Les débats autour de la protection de l’environnement poussent de plus en plus à repenser son mode de consommation. Au Canada, des initiatives pour contrer le Black Friday sont mises en place pour encourager la réflexion autour de la surconsommation.

Par Ophélie DOIREAU

Le traditionnel Black Friday a eu lieu cette année le 29 novembre. Cette journée prolonge la journée de l’Action de grâce aux États-Unis, traditionnellement tenue le quatrième jeudi de novembre.

Jean-François Boisvert, un coordonnateur et bénévole du réseau québécois pour la simplicité volontaire, explique : « Le Vendredi noir existe depuis une trentaine d’années chez nos voisins du Sud. Cette journée lance la période de magasinage de Noël. C’est le jour où les magasins enregistrent le plus de profit. Énormément de monde y participe. Il y a des émeutes chaque année. Il y a même déjà eu des morts. »

Le principe de cette journée commerciale consiste à proposer aux potentiels clients des réductions très attirantes.

« Le concept est arrivé au Québec il y a une dizaine d’années sous le nom de Vendredi fou. Je ne sais pas si les gens se rendent compte à quel point le nom de la journée est, finalement, bien choisi. C’est complètement fou de consommer comme ça juste sur une journée. »

Toutefois, avec la montée de la prise de conscience des dangers climatiques, des initiatives se sont mises en place pour tenter de contrer l’esprit du Black Friday.

Un exemple : la Journée sans achat, qui se tient le même jour que le Vendredi fou. Jean- François Boisvert précise : « La Journée sans achat est née au Canada. C’est l’artiste canadien Ted Dave qui a lancé cette initiative en 1992, reprise par le média Adbusters. Cette journée sans achat, au-delà d’encourager les personnes à ne rien acheter, incite à la réflexion sur nos modes de consommation.

« Depuis plusieurs années, Adbusters lance des initiatives pour sensibiliser à la surconsommation. Mais cette année, je trouve que l’impact est plus fort. D’autres groupes se forment au Québec pour monter leurs propres actions. Par exemple, Extinction Rebellion à Montréal organise également un appel à la Journée sans achat.

« Pour moi, il est certain que toutes les discussions autour de la protection de l’environnement ont contribué à ce que la Journée sans achat ait pu prendre de l’ampleur. Au Québec, on voit le mouvement se développer dans les universités, dans les écoles secondaires.

C’est important que les jeunes soient impliqués, parce que ce sont eux qui vont vivre avec les conséquences engendrées par la surconsommation des dernières décennies. »

Cependant, le Black Friday trouve le moyen de se renouveler. Avec l’essor du commerce en ligne, une nouvelle journée commerciale est apparue : le Cyber Monday. Jean-François Boisvert avance la mise en perspective suivante : « Le commerce se renouvelle rapidement. Le Cyber Monday, c’est le lundi qui suit le Black Friday. Beaucoup de commerces en ligne proposent alors à leur tour des réductions alléchantes pour le client.

« Avec le commerce en ligne, le client peut simplement passer commande en restant de chez lui. Le Black Friday exige de se déplacer en magasin pour consommer. On pouvait peut-être se dire : Bon, est-ce que ça vaut vraiment le coup? Maintenant comme tu peux magasiner de chez toi, la conscience de la surconsommation est moins présente. »

Par ailleurs, des initiatives pro-consommation responsable existent aussi en Europe, comme le Fair Friday.

Une journée qui ne vise pas à bousculer radicalement le mode de vie, mais qui encourage d’autres voies de consommation.