Styliste franco-manitobaine et métisse en activité depuis 2005, Andréanne Dandeneau et sa boutique VOILÀ ont su se faire un nom. Entre autres, c’est elle qui a créé le châle porté par chanteuse et actrice canadienne Ginette Reno lors de l’ouverture officielle du Musée canadien pour droits de la personne, en 2014. C’est elle aussi qui a confectionné une robe haute couture pour le Ballet royal de Winnipeg. Portrait d’une créatrice qui confectionne des vêtements dans le respect de son héritage métis et de l’environnement.

Par André MAGNY (Francopresse)

Née d’une famille métisse franco-manitobaine, Andréanne Dandeneau se spécialise dans la confection à partir du bambou. Elle a d’abord étudié en sciences textiles à l’Université du Manitoba, mais comme elle voulait étudier en français, elle a déménagé à Montréal pour s’inscrire au Collège La Salle dans un programme de design de mode. Au début des années 2000, elle revient à Saint-Boniface. Quelques années et expériences en entreprenariat plus tard, en 2005, elle lance sa boutique de vêtements VOILÀ dans le sous-sol de ses parents.

Voir la mode autrement

Andréanne Dandeneau n’est pas une entrepreneure qui tourne uniquement les yeux vers la caisse enregistreuse. Elle a une vision, une philosophie associée à sa création. En fait, elle est de ce mouvement qu’on appelle le slow fashion.

Dans une chronique signée en février 2015 dans Le Devoir, le réputé couturier québécois Jean-Claude Poitras expliquait la raison d’être de ce mouvement : « L’utilisation monstrueuse de produits chimiques toxiques mêlés à l’eau pour la teinture des textiles qui polluent nos ruisseaux, nos rivières et nos lacs, reste une triste réalité qui n’a plus sa raison d’être. Il existe depuis quelques années des équipements à la fine pointe de la technologie qui ne nécessitent plus d’eau pour teindre les fibres. »

Andréanne Dandeneau se retrouve dans ce mouvement, qui s’apparente à celui du slow food, né en Californie. « Le slow fashion est en opposition au fast fashion, qui signifie que les produits de mode faits outre-mer, de qualité inférieure, de matériel synthétique et au plus bas prix, ne se soucient pas de l’environnement. »

L’auteur et activiste canadien Craig Kielberger a d’ailleurs mis sur pied l’organisme Free the Children « pour attirer l’attention des Nord-Américains aux travaux d’esclavage d’enfants dans les manufactures au Bangladesh et en Chine », tient à souligner Mme Dandeneau.

Un mouvement qui convient parfaitement aux valeurs de la designer. « Mes ancêtres métis vivaient de la nature; ils ont donc développé un respect pour leur environnement. Je crois qu’il faut être fidèle à ses valeurs. Je veux offrir mon patrimoine métis et franco-manitobain. »

« C’est une question à la fois économique et culturelle. Depuis mon enfance, j’ai été plongée dans un monde de textiles naturels, de motifs inspirés par les Prairies, et d’arômes métis. Les imprimés floraux, les tissus soyeux et les lignes onduleuses de mes vêtements évoquent pour moi les Prairies et la culture métisse. D’ailleurs, les motifs de mes vêtements ont été dessinés par mon père, David. »

Son plus grand défi en tant que conceptrice : « Savoir jongler entre ma créativité et les exigences commerciales, deux éléments qui peuvent parfois être contradictoires! »

Confortables, élégants et faciles à porter

Ce sont les adjectifs qu’Andréanne Dandeneau utilise pour décrire ses vêtements, qui sont à la fois féminins et confortables. Pour en arriver à ce résultat, elle a développé avec un tisseur de Toronto un molleton de bambou « super confortable, selon la designer, qu’il tisse uniquement pour nous. » Le tissu est teint en Ontario à l’aide de colorants organiques, mieux absorbés par les fibres naturelles comme la cellulose. « Ainsi, on contribue à réduire les infiltrations polluantes », se réjouit la Franco-Manitobaine.

En outre, ces teintures naturelles assurent « une bonne uniformité dans une myriade de couleurs ».

La propriétaire de VOILÀ, aidée de ses employés, ses parents et sa sœur jumelle, propose donc aux femmes des vêtements qui fusionnent « le romantisme, le confort et les couleurs dans des imprimés floraux, des tissus soyeux et des lignes onduleuses ».

Et où trouver cette ligne de vêtements? Andréanne Dandeneau participe régulièrement à des foires de vente, de l’Ontario à la Colombie-Britannique, mais c’est surtout à sa boutique à Winnipeg (1) et par internet (2) qu’elle fait affaire. Son site internet est d’ailleurs entièrement bilingue. « La vente directe à notre clientèle se cadre mieux dans la philosophie du slow fashion », explique-t-elle.

 

(1) 421 avenue Mulvey Est, salle 303 (3e étage). Tél. : 204 231-1433.

Ouvert du mardi au vendredi de 11 h à 17 h, et le samedi sur rendez-vous seulement. Fermé les dimanche et lundi.

(2) voiladesigns.ca