Avant de devenir chef d’équipe aux services à la clientèle du Centre Flavie-Laurent, Théogène Buhelwa (à gauche) a été camionneur pour subvenir aux besoins de sa famille. Il était aussi client de l’organisme caritatif dont Gilbert Vielfaure (à droite) est le directeur. Après un parcours de vie très éprouvant, les perspectives sont enfin très encourageantes pour ce réfugié arrivé avec sa famille au Canada en 2013.

Mariam BA SOW

Avant de coordonner les équipes de Flavie-Laurent, Théogène Buhelwa a eu recours à leurs services en arrivant à Winnipeg. Il décrit le centre comme un lieu de transfert des objets : « Toute personne peut venir chercher ou déposer des dons à l’aide des camions mis à disposition, peu importe leur origine ou religion.

Les personnes dans le besoin viennent avec leur carte de santé. On leur donne un numéro pour patienter et elles peuvent repartir avec ce qu’elles veulent gratuitement. S’il y a besoin d’une livraison à domicile, 30$ de participation sont demandés pour couvrir les frais de transport et d’entretien des camions. Car Flavie-Laurent ne fonctionne qu’avec les dons financiers et le soutien du gouvernement provincial. ».

Le chef d’équipe aux services à la clientèle qui a été aidé par cette organisation auparavant, bénéficie actuellement du programme Habitat pour l’Humanité qui aide les familles avec peu de moyens à accéder à la propriété (1) : « Le Canada procure beaucoup d’aides utiles, mais il faut savoir où trouver l’information.

Les centres d’accueil pour les nouveaux arrivants nous guident vers ces différents services en fonction de nos besoins. C’est comme ça que j’ai entendu parler du centre Flavie-Laurent. À présent, je reçois des familles chaque jour dont la situation m’est familière et qui traversent les mêmes difficultés que j’ai pu connaître.

Nous ouvrons nos portes de 8 h à 13 h. Nous accueillons pas moins de 150 personnes chaque jour. Mon but est de faire en sorte que personne ne reparte les mains vides. Ces personnes sont issues de toutes les communautés. Il n’y a pas de surreprésentation ni de favoritisme. Si ma femme venait, elle prendrait son numéro et attendrait son tour, comme tout le monde. »

Théogène Buhelwa insiste sur l’urgence d’ouvrir d’autres centres du genre à Winnipeg, au Manitoba et dans tout le Canada : « La grande différence entre Flavie-Laurent et les autres organisations, c’est qu’on ne revend pas ce qu’on nous donne. Les étudiants pauvres, les réfugiés, les travailleurs qualifiés qui n’ont pas le droit à l’aide sociale, ont tous besoin de services comme celui-ci. J’ai eu l’occasion de visiter plusieurs régions quand j’étais camionneur.

On m’a appris que les centres de dons gratuits n’existent pas ailleurs. Certaines familles de la Saskatchewan souhaitent même déménager à Winnipeg pour en profiter. La pauvreté est partout, et nous avons réellement besoin du soutien financier du gouvernement, des institutions religieuses et de toutes les personnes qui le peuvent. ».

Après avoir vu son budget annuel diminué de 50 000 $ l’année dernière par la Province, la situation est ardue chez Flavie-Laurent : « Nous sommes chaque jour débordés, la demande d’aide est telle que notre local est devenu trop petit pour accueillir tant de personnes. Et nous avons trop peu de camions en bon état de marche pour les aider efficacement. Pour pouvoir satisfaire tout le monde, il faudrait ouvrir au moins deux autres centres Flavie-Laurent à Winnipeg et avoir à disposition une douzaine de camions. Mais comme toujours, ce sont les moyens qui manquent. Et encore, Winnipeg n’est pas la ville la plus grande, alors imaginez les besoins ailleurs. »

Théogène Buhelwa, Gilbert Vielfaure, le directeur général, ainsi que tous les employés et bénévoles de Flavie-Laurent sont conscients de faire un travail nécessaire, et donnent bien plus que ce qu’ils ne reçoivent : « Toute personne qui est dans la capacité de porter main forte à Flavie-Laurent est la bienvenue pour servir davantage tous ceux qui dépendent de ce service à Winnipeg et partout au Canada. Cette aide est précieuse, mais pour que nous puissions continuer, nous avons aussi besoin de votre aide : humaine et monétaire. »

(1) Article du journal La Liberté vol. 105 n°22 (12 au 18 septembre 2018) de Manella Vila Nova.