Le Musée de Saint-Pierre-Jolys est en pleine rénovation. Ernést Hiebert, un maçon spécialiste en restauration d’édifices historiques, partage les découvertes qu’il a faites sur la construction du bâtiment.

Par Daniel BAHUAUD

Ernést Hiebert contemple le mur est du Musée de Saint-Pierre-Jolys, où des ouvriers ont déjà enlevé la cheminée en briques qui n’était plus en service depuis que la chaudière à eau a été remplacée par une fournaise moderne.

« J’ai tout de suite compris que ce n’était pas la cheminée originelle du couvent de 1900. C’était clair qu’une plus petite cheminée avait été remplacée par une cheminée bien plus imposante.

« Cette structure a ajouté un poids supplémentaire sur la façade en briques, qui s’est mise à craquer et à se détacher lentement du mur en bois. »

La façade, le maçon de Saint-Malo estime qu’elle a été construite « par des maçons qui connaissaient leur boulot. Le deuxième couvent des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie a été construit en 1900, pour remplacer celui détruit par un incendie en 1896. Les bonnes soeurs n’avaient pas beaucoup de sous. Au lieu d’ériger des murs en briques, elles ont choisi de revêtir de briques les planches clouées sur la charpente du bâtiment.

« Le mur en bois était composé de deux rangées de planches. Un fait étonnant : les maçons ont utilisé des clous pour ancrer la façade en briques au mur de planches. En 2018, c’est une pratique courante. En 1900, c’était un travail d’avant-garde. »

Pour restaurer le mur ouest du Musée de Saint-Pierre-Jolys, le maçon a « un plaisir fou » à se servir de briques venues de Chicago qui ont fait partie de l’ancienne église du village, démolie en 1981.

« C’est approprié. Je suis content que des gens comme Jos Robidoux et Léon Morrissette ont eu la présence d’esprit de conserver plusieurs palettes de ces briques. »

Ernést Hiebert espère restaurer le mur ouest « sans laisser la moindre trace de mon passage. Pour y arriver, je prépare mon mortier à la main, en utilisant du sable de la région comme l’auraient fait les maçons en 1900 ».

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Un restaurateur d’expérience

Ernést Hiebert a restauré la maçonnerie de plusieurs églises, notamment l’église St. Andrew’s on the Red, construite en 1845.

Le résident de Saint-Malo a appris son métier de son père Peter Hiebert au cours des années 1960 et 1970, alors que la famille avait quitté Saint-Boniface pour Los Angeles.

« Papa a construit plusieurs grands palais pour les vedettes hollywoodiennes. J’ai commencé à l’aider à l’âge de 11 ans. Plus tard, quand je me suis fiancé, j’ai choisi de suivre ses traces, mais au Canada. »

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Histoire de sous

Roland Gagné, le président du Musée de Saint-Pierre-Jolys, rappelle que « c’est quand on a changé le système de chauffage qu’on s’est rendu compte de l’étendue des dommages au mur et à la fondation, qui avait craqué ».

Le projet de rénovation est passé d’un coût initial de 114 000 $ à 160 000 $.

« Le gros de l’argent a permis d’installer la nouvelle fournaise et d’enlever la cheminée. On a déjà payé 80 000 $. Reste maintenant à absorber les coûts du travail d’Ernést Hiebert.

« On avait demandé 2 000 $ à la friperie Village Connection. Quand elle a constaté l’ampleur du projet, elle nous a donné 15 000 $. Le Village de Saint-Pierre-Jolys nous a accordé 20 000 $, la Thomas Sill Foundation de Winnipeg 10 000 $ et Caisse Groupe Financier 2 000 $. »

Le Musée cherchera à obtenir du financement de la Province. « On pourrait avoir jusqu’à
35 000 $ sur deux ans, puisque le bâtiment a été reconnu comme édifice historique provincial en 1989. »

Les travaux sont censés être terminés en 2019.