Louise Mushikiwabo a été élue 4e secrétaire générale de la Francophonie le 12 octobre 2018 lors du sommet de la Francophonie à Erevan, capitale de l’Arménie, favorisée à la Canadienne Michaëlle Jean, qui terminait un premier mandat. Ayant officiellement pris ses fonctions le 3 janvier 2019 lors d’une cérémonie au siège parisien de l’organisation, Mme Mushikiwabo a été investie dans ses nouvelles fonctions pour une période de 4 ans.
Par Nelly GUIDICI (Francopresse)
Auparavant ministre des Affaires étrangères et de la Coopération étrangère au sein du gouvernement de son pays natal, le Rwanda, la nouvelle secrétaire n’est pas novice pour autant dans le monde de la francophonie : « J’ai grandi francophone, j’ai vécu un peu partout dans le monde et je me réclame francophone », indique-t-elle lors d’une entrevue.
Lors de la Journée internationale de la Francophonie, le 20 mars, la secrétaire générale a présenté des chiffres prometteurs sur la présence et l’usage de la langue française dans le monde : « Désormais parlé par 300 millions de personnes sur les cinq continents, un nombre en progression de 10 % depuis 2014; le français est la deuxième langue apprise dans le monde et on estime le nombre de francophones en 2070, selon différents scénarios, à entre 477 et 747 millions ».
Quadrilingue, Mme Mushikiwabo s’est approprié le français, langue d’émancipation et de liberté, tout en se considérant comme citoyenne du monde. Elle estime qu’aujourd’hui, dans le contexte des pays africains où des langues nationales comme l’arabe, le mandingue (Afrique de l’Ouest) ou encore le fulfude (langue peule) sont parlées, la langue française est « désormais vécue sans tabou et intégrée à la riche diversité culturelle qui nous caractérise. »
Les plans d’action pour la jeunesse
Mme Mushikiwabo a fait part, lors de son discours pour la Journée internationale de la Francophonie, de son désir de voir une langue française utilisée par les jeunes : « En ce 20 mars 2019, nous fêtons donc également le renforcement de notre relation privilégiée avec l’un de nos États fondateurs, notre pays-hôte, le premier contributeur à la coopération francophone. La visite du président de la République française n’a pas été que protocolaire et symbolique. Elle nous a permis de faire le point sur la richesse et la variété de notre coopération, et de lancer plusieurs pistes d’approfondissement dans différents domaines que je considère comme des priorités de mon mandat, en particulier, la jeunesse, l’éducation et la formation, et le numérique. »
Consciente que la langue française est parfois assimilée à une langue élitiste, elle affirme cependant qu’il est nécessaire d’outiller les jeunes et de les encourager davantage dans l’utilisation de la langue de Molière : « nous sommes un espace francophone très jeune, rappelle-t-elle, et il ne faut pas leur donner l’impression de parler parfaitement français pour pouvoir l’exprimer. »
Un début de mandat résolument tourné vers l’Afrique
Première secrétaire générale de l’organisation à participer aux cérémonies de commémoration du génocide au Rwanda le 7 avril dernier, elle s’est jointe à la trentaine de chefs d’État et de personnalités internationales présentes dont de nombreux dirigeants de pays francophones comme Charles Michel, premier ministre belge, le président Issoufou du Niger, le président Sassou Nguesso du Congo.
Par ailleurs, dans la suite de l’adoption, au sommet d’Erevan, de la stratégie en faveur de l’égalité femmes-hommes, Mme Mushikiwabo a annoncé la tenue prochaine, au Tchad, d’une conférence internationale sur l’éducation des filles et la formation des femmes dans l’espace francophone. L’O. I. F. compte aujourd’hui 88 États et gouvernements répartis dans le monde, dont 54 membres, 7 membres associés et 27 observateurs. Est-ce que l’avenir du français se trouve sur le continent africain? C’est ce que Mme Mushikiwabo laisse entendre par les actions concrètes qu’elle a initié en ce début de mandat.