La Province a, pour la deuxième année, réduit sa subvention pour l’éducation postsecondaire. L’Université de Saint-Boniface a été contrainte de reporter des projets et d’augmenter les frais d’inscription pour la prochaine rentrée. Le budget définitif sera adopté en mai.

Par Mathilde ERRARD

Coup de rabot dans le budget de l’Université Saint-Boniface. La subvention reçue de la Province a été réduite pour l’année scolaire 2019-2020 de 0,9 %. Ça représente quelque 171 000 $ de moins dans les caisses de l’Université pour la prochaine rentrée par rapport à l’an dernier. Sans le financement de la Province, l’Université ne pourrait plus fonctionner normalement : celui-ci a représenté 58,9 % du budget en 2018-2019, sur un total de plus de 29,7 millions $.

C’est la deuxième année consécutive que le gouvernement provincial baisse de 0,9 % le montant de sa subvention pour les établissements postsecondaires.

René Bouchard, le vice-recteur en charge de l’administration et des finances, ne souhaite faire aucun commentaire sur la manière dont l’Université va précisément combler le manque à gagner. Il rappelle juste que « le budget définitif sera adopté à la fin du mois de mai ».

Gabor Csepregi, le recteur de l’USB précise simplement que l’Université va « reporter des projets, comme la transformation de la bibliothèque, la rénovation des résidences étudiantes ou encore l’amélioration du système informatique. Nous allons aussi augmenter les frais d’inscription pour la rentrée 2019, à la fois pour les étudiants canadiens et internationaux. » Pas de précision pour le moment sur le montant exact de cette hausse.

L’Université avait déjà augmenté les frais d’inscription de 6,6 % pour l’année universi taire 2018-2019. Le montant varie selon les programmes, mais un étudiant canadien débourse en moyenne 4 000 $ par an pour le premier cycle. Le double pour les internationaux.

Le budget de l’Université est serré. 80 % est consacré aux salaires des employés, explique Gabor Csepregi. « Normalement, il faut être situé entre 75 % et 80 %, sinon la situation devient inquiétante. Nous mettons tout en oeuvre pour ne pas dépasser les 80 %. »

Une question subsiste. Si on compare les budgets de l’USB en 2012 et en 2018, on constate que la subvention de la Province a augemnté en valeur absolue de 14%. Pourtant, cette hausse ne signifie pas que sa situation financière s’est améliorée chaque année. Gabor Csepregi explique : «Électricité, salaires, les dépenses augmentent chaque année en suivant l’évolution du coût de la vie. Quand le gouver nement fédéral gèle sa subvention, c’est déjà une mauvaise nouvelle. Nos dépenses ne sont plus entièrement couvertes et nous devons trouver un moyen de combler l’inflation pour proposer un budget équilibré.»

Il y a un an, et pour la première fois, le gouvernement provincial a également demandé à tous les établissements postsecondaires manitobains de réduire les postes de gestion administrative de 15 %. Le Bureau des gouverneurs de l’USB a décidé le 8 avril d’abolir deux postes : l’analyste au service des techno logies d’information (non-pourvu) et la direction du Bureau du développement et des communications, occupée par Louis St-Cyr. Ce dernier était notamment chargé de trouver de nouveaux financements.

Pourquoi ce choix de couper un poste destiné à chercher de nouvelles sources de financement? Gabor Csepregi affirme que « la décision a été prise à huis clos et reste confidentielle ». Pourtant, « les ressources étaient utilisées de manière optimale. Il n’y avait aucun poste superflu. Aujourd’hui, la situation est un peu plus difficile avec ces deux postes en moins. Nous devons trouver un moyen de garder et d’assurer les tâches de la direction du Bureau du dévelop – pement et des communications d’une autre manière »


Coalition du postsecondaire

Neuf collèges et universités manitobains (1) se sont mobilisés en réaction aux compressions budgétaires provinciales et ont envoyé un document de travail intitulé Horizon Manitoba au ministère de l’Éducation fin mars 2019. Gabor Csepregi, le recteur de l’USB, explique cette démarche.

« Nous démontrons au gouvernement qu’investir dans l’éducation est primordial. Le ministère n’a pas assez conscience que les bénéfices seront palpables à long terme dans l’économie, la culture ou encore l’industrie. Une révolution est en marche avec la robotisation des industries, la digitalisation de nombreux domaines et il y a besoin de personnes avec ces nouvelles compétences. Les jeunes peuvent aussi apporter une pensée critique, prendre de la distance, apporte un nouveau regard sur la réalité. »

Horizon Manitoba présente un calcul : au cours des six prochaines années, le Manitoba aura besoin de 25000 nouveaux employés par an, tous secteurs confondus. Et 60% d’entre eux seront des diplômés des institutions qui ont soumis ce document de travail.

(1) Université de Winnipeg, Université du Manitoba, Université de Brandon, Canadian Mennonite University, Red River College, Assiniboine Community College, Université de Saint-Boniface, Manitoba Institute of Trade and Technology et le Business Council of Manitoba..