L’équipe de soccer francophone des Bleus entame en mai prochain une nouvelle saison. L’occasion de revenir avec Erwan Bouchaud, gestionnaire et joueur, sur le parcours de l’équipe et l’expérience qu’elle a acquise, huit ans après sa création.

Par Valentin CUEFF

Le soccer en 2018 au Manitoba n’est pas le même qu’en 2010. Le joueur en milieu défensif chez les Bleus, Erwan Bouchaud, le constate :

« Quand on a commencé, il y avait cinq divisions de soccer. Aujourd’hui, il y en a huit, ce qui correspond à une trentaine d’équipes en plus. Il y a aussi de plus en plus d’équipes au rural. À Brandon, ils ont monté des terrains le long de l’Assiniboine. Il y a eu un flux d’immigration venu du Mexique pour travailler à Maple Leaf Foods. Ce qui a eu un impact direct sur le niveau de soccer joué là-bas. »

Les Bleus aussi, ont grandi. L’équipe fondée par Erwan Bouchaud et Emmanuel Perez en2010, qui a démarré en division récréationnelle, évolue depuis sept ans sur le terrain de la ligue majeure de soccer au Manitoba (MMSL).

Un souvenir particulièrement marquant de ces huit ans? Peutêtre cette victoire arrachée au FC Russia, « leurs meilleurs ennemis », en 2012. Les Bleus ont alors gagné à la fois la coupe et le championnat (voir encadré) de la 7ème division. « On n’était pas peu fiers », résume le joueur surnommé « le pitbull » par ses coéquipiers. Un match historique pour les Bleus, qui s’est terminé par une séance tendue de tirs aux buts, aucune équipe n’ayant marqué de points durant la période de jeu réglementaire.

Côté effectifs, ils sont passés d’une quinzaine de joueurs en2010 à 25 environ.

Une équipe consolidée, qui a gardé au fil des années sa devise : le plaisir de se rassembler pour jouer au soccer en français. « Quand on a commencé, on voulait rendre l’équipe compétitive. Mais le but était avant tout de se retrouver ensemble, pouvoir parler en français sur le terrain, comme en dehors du terrain. »

En plus de fédérer autour de la langue, les Bleus ont aussi une vocation sociale :

« Il y a un intérêt important des étudiants internationaux de l’USB pour le soccer. On s’est vu comme une équipe qui pouvait jouer le rôle d’intégration. On a vu des jeunes venir jouer avec nous et nous demander par la suite d’être leurs références pour trouver leur premier emploi. Ce qui peut être utile, quand on n’a pas encore d’expérience ici. »

Si les Bleus tirent leur nom de l’équipe nationale française, leurs joueurs ont des origines qui dépassent amplement les frontières de l’Hexagone : des Canadiens, bien sûr, mais aussi des joueurs d’Algérie, du Maroc, de Côte d’Ivoire, de Colombie ou encore d’Allemagne. « On a tous la particularité de partager la langue. Et on a une règle : sur le terrain, on parle en français. »

Un brassage culturel qu’on retrouve aussi sur la pelouse : les francophones et francophiles jouent en effet contre des équipes winnipégoises d’origines diverses.

« Pour nous, chaque semaine, c’est la coupe du monde. On va jouer contre l’équipe ukrainienne, puis l’équipe mexicaine, l’équipe allemande… C’est drôle de voir que le soccer fédère beaucoup les gens de communautés et on retrouve ce phénomène au niveau des noms des équipes, des maillots, des langues parlées sur le terrain. » L’équipe de soccer francophone des Bleus entame en mai prochain une nouvelle saison. L’occasion de revenir avec Erwan Bouchaud, gestionnaire et joueur, sur le parcours de l’équipe et l’expérience qu’elle a acquise, huit ans après sa création.


Droit au but

Recrues en demande.

Quelques semaines avant de reprendre le chemin des vestiaires, les Bleus sont cependant en quête de nouvelles recrues. « On cherche des joueurs. On s’entraîne tous les mardis à l’Université de Saint-Boniface. Et ces entraînements sont aussi des essais, où tout le monde est le bienvenu. Ça nous permet de voir si la personne « tricote » avec le ballon et de connaître son niveau. »

Intéressé à jouer? Contactez l’équipe à cette adresse : [email protected]

Un slogan remarqué.

On ne passe pas inaperçus, sur un terrain de soccer, lorsqu’on porte sur son dos l’inscription Be sexy, read French, le slogan de La Liberté, qui sponsorise l’équipe. « Quand on joue, on entend parfois les joueurs adverses lire le slogan à voix haute et se marrer. Ils font aussi des petites réflexions parfois, comme What a sexy move! » Pas question pour « le pitbull » de se mettre en rogne. Pour Erwan Bouchaud, c’est une façon de briser la glace, dans un sport où les joueurs s’engagent parfois avec passion et sérieux. « C’est assez drôle. Ça permet de détendre un peu l’atmosphère sur le terrain. On ne laisse pas indifférents. »

Coupe? Championnat?

Quand les Bleus ont remporté la victoire en 2012, la coupe était l’équivalent des séries éliminatoires. Ils ont également gagné le championnat cette année-là, en arrivant premiers du classement.
Aujourd’hui, on parle de « coupe » pour parler du tournoi dans lequel « toutes les équipes qui veulent participer s’inscrivent, et ensuite on rencontre des équipes – peu importe les divisions », explique Erwan Bouchaud.