Chaque été, la vieille capitale reçoit des centaines d’étudiants venus parfaire leur connaissance de la langue de Molière et en savoir plus sur le pays de Félix Leclerc. Mais si leur accent était le signal pour les marchands de passer systématiquement à la langue de John A. Macdonald?

 

André MAGNY (Francopresse)

 

Berceau du Vieux-Québec, la rue Saint-Jean regorge de restaurants, de boutiques souvenirs ou de magasins de vêtements. Toute une faune venue des Amériques et d’ailleurs s’y retrouve pour être au cœur de la francophonie. Pour retrouver cet « accent d’Amérique » comme le proclament les fanions de la ville. C’est le cas d’étudiants et d’étudiantes en provenance de nombreux coins du Canada de passage pour plusieurs semaines à Québec dans le cadre de camps linguistiques.

Abby Newman est l’une de celles-là. La jeune femme originaire de Terre-Neuve-Labrador se débrouille fort bien en français. Elle est même capable de servir les clients français de St-Pierre-et-Miquelon, quand ils vont faire une virée dans son coin de pays. Elle raconte qu’elle est venue magasiner près de 25 fois en juillet dans le Vieux-Québec après ses cours, proposés par le Collège Saint-Charles Garnier sur le campus de l’Université Laval. « Huit fois sur dix », elle a reçu un service en anglais même si elle insistait pour parler en français. Même, on s’est adressé à elle en anglais, avant même qu’elle ait ouvert la bouche. « C’était un peu choquant. J’étais en France en avril et ce n’est jamais arrivé une situation comme ça. C’était en français. »

Plusieurs exemples

Alyssa Cuenza, elle, vient du Yukon. « Je me considère francophone parce que je peux parler en français », dit-elle tout de go. Dans des magasins, qui ne sont pas directement sur l’artère principale, comme Starbuck, elle confirme avoir reçu un service en français. Par contre, pour elle aussi, sur la rue Saint-Jean, ce fut surtout en anglais.

Jacques-André Pérusse, directeur général de la Société de développement commercial du Vieux-Québec (SDC du Vieux-Québec), est évidemment surpris par de tels propos, lui qui se dit « un fervent défenseur du français ». Si la SDC est là pour stimuler le développement commercial du quartier, elle est là aussi pour « promouvoir des attraits, commerces, services et évènements qui mettent en valeur la différence du quartier commercial du Vieux-Québec et qui reflètent également son volet patrimonial et historique » dont le «r ayonnement du français », précise son directeur général.

Vivant en Ontario, Aruka Selliah n’est pas vraiment « surprise » d’avoir reçu, elle aussi, un service en anglais. « Mais c’est bizarre. Je pense que c’est les endroits touristiques où le service est le plus en anglais. » Répondant sous le couvert de l’anonymat, certains vendeurs ont dit répondre en anglais pour faire plaisir aux clients et qu’ils n’avaient pas aussi le temps de faire causette en français les jours d’affluence.

À l’Office de tourisme de Québec (OTQ), on tient à être rassurant à l’égard des francophiles et francophones du Canada. Selon Jenna Dubé, conseillère en communication, « l’Office du tourisme de Québec sollicite la collaboration de ses membres pour accueillir les visiteurs en langue française. » Sera-t-elle satisfaite de savoir que c’est déjà un plus par rapport à Montréal? Mme Newman confiait à Francopresse que dans la cité du Sieur de Maisonneuve et de Jeanne Mance, sur la rue Sainte-Catherine, on en était maintenant d’entrée de jeu au « Hi! May I help you? »