Depuis le 16 avril, Laura Lussier et Shaunpal Jandu traversent le Canada d’Ouest en Est pour discuter de dualité linguistique avec les Canadiens de toutes langues premières. Ils étaient à Winnipeg les 2 et 7 mai derniers.

 

Par Camille HARPER

Laura Lussier et Shaunpal Jandu, c’est le duo Bonjour my friend!, un projet chapeauté par la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures à l’occasion des 50 ans de la Loi sur les langues officielles en 2019.

Elle est Franco-Manitobaine mais maîtrise très bien l’anglais. Il est anglophone mais s’exprime tout aussi bien en français. De Victoria à Saint-Jean de Terre-Neuve, ils lancent des discussions dans les communautés sur la dualité linguistique au Canada, sa pertinence, ses forces, ses manques.

Laura Lussier affirme : « C’est important de commencer une conversation à l’échelle du Canada. Beaucoup de gens ne savent pas par exemple la différence entre dualité linguistique et bilinguisme. La dualité linguistique, c’est la reconnaissance de deux langues. C’est un principe que tous les Canadiens peuvent respecter. Le bilinguisme, c’est parler deux langues, C’est un choix personnel. »

La trentenaire en sait quelque chose. « Ça aurait été très facile pour moi d’être assimilée dans ma vingtaine. Mes amis étaient tous anglophones et l’anglais était la langue parlée chez nous, pour inclure mon père qui est anglophone. Mais j’ai fait le choix de prendre des postes bilingues pour continuer de pratiquer mon français. »

Dans leur périple, le duo a trouvé « surtout des gens positifs envers la dualité linguistique, précise Shaunpal Jandu, mais certains d’entre eux questionnent quand même : Pourquoi pas d’autres langues que le français? Pourquoi pas une pluralité linguistique? »

Il a également constaté la publicité mensongère du Canada auprès des nouveaux arrivants. « Ils sont surpris, même déçus, que les Canadiens n’aient pas tous accès à un enseignement dans les deux langues. Ils s’attendaient à ce que tout le monde au Canada parle anglais et français. »

« On aime entendre les commentaires négatifs, affirme Laura Lussier. C’est important pour le dialogue. On veut se dire les vraies choses, avoir des discussions pointues sur les accents, la pertinence des langues, ou encore la discrimination linguistique. »

Et que voudraient voir les Canadiens de différent? « Plus d’espace pour la francophonie, une communauté vraiment bilingue plutôt qu’anglophone ou francophone, et une Loi sur les langues officielles avec plus de mordant, dans laquelle les organismes qui ne la suivent pas auraient des sanctions, rapporte Shaunpal Jandu. Et que dans cette Loi, une place soit faite pour les 70 langues autochtones du Canada. »

Bonjour my friend! fera son dernier arrêt à Saint-Jean-de-Terre-Neuve, le 21 juin prochain.