliances Françaises à travers le pays, et la Bibliothèque Gabrielle-Roy, à Québec.
Assis sur des tables individuelles, les participants d’un océan à l’autre écouteront et recopieront un extrait lu par la poétesse Lise Gaboury-Diallo.

« Si j’ai bien compris les enjeux de la francophonie au Canada, c’est de ne pas vivre enfermé, en autarcie. Il faut créer des passerelles et des ponts. Donc je me suis dit, Faisons une dictée issue de l’œuvre de Gabrielle Roy et utilisons la technologie actuelle pour rejoindre des francophones partout au pays. »

Le lendemain de la dictée, trois participants seront tirés au sort et remporteront un prix surprise. Sébastien Gaillard et Alan Nobili, directeur de l’Alliance Française de Winnipeg, annonceront les gagnants sur Envol 91 FM.

Une écrivaine toujours dans le vent

La date de l’événement, le 22 mars, tombe à pic. Il s’agit du jour de naissance de Gabrielle Roy, née en 1909.

Concernant l’extrait, le directeur du 375 rue Deschambault promet un texte d’une douzaine de lignes d’un niveau « accessible », qui réserve tout de même quelques défis orthographiques :
« Il y aura des accords sympathiques, peut-être un ou deux mots de vocabulaire pur, et puis une ou deux règles de grammaire qui peuvent faire trébucher. »

Il espère que l’initiative donnera aussi envie à des gens de s’intéresser davantage à l’auteure de La petite poule d’eau. Et qu’ils découvrent une œuvre qui n’a pas pris une ride.

« C’est une belle façon de montrer que Gabrielle Roy a une langue, un style et des propos extrêmement modernes. La pièce de La détresse et l’enchantement (1) qui se joue actuellement à Montréal au Théâtre du Nouveau Monde, fait un tabac, avec des critiques élogieuses. Ça montre la pertinence et la fraîcheur de son style. »


(1) À Winnipeg, la dictée aura lieu à l’Université de Saint-Boniface, 16 h 45, salle 2322.
Elle sera retransmise sur notre site web et dans les alliances françaises de Toronto, Halifax, Victoria, Calgary, Edmonton, Ottawa et Moncton, et à la bibliothèque Gabrielle-Roy de Québec (QC).
Les inscriptions sont gratuites, et ouvertes jusqu’au 15 mars, sur le site eventbrite.ca.
Feuille et stylo vous attendent déjà sur place.