Originaire de la région souvent dite « la plus francophone d’Amérique du Nord », Guy Pilote n’a réalisé que récemment l’importance de la francophonie hors Québec. Il a voulu en savoir plus, en allant rencontrer lui-même les communautés francophones dans leurs milieux.
Par Camille HARPER
Quand les propos de Denise Bombardier à l’automne 2018, puis les coupures du gouvernement Ford en Ontario, ont soulevé par deux fois les francophones hors Québec, Guy Pilote, comme beaucoup de Québécois, a pris conscience de la masse de francophones en dehors de sa province.
L’homme de 64 ans confie : « J’ai toujours vécu à Shawinigan, en Mauricie, la région souvent considérée comme la plus francophone en Amérique du Nord. Avant l’automne dernier, je ne savais que très peu des francophones hors Québec.
« Mais voir le tollé que les propos de Mme Bombardier et les actions de Mr Ford ont créé, voir tous ces francophones manifester et surtout la réaction des nombreuses associations qui les représentent, ont amené un véritable éveil en moi. Ça m’a fait beaucoup réfléchir. »
Curieux, Guy Pilote n’a pas voulu en rester là. « J’ai voulu partir à la découverte des francophones à travers le Canada, sentir le pouls de cette francophonie par moi-même, directement dans les communautés en rencontrant les gens, plutôt que de m’en tenir aux discours officiels.
« J’ai trouvé une carte interactive de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) avec toutes les communautés francophones au Canada, et j’ai commencé à préparer mon voyage. »
C’est en fourgonnette aménagée qu’il est parti de chez lui le 10 juin dernier pour un long périple de près de trois mois en terres francophones de l’Ouest et du Centre, et peut-être aussi du Nord.
« Je me laisse le choix d’aller où je veux, quand je veux. Pour le moment, j’ai visité quatre régions de l’Ontario le long du lac Supérieur – je ferai le nord à mon retour – et j’étais au Manitoba fin juin-début juillet. Ensuite, je prévois aller en Saskatchewan, en Alberta, et puis peut-être au Yukon. Je pense rentrer chez moi fin août-début septembre, mais on verra bien! »
Pour se donner la liberté de son itinéraire, il a passé beaucoup de temps avant de partir à réaménager sa fourgonnette pour pouvoir y vivre, avec notamment une cuisinette, un frigo et un lit. « Pour cela, j’ai communiqué sur des blogs avec des gens qui font souvent des road trips. »
Il s’est aussi assuré de « faire quelques lectures sur la francophonie hors Québec afin de me créer ma propre grille d’analyse. Enfin, j’ai créé une page Facebook et un blog : roulerfranco.blogspot.com, et établi un premier contact avec différents groupes francophones sur les médias sociaux ».
À l’approche de son premier mois de périple, Guy Pilote a déjà découvert une multitude de francophonies. « Parfois, le français est partout dans la rue. Ailleurs, il est plus caché, seulement dans les évènements culturels, mais si on parle en français, on se rend compte que beaucoup d’autres le parlent aussi. De plus, j’ai découvert que les gens de 20 ans, 40 ans ou 60 ans ne vivaient pas leur identité francophone de la même manière. »
Mais partout, une chose est restée constante : « Les francophones m’ont surpris par leur côté accueillant. Je suis invité de partout! La réponse à ma venue est très positive. J’ai aussi beaucoup de demandes de médias pour des entrevues. »
Quant au Québec, là aussi le retraité voyageur constate un engouement : « D’autres Québécois m’ont dit sur mon blog qu’ils voulaient eux aussi voyager dans la francophonie canadienne, comme moi. Je vois un momentum de rapprochement entre francophones qui dépasse mon expérience personnelle. D’ailleurs, la ville de Québec accueillera en juin 2020 le Sommet sur le rapprochement des francophones canadiennes. »
Guy Pilote l’avoue, ce voyage est « hors de ma zone de confort. Je n’avais jamais voyagé comme ça avant, seul avec ma fourgonnette. Mais j’aime ça car ça me pousse à m’ouvrir aux autres ». Il prévoit d’ailleurs déjà repartir à l’été 2020, mais cette fois-ci en direction de l’est.