Du 1er au 31 mars, la francophonie est à l’honneur aux quatre coins du pays, et les provinces de l’Ouest ne sont pas en reste. La 21e édition des Rendez-vous de la Francophonie laisse présager un engouement dans les Prairies et sur la côte Pacifique. Tour d’horizon des festivités.
Lucas Pilleri (Francopresse)
D’abord, cap à l’ouest, en Colombie-Britannique, où modernité et tradition s’allient le temps des Rendez-vous de la Francophonie (RVF). À l’Université Simon Fraser à Vancouver, le Printemps de la francophonie du Bureau des affaires francophones et francophiles (BAFF) combine activités culturelles et académiques pour un cocktail détonnant. « On a commencé avec une semaine, puis un mois, et maintenant on déborde avec tout un printemps », se réjouit Gino LeBlanc, directeur général.
La French Fête du 7 mars promet d’accueillir pour la troisième fois cette année environ 250 jeunes pour une expérience festive en français sur le campus. Animation musicale et chorale d’enfants sont au programme, avec des chansons de tous horizons : Québec, France, Belgique, Afrique et même Arménie. « Ce genre d’évènements est tout aussi important que la formation formelle en classe », avance le gestionnaire.
Après le plaisir, du sérieux. Trois tables rondes, une conférence en éducation et une foire à l’emploi bilingue ponctuent ces célébrations qui « démontrent aux jeunes que vivre en français est normal et qu’ils peuvent se réaliser dans les deux langues », souligne Gino LeBlanc.
À Maillardville, berceau de la communauté francophone dans la province, une tout autre approche est employée : on fait la part belle au folklore lors du Festival du Bois du 22 au 24 mars. Pour ce 30e anniversaire, la Société francophone mise à nouveau sur la culture canadienne-française avec contredanse, lancer de haches, soupe aux pois, tourtière, fèves au lard, salade de chou, poutine et tarte au sucre… « On fait valoir notre culture à la culture majoritaire », commente Johanne Dumas, directrice générale.
Près de 10 000 personnes, dont une moitié de francophiles, se déplace chaque année au festival, l’occasion de mettre en avant le drapeau franco-colombien et de « montrer que la francophonie est bien vivante », relève la passionnée.
L’Alberta, championne du lever de drapeau
À nouveau cette année, l’Alberta est la province de l’Ouest à hisser le plus de fois son drapeau francophone. Coordonnées par les différentes associations canadiennes-françaises, les fanions flotteront à Saint-Paul, Lethbridge, Plamondon, Rivière-la-Paix, Wood Buffalo, Calgary, Edmonton, Canmore, Morinville, Grande Prairie, Cold Lake, ou encore Jasper! « Je trouve ça fantastique, réagit Marie-Laure Polydore, vice-présidente de l’ACFA. Ça donne beaucoup de visibilité à la communauté à travers la province. »
Raison de plus de se réjouir : Ricardo Miranda, ministre de la Culture et du Tourisme et responsable du Secrétariat francophone, avait annoncé l’an dernier à la même période que le mois de mars serait celui de la francophonie pour la province : « On perçoit une ouverture. C’est important d’avoir cette reconnaissance gouvernementale », rapporte l’administratrice.
Côté animations, le Festival des Sucres de Calgary des 2 et 3 mars est un incontournable. L’évènement participe lui aussi à « démontrer qu’il y a des francophones partout en Alberta », traduit Marie-Laure Polydore, où les cultures francophone, métisse et autochtone se mélangent.
En Saskatchewan, on sort de l’entre-soi
En mars, pas question de rester près du feu en Saskatchewan. La Fédération des francophones de Saskatoon organise son fameux Carnaval d’hiver le 2 mars à l’École canadienne-française et attend quelque 500 participants. Maquillage pour enfants, château gonflable, hockey, pistes de luge, bataille de boules de neige, balades à cheval, en traineau et en raquettes, curling, peinture sur glace, patinage, tire sur la neige… Tous les plaisirs de l’hiver sont à l’honneur.
Surtout, l’évènement est entièrement bilingue, poussant ainsi à une « intrication communautaire entre francophones et francophiles », relève Éric Lefol, directeur de la Fédération. Élément important de visibilité dans la ville, le festival dépoussière les clichés auprès de la majorité : « On essaie de sortir de l’image figée de la culture francophone, des gigues, des danses traditionnelles… On veut montrer que c’est quelque chose de vivant, où on s’amuse, et non pas un musée. On ne reste pas emprisonnés dans le folklore des années 1700-1800 », insiste-t-il.
Puis, le 4 mars, le drapeau fransaskois sera hissé à l’école en présence de 400 élèves. « C’est important pour développer l’identité chez les jeunes », observe le responsable.
Du côté de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), on portera haut les couleurs francophones au palais législatif à Regina le 6 mars. « Quelle meilleure façon de rehausser le statut des RVF que de sensibiliser nos élus politiques avec une déclaration en chambre, se réjouit Marc Masson, directeur des communications. On met du français dans la législature! »
Comme partout ailleurs au pays, l’initiative permet de sensibiliser : « Je pense que le grand public est de plus en plus conscient qu’il y a une communauté fransaskoise. On sent que la francophonie est la bienvenue. Il y a une acceptation lente, mais progressive », perçoit Marc Masson. Et pour rayonner encore plus loin, les francophones pourront compter sur les tintamarres de Moose Jaw, Gravelbourg et Prince Albert. « Ça fait du bruit et c’est remarqué par les médias », applaudit-il.
La jeunesse n’est pas en reste avec la très courue Francofièvre, le 13 mars à Regina. Ce rendez-vous annuel rassemble environ 1300 élèves d’écoles de langue française et d’immersion de la province pour une journée riche en musique, animations et découvertes. « C’est un gros party en français, résume Mélissa Gagnon, chargée de projets à l’Association jeunesse fransaskoise (AJF). Il y a de l’ambiance, de la musique et les jeunes sont contents. »
Le Manitoba tout en humour!
Enfin, le Manitoba se place sous le signe du rire. En témoigne le passage de la tournée d’humour : « C’est une occasion de se retrouver et de rire en français, rapporte Valentin Cueff, responsable des communications au Centre culturel franco-manitobain (CCFM). L’humour a cette force de rassembler les gens et de partager la culture, ça crée de la complicité. »
Le public franco-manitobain est doublement servi avec le minigala d’humour de l’Association culturelle franco-manitobaine (ACFM) du 16 mars. La soirée vient consacrer les efforts des jeunes du Camp Foud’Rire, adressé aux 12-18 ans qui reçoivent une formation en prestation scénique.
Cerise sur le gâteau, l’évènement Le Rire Zone, créé en 2017 par les humoristes franco-manitobains Martin Bruyère et Micheline Marchildon, est de retour en avril pour donner la chance aux blagueurs amateurs de faire leurs preuves sur scène.
Pour retrouver l’intégralité des activités des Rendez-vous de la Francophonie 2019, voir le calendrier.