Ah, la parenté est arrivée! Vous resterez un p’tit brin! On a plein de boustifaille, de coutumes pis de chansons pour vous faire passer un temps des Fêtes mémorable… et en français! 

André Magny (Francopresse)

Qu’on se le dise au départ : l’ensemble des francophones au Canada ne mettront pas un orignal ou un ours dans la crèche, le petit Jésus ne sera pas transgenre cette année, on ne décorera pas un bouleau de Noël et rares seront ceux qui boycotteront les cadeaux!

Le temps des Fêtes demeure somme toute traditionnel quant au sens associé à cette période de l’année, même si l’esprit religieux laisse parfois la place à un esprit plus mercantile. Cependant, c’est dans les détails qu’on voit la diversité de certaines communautés francophones au Canada.

Gourmandises acadiennes

Si les Acadiens de la Nouvelle-Écosse troquent parfois la tourtière ou le pâté à la viande pour le homard le soir de Noël, il y a aussi la poutine râpée qu’on peut retrouver sur les tables du sud-est du Nouveau-Brunswick. Cuisinée particulièrement à Noël, celle-ci consiste en une boule de patates râpées, de la grosseur d’une balle de tennis ; on y creuse une cavité au centre, bientôt remplie de porc ou de lard salé. Au dessert, avec un peu de chance, il se peut que les hôtes de la maison proposent aux enfants une sorte de gros biscuit appelé noulet, qui tire son nom du Berry ; ce petit gâteau, signifiant petit Noël en patois berrichon, provient de la région de Bourges en France. Plus probable sur les tablées de Noël et du Nouvel An, la croquignole, pâte à beigne torsadée et cuite dans l’huile.

Les symboles métis

Un petit saut dans le canot de la chasse-galerie pour se rendre à Winnipeg! Tiens, au loin, on entend la podorythmie et la musique des danseurs de l’Ensemble folklorique de la Rivière-Rouge, du Centre culturel franco-manitobain, qui a plus de 60 ans d’existence… Comme le note la Société historique du Manitoba, peu de recherches significatives portent sur des coutumes typiquement franco-manitobaines à l’époque de Noël. Rabattons-nous donc sur la ceinture fléchée. Sans être spécifiquement associée au temps des Fêtes, elle est révélatrice des liens entre les Métis et les Canadiens français à l’époque des voyageurs. De jeunes entreprises comme Étchiboy, mise sur pied par le Franco-Manitobain Miguel Vielfaure, l’ont même remise au goût du jour : « Li Méchifs achètent leurs ceintures fléchées icitte! » peut-on lire sur le site de la compagnie.

Mémoire vive en Ontario

Saviez-vous que dans le nord de l’Ontario, comme à Sturgeon Falls, lors de la fête des Rois, il y a aussi la bénédiction des bonbons? C’est Patrick Breton, le directeur du Centre franco-ontarien de folklore (CFOF) à Sudbury, qui lance la chose, en cours d’entrevue. Ça guérirait les maux de gorge!

Le Centre s’efforce de renouveler la fête. Depuis trois ans, en association avec le groupe Violon à l’œuvre et des clubs de l’âge d’or, le Centre invite un calleur professionnel, Jean-François Berthiaume, qui vient « faire swinger la compagnie! » Il en profite aussi pour faire une tournée dans les écoles et donner des ateliers pour montrer aux jeunes Franco-Ontariens tout le plaisir qu’il y a à danser des sets carrés. Rassembler les gens, remettre les traditions à l’honneur, « c’est un peu pour ça qu’on le fait », raconte Patrick Breton.

Excusez-la!

Mais il y a plus. Le temps des Fêtes étant l’occasion d’organiser des soirées où la musique et les chansons sont encore au rendez-vous, le Centre a conclu un récent partenariat avec le Musée de la mémoire vivante, situé à St-Jean -Port-Joli, au Québec pour mettre sur pied l’exposition Excusez-la! (Re) Découvrir la chanson traditionnelle. « Ce sont les témoignages et les chansons de plus de quarante personnes du Québec ou de l’Ontario qui forment cette exposition », explique la directrice et conservatrice du Musée, Marie-Ève Lord. « Le but de cette exposition est de donner la parole à tous et de dresser un portrait actuel de la pratique de la chanson traditionnelle. L’accent n’est donc pas uniquement sur les collections recueillies il y a plusieurs dizaines d’années, mais aussi sur des témoignages recueillis au 21e siècle. Côté enregistrements, nous couvrons donc des années 1950 à 2018. »

Marie-Ève Lord tient à préciser qu’un poste de consultation pour l’exposition sera installé au courant de l’hiver 2019 dans les locaux du CFOF. « Ce poste donnera accès à l’ensemble des contenus numériques de l’exposition (témoignages, chansons, photographies et textes), les mêmes contenus auxquels les visiteurs du Musée ont accès. » C’est l’un des premiers partenariats du Musée conclu avec un organisme franco-canadien. Mais gageons qu’il y en aura d’autres!